Langue française
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«Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte, trop bas pour leurs tailles, s'effilait par un bout, comme l'intérieur d'une grande mouette vidée; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil. Dehors, ce devait être la mer et la nuit, mais on n'en savait trop rien:une seule ouverture coupée dans le plafond était fermée par un couvercle en bois, et c'était une vieille lampe suspendue qui les éclairait en vacillant.»
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Il y a dans Ramuntcho tout ce que le lecteur espère d'un roman de Loti : une histoire d'amour un peu triste dans un décor exotique. Le pays basque est encore exotique en 1897 et, grâce à Loti, un paradis où les jeunes gens dansent, jouent de la pelote et font de temps en temps de la contrebande.Tous ces ingrédients ont fait l'immense succès de Ramuntcho. Pourtant, ces paysages admirables et ces splendides montagnes dissimulent la nécessité première du récit. Derrière les amours de Ramuntcho et de Gracieuse se cache l'aventure réelle de l'auteur qui partit pour le pays basque engendrer des enfants d'une race plus pure. De sa folle entreprise et de ses remords est né Ramuntcho, qui n'est donc pas un roman aussi simple qu'il paraît. Le lecteur d'aujourd'hui prendra un grand plaisir à lire cette histoire très forte de la conquête et de la perte d'un paradis perdu.
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Nous sommes en Turquie, en 1876. L'Empire ottoman, autrefois craint et fantasmé, rend son dernier soupir. Dans ce pays qui se délite, Loti, jeune officier de marine, s'éprend d'Aziyadé, belle Circassienne enfermée dans le harem d'un vieil homme. Amoureux de la terre turque comme des yeux verts de son amante, le héros - personnage à peine fictif derrière lequel se devine aisément l'auteur - erre dans les rues de Constantinople, aborde Salonique, observe la Lune et assiste à la fête du Baïram. Entre volupté et mélancolie, Loti et Aziyadé s'aiment et se séparent, dans l'ombre d'un Orient sur le point de disparaître. À la fois journal intime, récit épistolaire et carnet de voyage, ce premier roman - suivi de Fantôme d'Orient, où les héros se retrouvent dix ans plus tard - dresse pour toujours le portrait de Pierre Loti : écrivain amoureux du rêve, du large et des terres inconnues.
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Trois jeunes femmes cultivées, qui vivent enfermées dans un harem à Constantinople, correspondent avec un célèbre romancier français ; l'une d'elles, Djénane, en est amoureuse. Au prix de mille dangers, le héros les rencontre, et leur promet d'écrire un livre sur leur terrible condition. Paru en 1906, au sommet de la gloire de Loti, ce roman est une ode à cet Orient qui lui est si cher. Entre hier et aujourd'hui, la vie et la mort, l'occidentalisation galopante et l'Orient immuable, son récit est un portrait sensible et personnel d'une réalité complexe et tragique. Pour traduire le désenchantement moral, Loti nous offre un enchantement esthétique.
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Le roman d'un enfant ; prime jeunesse
Pierre Loti
- Folio
- Folio Classique
- 19 Octobre 1999
- 9782070403769
Dans son Roman, Pierre Loti se rappelle son enfance par éclairs. Sa mère y joue un rôle capital, cette mère qu'il fuira sur l'océan mais à laquelle il restera passionnément attaché, comme à la petite maison de Rochefort. C'est toute la poésie des départs, de l'éloignement dans l'espace et dans le temps que ressuscitevla phrase sensible et frémissante de l'écrivain. Levsouvenir et la mélancolie sont les deux sources de l'art impressionniste de Pierre Loti.Le Roman d'un enfant est suivi de Prime jeunesse, qui commence quand Loti a seize ans et se termine au moment de son embarquement.
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«Yves, mon frère, nous sommes de grands enfants... Souvent très gais quand il ne faudrait pas, nous voilà tristes, et divaguant tout à fait pour un moment de paix et de bonheur qui par hasard nous est arrivé.» Loti avait un frère aîné, Gustave, médecin de marine coloniale, dont l'exemple le décida à devenir marin. La mort de Gustave le priva, très jeune, de ce frère, qu'il recherchera sa vie durant au travers d'amitiés de toutes sortes. Dans celle d'Yves, il croit retrouver, pour quelque temps, le «frère» à tout jamais perdu. Ce livre, ni tout à fait un journal ni tout à fait un roman, retrace une amitié fraternelle, orageuse, passionnée. Cette histoire d'un marin breton du siècle passé est un poème de la mer, des départs, des escales, des retours, d'une inquiétude sans âge, sensible jusque dans les frémissements de l'écriture.
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Sous le soleil aveuglant d'Alger la blanche, Kadidja et ses deux filles vivent dans la Kasbah où elles vendent leurs charmes. Les jeunes matelots français en escale découvrent avec elles les plaisirs de l'Orient, mais aussi ses dangers... Homme de lettres, officier de marine et grand voyageur, Pierre Loti, dans une prose limpide, nous offre un tableau sensuel et cruel de l'Algérie française.
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Matelot (1893) complète la trilogie des romans de la mer, après Mon frère Yves et Pêcheur d'Islande. Jean Berny, ayant échoué à Navale, s'engage comme simple matelot dans la marine marchande. La suite est d'une tragique simplicité : une existence très dure, des amours sans lendemain, le renoncement à devenir officier, et finalement la maladie dans les marais d'Extrême-Orient, d'où le héros est ramené agonisant, comme Rimbaud à la même époque. Ce troisième roman de la mer est moins connu que les deux autres. C'est injuste. Loti y a mis, de même, une part de son existence maritime et amoureuse, et y poursuit sa quête autobiographique, ses fantasmes, ses angoisses, sa maison natale, sa mère. S'y ajoute, pour une fois, la religion, «mythe adorable». Comme l'écrit un critique : «Il nous parle de la mer et des marins comme seul un marin doublé d'un romancier pouvait nous en parler.»
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En 1881, Loti a trente et un ans, et signe pour la première fois de son pseudonyme ce qui est son premier roman véritable. L'intrigue rendra l'auteur célèbre : un Français, transplanté dans une contrée lointaine, ici le Sénégal, y connaît un grand amour. Il meurt ; sa maîtresse se tue, après avoir tué son enfant.On trouve dans ce récit l'Afrique, ses plaines, ses forêts, à l'époque peu connues, et décrites par la sensibilité d'un poète. On trouve la double aventure de l'amour et de la guerre. On trouve la grande lamentation de l'amour et de l'exil, que reconnaissent à la première phrase, à la première mesure, tous les amoureux de Loti - qui connaît une nouvelle jeunesse, une renaissance dans le public.