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Nuno Júdice
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Un chant dans l'épaisseur du temps / méditation sur des ruines
Nuno Júdice
- GALLIMARD
- Poesie Gallimard
- 5 Novembre 1996
- 9782070329472
«Le fait d'écrire un poème n'a en soi rien de mystérieux, surtout pour ceux qui ont l'habitude du commentaire critique et de l'étude littéraire. C'est quelque chose qui accompagne l'histoire de l'homme, et qui, si on veut une explication approximative, est lié à la démarche humaine vers le sacré ou l'absolu. Ce qui est toujours étrange, cependant, est qu'un ensemble de mots prenne finalement ce sens entier et, tout de suite, commence à exister dans une dimension libre de toute contrainte, à commencer par celle de celui qui l'a écrit. C'est une sensation qui appartient à la même famille qu'aux émois de la naissance, de toutes les naissances - et que, dans le langage littéraire, on ne trouve avec cette plénitude que dans le poème.» Nuno Júdice.
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J'aime Lisbonne, le vieux Lisbonne, celui de l'Alfama, du Chiado, de la Baixa ou du Bairro Alto. J'aime ses immeubles décrépis, ses ruelles, ses venelles, ses impasses, ses escaliers, ses places, ses belvédères qui nous amènent à la contemplation du Tage... J'aime ces petites boutiques où dans une demie pénombre, l'épicier d'un autre âge, le crayon à l'oreille, vous accueille avec son sourire et vous propose ses dernières trouvailles. J'aime cette lumière particulière de Lisbonne, ce mélange de Méditerranée et d'Atlantique... Et puis au détour d'une venelle, des cris, des gens qui protestent, qui s'invectivent, s'interpellent...
Des vieux dans la rue à l'ombre des façades et des bougainvilliers, des chiens qui errent comme moi et parsèment la chaussée d'excréments. On se penche aux miradors, surplombant la ville et le Tage, comme au bastingage d'un paquebot amarré à l'Europe, hésitant entre attente et appareillage...
Lisbonne qui monte et qui descend, Lisbonne qui part et qui ne part pas. On lève aussi la tête... des draps et des serviettes aux fenêtres, des arbres de travers sur des terrasses de guingois, les poulies des cordes à linge grinçant au vent, et dans ce labyrinthe d'ombres et de lumières, les rails de la ligne 28, de ce tramway crissant et bringuebalant qui vous mène droit au terminus de nulle part...
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Le mythe est une notion bien présente dans l'oeuvre de Nuno Júdice. Il a jadis travaillé sur les mythes fondateurs de l'identité portugaise, et d'une manière plus générale, il nourrit beaucoup sa poésie de la mythologie gréco-latine.
Le livre Le Mythe d'Europe nous invite à la croisée des chemins, dans cet espace-temps où la mythologie côtoie le quotidien. Cet ouvrage commence par des poèmes où se mélangent le quotidien et le rêve, le fantastique et l'amour - « L'amour est une sombre vocation » - dans un lyrisme coutumier au poète. Ensuite, la longue partie au titre éponyme rappelle ce que Judice a pu écrire jadis, en 2000, dans La Revue des Deux Mondes : « Il est parfois difficile de séparer dans le texte littéraire, la réalité de cette charge mythique qui accompagne les événements historiques et les bouleverse, ou leur attribue une charge surnaturelle ».
Ainsi, dans Le Mythe d'Europe, on peut penser que la figure de l'aimée côtoie les figures féminines de la mythologie gréco-latine, et notamment celle, énigmatique et polymorphe, d'Europe. Mais on peut surtout penser que le poème se ressource à ces origines énigmatiques afin de questionner l'indigence culturelle de l'imaginaire de l'Europe contemporaine.
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Le vent qui apaise. Le vent qui est entré dans la vie a ouvert toutes les portes afin que l'âme puisse aller sans hésitation ni retard. Il a traversé devant moi avec son souffle de feu, et a fait surgir de rien le vertige qui entraîne au fond, et pousse de nouveau vers le bleu. J'ai fermé toutes les portes pour qu'il n'entre pas mais le vent a ressurgi de moi, et sa fureur m'a libéré de mon propre sol ; il a blessé le vide avec ses ongles avides d'un désir de terre inassouvi.
Et j'ai serré dans mes bras ton abandon, ton corps ouvert dans la floraison d'une offrande. J'ai senti ton sexe dans la germination des images, et j'ai laissé tes mains chercher le moût du vent, et le pousser vers tes lèvres. Je l'ai vu se détacher de leur bord, comme des bourgeons d'un vieux fruit, et le jus courir sur tes seins et ouvrir le cours des sens. Une lumière encore est restée pour dévoiler un tourbillon de présages, me rassurer à l'ombre des arbres, et le chant lointain d'une fontaine nous a suivi avec insistance de son rythme sur fond de feuillage.
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Le sentiment fugace de l'éternel ; géographie du chaos
Nuno Júdice
- Corlevour
- 18 Juin 2015
- 9782372090094
Poèmes inspirés par la tradition du sonnet et ses modèles de Pétrarque à Pessoa. L'écrivain reprend des thèmes classiques comme la mélancolie et l'amour, l'ombre et la lumière, l'instant et le poème.
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Parfois, un vers change notre manière de voir le monde ; les choses se révèlent telles que l'imagination n'a pu les saisir ; et le centre quitte son lieu d'origine, obligeant la pensée à rouler dans une autre direction.
Le poème, cependant, ne doit pas obligatoirement tout dire. Son essence réside dans la fragmentation d'un absolu qu'un dieu incertain lui légua. Je regarde vers ce vestige du tout sans voir davantage que ceci - le reflux de l'antique perfection - et je laisse derrière moi le chemin de l'idée, l'ambition théologique, le rêve de l'infini. De quelle éternité suis-je alors oublieux, au fond de la strophe ?
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Une histoire de chien ; uma historia de cão ; a story about a dog
Mathieu Schmitt
- Vagamundo
- 15 Avril 2013
- 9782953622850
Un conte philosphique plein d'humour sous la plume d'un grand poète portugais, accompagné, sagement, par les images, belles et subtiles, d'un doux rêveur. À partir de 10 ans et jusqu'à plus d'âge !