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Récit plutôt que roman, bien entendu, le temps de cette dernière «fiction» de Mandiargues n'excède pas un bel après-midi de fin du printemps à Paris. Quoique le personnage masculin y tienne beaucoup de place, le premier rôle est dévolu à une comédienne, à mi-chemin de la courtisane suivant le mot de Baudelaire, qui permet à l'auteur de mettre en scène un theatrum eroticum conforme à son goût, dans une sorte de jardin exotique sous un toit en verrière. Et si la seconde partie du récit fait surgir toute nue du fleuve Seine une certaine Mériem, dont le nom n'est que la forme arabe de l'hébraïque Miriam auquel répondait la comédienne, n'est-ce pas encore l'incarnation théâtrale d'un certain éternel féminin qui, au moyen d'une dague tolédane du XI> siècle, mettra par effusion de sang le point final à l'histoire ?
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«Cette nuit séculaire est celle du 31 décembre 1899 au 1?? janvier 1900. Plus précisément, semble-t-il, qu'entre 1900 et 1901, elle lève le rideau (puisqu'il s'agit d'une pièce de théâtre) sur le XX? siècle. Dans la totale obscurité qui pèse sur le nord de la Scandinavie aux environs du solstice d'hiver, des personnages fantastiques vont entrer dans les temps modernes. Le plus fabuleux de ceux-là est la baronne Bjorn, Barbro, qui se rappelle avoir été enlevée et violée en 1799 par Axel de Fersen, dont elle a une fille, Lovisa, laquelle mourra en scène à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans pour s'y retrouver vivante à l'âge de treize ans et prédire quelques événements grands ou petits du nouveau siècle... Dans la confusion des temps, les marins du croiseur Aurora sont les témoins de l'Histoire, qui, selon la jolie formule d'André Breton, tombe à côté, comme la neige.» André Pieyre de Mandiargues.
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Le desordre de la memoire - entretiens avec francine mallet
Pieyre De Mandiargue
- GALLIMARD
- 4 Octobre 1975
- 9782070292561
Ces entretiens se déroulent sous la forme d'une élégante conversation : Mandiargues y parle de sa vie, de ses années d'apprentissage, de ses penchants pervers, de ses découvertes, de ses lectures. Trois rencontres capitales jalonnent son existence : Breton, Paulhan et Bona. Images surréalistes, anecdotes divertissantes émaillent ces souvenirs qui révèlent la bonté, la sincérité et le goût du bonheur de l'écrivain.
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Gris de perle / les portes de craie /cuevas blues /sept jardins fantastiques /variations citadines
Pieyre De Mandiargue
- GALLIMARD
- 2 Avril 1993
- 9782070733385
«Le voile blanc d'une épousée Recèle une pensée noire Qu'il est trop tôt pour dégainer. Si elle sait déjà Son chemin prédestiné Vers le coeur battant de l'époux, Plein d'amour et de beau sang rouge.»
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André Pieyre de Mandiargues projetait de réunir les textes de ce Quatrième belvédère. Il les a d'ailleurs tous publiés de son vivant. On retrouve donc ici le plaisir de le suivre dans les caprices de son immense curiosité littéraire et artistique, qui le fait sauter des libertins du XVIIe siècle au Paris de Nerval. Du philosophe maudit Weininger à Italo Svevo, en passant par Giovanni Papini et De Chirico. Du goût de la viande de requin, à son tour mangé par un homme, à la symbolique de la rose. De Théophile Gautier, «une sorte de hippie», à Pauline Réage. D'Octavio Paz à Pierre Jean Jouve, Julien Gracq, Francis Ponge. Il faut le suivre, aussi, quand il attribue définitivement à Hoffmann un chef-d'oeuvre érotique, Soeur Monika, en appuyant sa démonstration sur un plat de macaronis!Surtout, cet ultime Belvédère offre un superbe point de vue sur les peintres:Bellmer, Dubuffet, Balthus, Max Ernst, Magritte, Wifredo Lam, Klossowski...Et combien est émouvant le prologue, «Là-dedans», exploration du moi le plus intime.
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«L'histoire d'Isabella Morra est une histoire vraie, cruelle, peu connue d'ailleurs : celle d'une jeune poétesse italienne du XVI? siècle qui fut assassinée par trois de ses frères. Ils avaient surpris une correspondance poétique qu'elle entretenait avec un gentilhomme espagnol dont la femme avait la seigneurie dun château voisin. Les meurtriers tuèrent également, d'abord le pédagogue d'Isabella, qui portait les messages, ensuite l'Espagnol en Lucarnie (Calabre), vers la fin de l'année 1545. Isabella Morra a été remise en lumière par Benedetto Croce. Il a écrit sur elle un essai et donné de ce qui nous reste de son oeuvre une édition conforme aux plus anciens imprimés. Certains de ses poèmes, en effet, suspects d'hérésie, avaient subi des corrections, à l'époque de la Contre-Réforme.» André Pieyre de Mandiargues.
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« L'imaginaire », aujourd'hui dirigée par Yvon Girard, est une collection de réimpressions de documents et de textes littéraires, tantôt oeuvres oubliées, marginales ou expérimentales d'auteurs reconnus, tantôt oeuvres estimées par le passé mais que le goût du jour a quelque peu éclipsées.
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Ruisseau des solitudes / jacinthes /chapeau-gaga - cinquieme cahier de poesie
Pieyre De Mandiargue
- GALLIMARD
- Blanche
- 25 Octobre 1968
- 9782070272860
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« La plupart de ces petits écrits ont été publiés dans La Nouvelle Revue Française à partir di 1?? janvier 1953 sous la rubrique Le temps comme il passe car ils ont ce caractère commun d'être ainsi que des miettes du temps ou des souvenirs illuminés. Et quoique certains d'entre eux ne relèvent que de l'imagination, on n'aurait peut-être pas tort de les considérer tous ensemble comme une sorte de journal. André Pieyre de Mandiargues.
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L'ivre oeil / croiseur noir /passage de l'egyptienne - sixieme cahier de poesie
Pieyre De Mandiargue
- GALLIMARD
- 18 Avril 1979
- 9782070286942
«L'Ivre oeil rassemble tous les poèmes écrits par André Pieyre de Mandiargues en ces dix dernières années. Poèmes d'amour, poèmes érotiques, poèmes funèbres, poèmes d'émerveillement devant l'oeuvre des artistes, poèmes de dépouillement, d'approfondissement, d'intuition et d'éclairement de la condition d'un poète en existence provisoire dans un univers qui garde son secret, poèmes d'humour ou d'enthousiasme, poèmes de colère ou de mépris... Mais la poésie n'est-elle pas le fait de ces échos ou de ces reflets qui par l'ouïe et la vision, conscientes ou non, paraissent devancer le travail du poète sur la matière du langage ?» Bulletin Gallimard, avril 1979.
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Coffret mandiargues - coffret 4 vol.
Pieyre De Mandiargue
- Robert Laffont
- 1 Novembre 1977
- 9782221051979
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Des toits de Vibesk, où il est né, jusqu'aux rives de la Seine, Marc Chagall ériga pendant plus de quatre-vingt ans un art à la hauteur du rêve. Fête enchanteuse constellée de ?gures truculentes et qui, tout imprégnée de ses relations avec Cendrars, Apollinaire ou Éluard, de ses voyages au Mexique ou en Grèce, opposa l'amour universel aux dogmes et totalitarismes de son époque. Anges, amoureux, saltimbanques et chevaux, entre tragique et religieux, amorcent leur descente des cieux pour célébrer l'existence. La peinture se fait danse. Un bouquet surréaliste, brassant folklore russe et tradition juive, dont l'érudit Mandiargues, de toile en toile, tire au clair toute l'intime symbolique. Publié en 1974 par Maeght, il n'existe pas plus brillant témoignage du lien unissant poésie et peinture que ce survol élogieux de l'oeuvre chagalienne par le verbe féroce d'André Pieyre de Mandiargues.
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«Marceline Caïn:on eût dit qu'elle était mêlée de cendre, de sable et de sang. À quatorze ans, elle n'aimait rien ni personne qu'un gros lapin jaune orange, touffu, qu'elle appelait Souci. Tous les matins, en cette fin de printemps déjà brûlante, Marceline à peine vêtue et lavée courait ouvrir la porte découpée dans le flanc de la caisse où l'on mettait à dormir Souci pendant la nuit. Et la douceur inaugurale par laquelle elle faisait commencer chaque jour de sa vie était de précipiter la tête et les deux bras à l'intérieur de cette caisse chaude, où les derniers relents de tabac disparaissaient sous une quantité d'effluves domestiques qui, tous ensemble, font la véritable odeur de lapin...»
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«Il s'agit ici, bien entendu, de la lame du couteau, qui par le simple fait de sa nudité introduit l'érotisme dans le récit en même temps qu'elle y annonce l'apparition du sang et de la mort. La lame, par synonymie, est encore la vague marine des graveurs de l'ancien Nippon, soeur du mascaret et de la marée, spirale où l'homme tournoie "dans le déroulement infini" avant d'être jeté aux pieds de la femme. Mais tout homme qui va joindre une femme pour la première fois n'est-il pas une sorte de kamikaze ? Et la lame du poignard, instrument de blessure, ne se peut-elle concevoir aussi comme un trait d'union entre le déchirant et le déchiré, c'est-à-dire comme une flèche d'amour ?» André Pieyre de Mandiargues.
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«Quand la jeune fille fut entrée dans le bois, l'inconnu vint la saisir, Vanina écoutait avec curiosité cette petite phrase qui bourdonnait dans sa tête sans qu'on eût rien fait pour l'appeler, née dans l'état de vide mental qui avait été le sien pendant qu'elle marchait sous le soleil et qui avait fait place à une agitation d'esprit un peu fébrile depuis qu'elle se trouvait sous le couvert des branches. L'inconnu vint la saisir - oui ; et n'était-ce pour cela, justement, qu'elle s'était échappée de sa chambre ?»