De la Libération au milieu des années 1950, la France, hantée par la perspective du déclin, est fascinée par le modèle américain. Plus que jamais, les États-Unis apparaissent alors comme la terre par excellence de la richesse et de la liberté, une nouvelle Terre promise dont doit s'inspirer la France en voie de modernisation. Mais l'attrait qu'exercent les États-Unis n'est toutefois pas universel et la guerre froide déchaîne bientôt l'anti-américanisme du puissant parti communiste.
Jean Grémillon et les quatre Éléments entend, sinon réhabiliter, du moins rendre un hommage renouvelé à l'un des cinéastes majeurs de l'école française du vingtième siècle, un créateur qui occupe une place à part, paradoxale : même si elle n'est pas tout à fait oubliée, l'oeuvre de cet homme nourri d'art musical demeure aujourd'hui étrangement en retrait, sans doute en raison de son originalité irréductible et, plus encore, de sa complexité déstabilisante.
Pas moins de quatre axes ont paru nécessaires pour approcher celui que l'on a trop souvent qualifié seulement de cinéaste maudit. Quatre chapitres, en résonance intime avec son dernier film, son testament poétique, André Masson et les quatre Éléments.
En premier lieu, encore trop peu fréquenté et condensant pourtant l'essentiel d'une vision universelle, érudite et fraternelle, l'axe méconnu de l'ésotérisme (« l'air »), car l'homme de culture Grémillon inscrit ses films dans une rêverie précise se rattachant aux grandes traditions ; il est l'alchimiste du septième art.
Puis l'axe du sonore (« l'eau »), les liens du cinéaste à l'expression musicale sous toutes ses formes s'avérant déterminants. Ensuite, l'axe des conflits de l'Histoire (« le feu »), Grémillon s'étant toujours voulu un témoin de son temps.
Enfin, l'axe du réalisme documentaire (« la terre »), Jean Grémillon présentant le cas unique d'un cinéaste réputé, reconnu pour ses fictions de long métrage, commençant et surtout achevant sa carrière par une série de courts métrages documentaires, d'exemplaires films d'art qui sont autant de libres films d'essai : des films d'art et d'essai.
Nous avons souhaité, par ces quatre déclinaisons, donner des clefs pour mieux apprécier une poétique plus que jamais actuelle, ô combien vitale pour notre temps.
De 1940 à la fin du second conflit mondial, le Nord et le Pas-de-Calais subissent plusieurs vagues de destruction. Reconstruire la région est un processus complexe, d'autant que la guerre aggrave une situation déjà difficile - dès 1939 de nombreuses villes nordistes avaient déjà besoin de se moderniser.
Relever les ruines ne suffit pas, un immense effort d'édification d'infrastructures et de loge-ments neufs s'impose. Cependant, les résultats d'une telle entreprise apparaissent mitigés : la lenteur de cette seconde Reconstruction condamne beaucoup d'habitants à vivre des années dans des bâtiments provisoires et de surcroît peu esthétiques. Faut-il réviser ce jugement stylistique ?
Le bilan économique semble tout aussi incertain. Les défis étaient peut-être trop importants pour une région ravagée deux fois en une génération. Mais les principes adoptés pour le relèvement de l'économie ne portent-ils pas aussi leur part de responsabilité ?
Sous la direction de Michel-Pierre Chélini et Philippe Roger.
Avec les contributions de Marie-Christine Allart - Laurent Buchard - Michel-Pierre Chélini - Olivier Chovaux - Marc Coppin - Serge Curinier - Frédéric Debussche - Jean-François Eck - Nil Favier - Jean-Marc Guislin - Rudy Havez - Christophe Lefevre - Alexandre Pazgrat - Jean-Marie Richez - Philippe Roger - Gaëtan Saitzek - Kelly Sénéchal - Thibault Tellier.