Avant la révolution des transports, l'apparition de nouveaux moyens de communication et la mise en place des premiers réseaux logistiques au cours du xixe siècle, les chaînes du commerce étaient d'une grande diversité, le plus souvent segmentées et composées d'une succession d'acteurs aux statuts et aux rôles variés. Selon les cas, elles se trouvaient caractérisées par une plasticité et une instabilité permanente ou, inversement, accrochées à des traditions et des pratiques validées par le temps, des cadres juridiques contraignants ou la force d'appartenances communautaires. Le but de cet ouvrage collectif est de porter un éclairage sur ces chaînes et ces maillons du commerce des économies et des sociétés préindustrielles, afin d'approcher leurs natures, d'examiner leurs types de fonctionnement et de saisir leurs évolutions. Cerner, dans les échanges, ce qui se joue entre la production et la consommation, c'est essayer de comprendre comment le commerce s'organise avec ses besoins humains, matériels ou juridiques et ses objectifs économiques en termes d'achat, de transport et de vente de marchandises.
Largement ouvert sur le monde depuis le xviiie siècle, soucieux de demeurer une escale pertinente dans des échanges maritimes internationaux de plus en plus intenses, concurrentiels et volatils, le port de Marseille a connu, au cours des derniers siècles, des évolutions qui ont profondément affecté ses espaces de fonctionnement, ses infrastructures, ses fonctions et son mode d'administration. Cet ouvrage nous plonge au coeur d'une trajectoire portuaire dense, complexe, forte d'une histoire riche en rebondissements et en contrepieds, sous les regards croisés d'anciens acteurs, de témoins et de chercheurs.