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Michel Crépu
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Le silence des livres ; la lecture, ce vice impuni
George Steiner, Michel Crépu
- Arléa
- Arlea Poche
- 25 Avril 2019
- 9782363081889
Tous, auteurs, éditeurs, libraires, nous savons que rien n'est plus terrible que le silence des livres. George Steiner nous invite à ne pas oublier la vulnérabilité de l'écrit sans cesse - et de plus en plus - menacé. Son éblouissante approche de la lecture va de pair avec une critique radicale des formes nouvelles d'illusion, d'intolérances et de barbarie de nos sociétés dites éclairées.
Cette inquiétude est en quelque sorte apaisée par un émouvant « éloge du livre » de Michel Crépu, qui nous renvoie à ce sens intime de la finitude que nous apprend précisément l'expérience de la lecture.
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Only rock roll : avec les rolling stones
Michel Crépu
- Arléa
- La Rencontre
- 13 Octobre 2022
- 9782363083173
Un jour, Michel Crépu s'est rendu compte que le rock'n'roll des Rolling Stones avait occupé autant de temps dans sa vie quotidienne que la lecture de Marcel Proust. Un tel constat, qui a valeur de révélation, méritait d'aller y voir de plus près. C'est l'objet de ce récit, à la manière d'une traversée autobiographique transgénérationnelle. Alors même que l'on fête le soixantième anniversaire des Stones, Michel Crépu refait le voyage dans l'autre sens, au son de Satisfaction et de Let's Spend the Night Together.
On connait de Michel Crépu son goût du XVIIe siècle en littérature. Avec les Stones, il interroge une autre forme de « classique », et une autre façon de célébrer la liberté dans l'usage des formes. Les Stones traversent le temps, indemnes. Il n'y a pas de Rolling Stones d'hier qui laisseraient la place aux Stones d'aujourd'hui. Il y a une jubilation sensuelle sans équivalent, qui continue de faire son chemin. Les Stones sont des classiques. Ils sont indémodables, étourdissants. -
«Je n'aimais pas la chambre où ma mère est morte. Pourtant, c'était une des plus belles de la Maison. Le lit donnait contre la fenêtre, où balançait un tilleul les jours de printemps. Toute la chambre baignait alors dans une lumière verte. La fenêtre ouvrait sur une prairie où paissaient des chevaux et plus loin sur le profil de Notre-Dame-du-Fort, découpée sur le ciel à la manière d'un Braque. Le mince filet de la Chalouette venait signer ce paysage immobile. Quelqu'un d'entre nous en faisait la remarque, combien ce décor était digne d'admiration. Mais ma mère ignorait cette invitation à la beauté, comme elle semblait indifférente aux photographies de famille que nous avions placées sur sa table de chevet en même temps que le crucifix. L'indifférence de ma mère tenait d'une pierre grise, rêche, mystérieuse.»
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Ce livre est un tableau de circonstances, comme on le dit d'un changement d'époque. L'action se déroule vers 2017-2018 en France, contrée connue pour aimer les livres et la politique. Cette fois, le pays est servi. Tandis que s'écroulent les grandes familles idéologiques nées au XIXe siècle, le socialisme, le libéralisme, on voit surgit un nouveau monde, mêlé de start up et de légumes bio. Personne ne sait comment s'appelle ce monde. C'est la nouvelle scène où brille l'astre Macron peut-être pour mille ans. En trois petits mois, une page énorme a été tournée, renvoyant au néant d'anciennes célébrités qui ne le sont plus. Le nom de François Fillon a été au centre de ce bouleversement. Donné vainqueur à l'Élysée, il a quitté la scène dans l'habit du vaincu. On a dit qu'il avait été « empêché ». Par qui ? Par quoi ? Un adversaire, sûrement, mais du dedans ou du dehors ? Que nous dit cette minuscule tragédie ? La réponse à ces questions réveille toute une histoire remplie de portraits, d'épisodes, d'anecdotes qui disent le vrai de notre temps. Et quoi de plus amusant que le vrai ? A l'école du Bloc-Notes de François Mauriac où la littérature et la politique s'alimentent à l'envi, loin des catéchismes militants, Un empêchement se veut surtout un bon moment de conversation.
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Après trente années d'éloignement volontaire, Michel Crépu revient sur les lieux d'une passion littéraire pour le créateur d' En attendant Godot.
Après trente années d'éloignement volontaire, Michel Crépu revient sur les lieux d'une passion littéraire pour le créateur d' En attendant Godot.
Mais est-ce possible de parler de Beckett ? OEuvre limite, qui transforme aussitôt les téméraires en commentateurs bavards. Michel Crépu relève néanmoins le défi. Il relit les oeuvres au gré d'une mémoire qui coïncide avec son attirance de naguère pour la vie monastique, au temps lointain des années 80. La littérature et le spirituel : ici commence une histoire commune, non achevée.
Jeune homme, il voulait serrer alors la main de l'homme qui avait serré celle de Joyce. Un rendez-vous mémorable lui offrira cette chance. Beckett paraît loin aujourd'hui de la houellebecquerie ambiante. Sa solitude n'a jamais été aussi grande.
C'est le moment où jamais d'y retourner voir. C'est ce que réalise Michel Crépu dans ce livre d'heures de lecture et d'intimité. -
En un sens, Le Corps de ses ombres est un récit de voyage, une expédition à l'intérieur d'une oeuvre considérée comme d'un "classique" et qui aujourd'hui fait figure de "terre inconnue". Tout nous sépare de lui : sa pensée, sa théologie, l'époque, l'absolutisme louis-quatorzien : c'est justement cet éloignement extrême qui peut faire l'objet d'une curiosité voyageuse. Cet homme mort en 1704 serait-il notre contemporain ? Il ne s'agit donc pas d'un retour à Bossuet, mais d'un voyage de l'autre côté de la frontière. Paul Hazard disait : "La France s'endort avec Bossuet, elle se réveille avec Voltaire". Ce qui est intéressant, c'est de mesurer aujourd'hui la puissance d'impact d'une écriture extraordinairement aboutie. Il y a même là une étrange fraîcheur : les thèmes de Bossuet sont indépendants des "modes" : la mort, la puissance, l'ambition, l'amour. Bossuet est proche des grands moralistes de son siècle : La Rochefoucauld, La Bruyère, qui étaient ses amis. On s'aperçoit aujourd'hui, même après Freud, qu'il y a là le dépôt d'un certain savoir sur la condition humaine, nullement dévalué. Le livre fait le pari que ce regard croise quelques unes de nos préoccupations spirituelles majeures. Bossuet, à sa manière, sombre, définitive, est le plus étrange de nos contemporains.
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L'admiration ; contre l'idolâtrie
Michel Crépu
- Autrement
- Les Grands Mots
- 18 Octobre 2017
- 9782746745995
Alors qu'on assiste au crépuscule des grandes idéologies, rarement la difficulté d'admirer aura paru si sensible, si propice aux éclats polémiques. Pourtant, contre l'indifférence et le cynisme érigés en norme ou les emballements immédiats devant tout et n'importe quoi, l'admiration reste une force. La force de s'étonner et de s'incliner devant le beau, le sublime. Toutefois, admirer ne signifie pas se soumettre. C'est même en cela que l'admiration est le contraire de l'idolâtrie. Michel Crépu se penche sur les vertus et les dangers de l'admiration et revisite les oeuvres littéraires de Stendhal, Cioran, Chateaubriand, Céline, Heidegger ou Barthes, et de grandes figures historiques - Napoléon et Malraux notamment -, à la lumière de ce sentiment que Descartes qualifiait de « première des passions ».
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"Longtemps, j'ai été à me dire : "Quand mon père mourra, ce sera énorme." Je voyais ça comme une rupture d'ordre cosmique. Je n'arrivais pas à imaginer mon père absent du monde. Lui et le monde, ça faisait tout un. Cela était peut-être dû au fait que mon père, toute sa vie, a construit des maisons. Des années entières, il s'est débrouillé pour faire tenir debout des volumes dans l'espace. Crayon, T, équerre, gomme, compas, table à dessin : voilà pour les munitions, le carquois. Mon père en blouse blanche, noyé dans les calques, les devis, les plans, est une des images cardinales que je garde de son passage sur cette terre. Vous l'avez sûrement croisé. On ne pouvait pas le rater." Michel Crépu.
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Vision de Jackie Kennedy au jardin Galliera
Michel Crépu
- Gallimard
- Blanche
- 13 Avril 2017
- 9782072715648
Vision de Jackie Kennedy au jardin Galliera est une fantasmagorie d'inspiration familiale, où la grande histoire croise la petite. Pour la grande, l'épisode Kennedy, l'attentat de Dallas, la rencontre fortuite de Jackie. Pour la petite, la mort accidentelle, au même moment, d'un copain de classe. Double initiation à la mort à l'orée d'une adolescence. Les deux fils sont tirés en même temps, ils déploient une histoire fabulée jusqu'à notre époque, et racontent la naissance d'une vocation littéraire. Jackie Kennedy, entourée de quelques autres fantômes, pourrait bien être la voix secrète d'une telle fantasmagorie.
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En découdre avec le pré ; sur Philippe Jaccottet
Michel Crépu
- Éditions des Crépuscules
- Ombre & Lumiere
- 1 Novembre 2012
- 9782918394211
"Parce que, dans l'une et les autres rencontres, je butais naïvement sur une énigme : pourquoi, comment, ces rencontres vous touchent-elles à ce point? Car énigme il y a. Qui me requiert à proportion qu'elle me résiste, comme celle des fleurs du cognassier ou celle de l'herbe des prairies." Philippe Jaccottet
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Lecture ; journal littéraire 2002-2009 ; la revue des deux mondes
Michel Crépu
- Gallimard
- L'infini
- 29 Octobre 2009
- 9782070126514
«Lecture, l'acte simple qui rassemble, croise et disperse les mille et un livres dont sont faits ces Journaux des Deux Mondes. Lecture, pour dire le temps hors du temps des lectures, les griffonnages, les dévorations, la sieste et les promenades. Lecture enfin, à cause du mot lecture : une guitare dans le patio calme.» Michel Crépu.
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Gouverner : métier impossible ?
Michel Crépu, Luc Ferry, Michel Rocard, Paul Valadier
- Elema
- 25 Février 2007
- 9782916450063
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Le scoop est là, la dépêche qui tue vient de tomber : la France est un pays comme les autres. Sans doute est-ce la première fois de son histoire que la France est seule à porter le poids de sa propre vanité.
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Le silence des livres ; ce vice encore impuni
George Steiner, Michel Crépu
- Arléa
- 16 Février 2006
- 9782869597204
La Haine du livre est bien sûr, avant toute chose, une provocation. Pour quiconque connaît l'oeuvre de Steiner, son amour du livre est incontestable. Néanmoins une question le taraude : Pourquoi l'Occident, malgré la culture, a-t-il produit la barbarie ? George Steiner relate dans un premier temps l'histoire du livre, son évolution technique (tablette d'argile, papyrus ou papier), son importance dans le destin de l'Occident : la Bible en est évidemment la référence centrale, aussi bien que les grands fondamentaux philosophiques, d'Aristote à la philosophie contemporaine ; enfin, la littérature et l'Âge d'or du livre. George Steiner s'intéresse ensuite à ceux qui ont voulu la fin du livre, au nom de la supériorité de la transmission orale, des charmes d'une innocence rousseauiste ou de l'utopie révolutionnaire. Enfin, il aborde les nouvelles menaces : la censure, les nouvelles technologies, la révolution électronique qui creuse davantage encore le fossé entre littérature du savoir et littérature du pouvoir.
La réponse de Michel Crépu met en lumière cette relation de désir au livre, d'amour du sens inépuisable, et l'éventualité d'une fin, la peur, voire la haine. Il en résulte une expérience très paradoxale de la vulnérabilité du livre : ce qu'on éprouve, c'est la puissance de cette fragilité. C'est l'expérience même de la lecture qui est en jeu.
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"'Il en va aujourd'hui de l'auteur d'Atala comme de l'Afrique au temps de la Croisièe Noire : une terra incognita. En un sens son voeu cabot de finir oublié a été à demi exaucé. Tandis que son fantôme hante encore certaines nuits scolaires, sa musique essentielle demeure inaudible. Or c'est elle, bien entendu, qu'il nous importe de faire entendre."Peignant avec humour et érudition ce "jean-foutre qui avait raison sur les choses graves", Michel Crépu nous donne, outre le portrait de Chateaubriand, royaliste scandaleux, auteur des Mémoires d'outre-tombe, amant de Julie Récamier, écrivain méconnu à force d'être caricaturé en romantique, la chronique d'une époque qui vacille. De la pourpre consulaire aux chambres de jeunes filles, du christianisme heureux à Bonaparte, d'une veillée à Combourg aux châteaux de Prague, Michel Crépu ressucite un Chateaubriand autre, moderne et complexe.
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Oui ou non, le roman a-t-il encore quelque chose dans le ventre ? Une nouvelle querelle des anciens et des modernes a-t-elle lieu ? Au fait, qu'est ce qu'un scandale littéraire ? Que veut notre époque : faire de la sociologie avec du roman ou le contraire ? La génération a-t-elle un sens en littérature ? Qu'est-ce donc qu'une tendance ? Qui a gagné ? Maurois ? Joyce ? Union sacrée pour Houellebecq ? Quels sont les enjeux ? Le jansénisme est-il la maladie infantile de la littérature française ? L'anti-libéralisme une esthétique ? Erudit et polémique, aigu et drôle, Michel Crépu dessine une nouvelle figure de la littérature en cette fin de siècle.
Critique littéraire à L'express Michel Crépu est notamment l'auteur du Tombeau de Bossuet (prix Femina de l'essai 1998, prix de la critique de l'Académie française). -
Le Livre:
« Quand j'ai commencé à écrire Quartier Général, je voulais explorer l'alchimie secrète d'un destin littéraire. Je pensais à une figure d'écrivain : non celle du « grandécrivain », trop évidente, mais celle, plus mystérieuse, du météore. Qu'est-il venu dire ? Quelle est sa trace ? Que peut-on en déduire ?
En cours d'écriture, j'ai vu, presque malgré moi, se dessiner une époque. Dans le livre, celle-ci correspond à la période qui va du milieu des années 70 à l'extrême fin du XXème siècle. Quelques signaux sont là, comme des symptômes. Écroulement du communisme, déroute des « grands récits », disparition des avants gardes, avènement tranquille du nihilisme mou.
Le météore s'appelle Baume. L'époque, il la traverse, il l'habite à sa façon, il est son étranger de l'intérieur. Une sorte d'ermite bizarre, expérimentateur à tout va, cynique, timide, fabulateur, pianiste de jazz, toqué de mystique, fils de collectionneur d'art, capable d'entraîner un honorable professeur du Collège de France dans un improbable délire archéologique, l'auteur enfin d'un seul livre qui donne son titre à celui-ci. Une femme apparaît, l'élément aérien du livre, elle s'appelle Claudia.
Une certaine géographie organise l'ouvrage : Hambourg, Paris, New York, Prague, Calcutta, et plus loin encore. Le météore se déplace, il promène avec lui son secret. On est à la fois en relation avec une vie intérieure très dense et avec l'agitation carnavalesque du monde extérieur. Certaines forces sont en présence : méditantes, réflexives, grotesques, dérisoires.
Arrivé à la fin, je ne suis pas sûr que Baume soit un écrivain. Plus j'ai voulu m'approcher de son énigme et plus celle-ci s'est renforcée : de sorte que ce livre est la vision de l'énigme bien plus que sa résolution. On s'est déplacé d'un pôle mélancolique via Prague et les fantômes de la mitteleuropa vers un pôle burlesque et chimérique pour basculer finalement dans un royaume d'opérette aux confins de l'Inde et du Népal. Manière comique de donner raison au fameux apocryphe de Malraux : le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas. Le spectacle est commencé.
L'ensemble est raconté par un narrateur discret, Jacques Cambray, qui a été, en quelque sorte, le témoin de Baume. Il voit les choses à sa manière, on doit lui faire confiance. Chemin faisant, il construit un curieux objet littéraire. Autobiographie ? Portrait ? Journal ? Chronique ? Aventure ? Après tout, l'écrivain, c'est peut-être lui. » M.C.