L'antiaméricanisme est une donnée centrale de la vie culturelle et politique en France, où il est plus vif qu'en tout autre pays d'Europe. Il y a là un paradoxe, puisque la France n'a jamais été en guerre avec les États-Unis, et une énigme, car la virulence des réactions antiaméricaines paraît sans rapport avec les désaccords «réels». Le but de ce livre est d'éclairer cette «exception française».
L'antiaméricanisme n'est ni une idéologie, ni une doctrine - il est d'ailleurs autant de «droite» que de «gauche». Il se présente comme une stratification de discours négatifs qui forment en France tradition, au sens où ils passent, enrichis, d'une génération à l'autre et où ils forment un lien entre des Français idéologiquement divisés.
Du dénigrement de l'Amérique par certains philosophes des Lumières à la déception devant «l'ingratitude» des États-Unis pendant la Révolution française, jusqu'aux tensions entre Clemenceau et Wilson, les grands schèmes du discours antiaméricain se mettent très tôt en place et ne varieront guère, sinon pour le pire.
Ces gens ont de curieuses manières de vivre. Ils laissent venir des trous à leur manteau, enseignent dans une école vide, s'accouplent en public, tombent en extase. Leurs façons de mourir ne sont pas moins singulières : l'un se jette dans un volcan, l'autre s'enduit de bouse de vache, un troisième ne s'arrête plus de rire. Presque tous ont des problèmes avec l'argent.
Ces expérimentateurs obstinés, on les appelait dans l'Antiquité chercheurs de sagesse, ou encore philosophes. La modernité a oublié combien ils furent étranges.
Pour rencontrer ces sages perdus, deux écrivains ont choisi de fouiller dans une poussière d'histoires, de propos et d'anecdotes. Résultat : une face inhabituelle et très surprenante de la philosophie occidentale.