Adolf Hitler a-t-il prémédité la Solution finale, puis ordonné sa mise en oeuvre sous couvert de guerre ? Ou les responsables nazis, comme Adolf Eichmann, ont-ils improvisés le génocide au cours du conflit ? Les civils allemands ont-ils massivement participé à la Shoah ? Ceux qui commirent les exécutions étaient-ils motivés par la haine et par la peur des Juifs ? Les Américains et les Britanniques étaient-ils au courant de ces crimes monstrueux ? Les démocraties occidentales étaient-elles en mesure d'agir ?
La « solution finale » a-t-elle été élaborée de longue date comme un crime idéologique, ou réalisée, tel un processus cumulatif, au fil des événements ? hitler en fut-il le planificateur ou seulement l'instigateur ? c'est à ces questions que richard breitman apporte des éléments de réponse dans himmler et la solution finale. l'architecte du génocide.
Si, dès le début, l'extermination des juifs constituait un élément fondamental de la vision nazie, il nous montre que le plan détaillé n'en fut élaboré que plus tard. selon lui, l'évolution de la shoah fut en partie liée à la conquête des territoires par les allemands (et à la soumission des peuples), et non pas à une radicalisation (avérée dès septembre 1939) de l'objectif.
Grâce à une enquête minutieuse, l'auteur nous livre bien plus qu'une biographie de heinrich himmler. chef de toutes les polices de l'allemagne nazie en 1938, devenu ministre de l'intérieur en 1943, himmler était un bureaucrate beaucoup plus redoutable qu'on ne le pensait. combattant acharné, triomphant aisément de göring et de frank (à la tête du « gouvernement général », en pologne), il sut habilement exploiter les rapports étroits qu'il entretenait avec hitler et recourir à ses talents de duperie pour atteindre ses objectifs. il apportait en particulier un soin extrême à dissimuler la destruction en cours des juifs d'europe, comme en témoignent ses euphémismes linguistiques et son souci de ne rien communiquer d'essentiel par écrit.
Hitler et himmler jouèrent ainsi des rôles complémentaires, le premier ayant conçu la politique nazie à l'égard des juifs et le second, organisateur de premier plan à la tête de l'appareil répressif du reich, transformant cette politique en une terrifiante réalité ouvrage traduit avec le concours du centre national du livre
Cet ouvrage ouvre en France un champ encore inexploité des archives de la guerre froide. Comment les États-Unis ont pendant des années recruté, formé et utilisé des anciens criminels de guerre nazis ou pro-nazis en Europe de l'Est contre l'influence soviétique. Ce livre court et tonique nous rend compte de ce clair-obscur entre espionnage et infiltration que les Américains et certains Européens ont monté dans le cadre des réseaux anticommunistes, où le cynisme fit que les anciens ennemis devinrent, en dépit des victimes, des alliés de circonstances. Enfin ces archives révèlent les liens qu'entretinrent pendant la guerre les nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera avec les nazis, chassant et assassinant juifs et Polonais. Après la guerre, pour infiltrer l'Ukraine sous le régime soviétique, les services secrets occidentaux utilisèrent tour à tour Bandera, qui restait le héros du nationalisme ukrainien. Le public verra avec stupeur que certaines problématiques très actuelles, comme la présence de néonazis en Ukraine, trouvent leurs racines dans ces années sauvages où derrière l'humanisme des vainqueurs se cachaient les anciens bourreaux trouvés dans l'ombre d'Hitler.