Metin Arditi
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Quelle a été la vraie vie de Jésus ?
À Nazareth, au début de notre ère, deux très jeunes enfants jouent dans la rue. « Mamzer ! » lance l'un à son camarade. « Bâtard ! ». Personne, dans le petit village de Nazareth, n'ignore que Marie a fauté avec un légionnaire romain. Elle est une fille-mère, rejetée et méprisée. Jésus comprend pourquoi, tout autant qu'elle, il sera à jamais exclu de sa communauté : telle est l'exigence de la loi juive à l'égard des bâtards.
Grandissant, Jésus n'a d'autre entreprise que de réformer cette règle d'exclusion. Jusqu'au jour où il rencontre un autre mamzer. Outre d'être un bâtard, Judas est laid, brillant, et révolutionnaire. Il a un plan. S'appuyant sur le beau, non moins brillant, et réformateur Jésus, il met en marche sa vengeance. Quelle est la part de sincérité, quelle est la part de calcul de ces deux jeunes hommes parcourant la Palestine avec un message d'inclusion ?
Un roman audacieux, étonnant, passionnant, qui réinterprète la vie de Jésus dans ses plus grands épisodes. Sa présentation aux docteurs de la loi, son sermon sur la Montagne, la multiplication des pains, les quarante jours dans le désert, tant d'autres moments de la culture religieuse universelle sont revisités à l'aune de l'inguérissable blessure d'enfance de Jésus et de sa relation aussi fructueuse que dangereuse avec Judas. -
Se pourrait-il qu'un tableau célèbre - dont la signature présente une anomalie chromatique - soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait "le Turquetto" (le petit Turc) ? Metin Arditi s'est intéressé à ce personnage.
Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d'un employé du marché aux esclaves s'exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d'emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin.
Il est au sommet de sa gloire lorsqu'une liaison le dévoile et l'amène à comparaître devant les tribunaux de Venise... Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d'images, son soudain départ... Puis le lecteur retrouve le Turquetto à l'âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s'accomplissent son ascension puis sa chute.
Rythmé, coloré, tout en tableaux miniature, le livre de Metin Arditi convoque les thèmes de la filiation, des rapports de l'art avec le pouvoir, et de la synthèse des influences religieuses qui est la marque particulière du Turquetto. Né en Turquie, familier de l'Italie comme de la Grèce, Metin Arditi est à la confluence de plusieurs langues, traditions et sources d'inspiration. Sa rencontre avec le Turquetto ne doit rien au hasard, ni à l'histoire de l'art.
Car pour incarner ce peintre d'exception, il fallait d'abord toute l'empathie - et le regard - d'un romancier à sa mesure.
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Acre, quartier juif, 1078. Avner, qui a quatorze ans, pêche avec son père. À l'occasion d'une livraison à un monastère, son regard tombe sur une icône. C'est l'éblouissement. « Il ne s'agit pas d'un portrait mais d'un objet sacré, lui dit le supérieur du monastère. On ne peint pas une icône, on l'écrit, et on ne peut le faire qu'en ayant une foi profonde ».
Avner n'aura de cesse de pouvoir « écrire ». Et tant pis s'il n'a pas la foi, il fait comme si, acquiert les techniques, apprend les textes sacrés, se fait baptiser, quitte les siens. Mansour, un marchand ambulant musulman, le prend sous son aile. C'est l'occasion d'un merveilleux voyage initiatique d'Acre à Nazareth, de Césarée à Jérusalem, puis à Bethlehem, jusqu'au monastère de Mar Saba, en plein désert de Judée, où Avner reste dix années où il devient l'un des plus grands iconographes de Palestine.
Refusant de s'astreindre aux canons rigides de l'Eglise qui obligent à ne représenter que Dieu et les saints, il ose reproduire des visages de gens de la vie ordinaire, cherchant dans chaque être sa part de divin, sa beauté. C'est un triomphe, c'est un scandale. Se prend-il pour un prophète ? Il est chassé, son oeuvre est brûlée. Quel sera le destin final d'un homme qui a osé défier l'ordre établi ?
Le roman de l'artiste qui, envers et contre tous les ordres établis, tente d'apporter de la grâce au monde. -
Vérone, 1978. Renato, sept ans, entretient avec son père une relation merveilleuse, que bouleverse l'enlèvement de l'homme d'affaires par un commando des Brigades rouges. Lorsqu'elles le relâchent après paiement d'une rançon, il n'est plus qu'une ombre. Laminé, honteux, il met fin à ses jours. Renato et sa mère s'exilent en Suisse. Le jeune garçon y développe le goût des hautes cimes et celui du théâtre, où il excelle. Mal entendant, il se sent à l'aise dans cet univers où les mots sont connus par avance et où son handicap peut être caché. Dix ans plus tard, pour sa dernière année de scolarité, il est inscrit dans un internat de Lausanne. Il y vit des moments difficiles, croise le professeur Paolo Mantegazza, un Italien, responsable des activités théâtrales, comme lui passionné de haute montagne. Une amitié elle aussi merveilleuse s'établit entre les deux, faite d'admiration réciproque et de grande estime. Renato voit en lui un père de substitution. Très vite, pourtant, on apprend que Paolo Mantegazza n'est nul autre que Paolo Rivolta, un ancien des Brigades rouges dont il était le principal théoricien. Onze ans plus tôt, c'était lui qui avait machiné l'enlèvement du père de Renato.
Que va faire le maître ? Comment va réagir l'élève ? Qu'adviendra-t-il de cette amitié foudroyée ? Quel jeu jouera la belle Josy, maîtresse de l'Italien, qui enseigne le hip-hop à l'Institut ? Une paternité peut-elle se reconstruire ? -
Fin de l'été 1950, au large des côtes turques. L'île grecque de Saint Spyridon vit au ralenti. Petite, caillouteuse, rugueuse, dure au mal, elle souffre. Après les quatre années de guerre civile qui ont bouleversé le pays, la misère est partout, les gens ont faim.
Odile, photographe à Paris, y possède une maison. Elle a appris le grec, aime profondément l'endroit, photographie ses habitants avec passion. Ils ont développé une affection d'abord méfiante puis sincère pour I Gallida, la Française, comme ils la surnomment. Une jeune fille de l'île, Clio, l'aide au ménage. Se développe entre la Française et la jeune Grecque une amitié complice. Pénélope, la fille d'Odile, la vit douloureusement. Du même âge que Clio, elle lui voue une détestation violente.
Arrivée à l'âge où tant de filles de l'île prennent le voile, Clio entre au monastère de l'île. L'higoumène y tient ses ouailles d'une main de fer. L'irruption d'un appareil photographique au sein du monastère bouleversera la vie des moniales dans un sens inattendu.
Pénélope disparaît. L'île est en émoi. À Paris, une exposition de photos qu'elle avait prises au monastère crée le scandale. A Saint Spyridon, Odile devient une réprouvée. On la conspue, on l'injurie. Où est Pénélope ? Qu'a fait la Française ?
Mystérieux et âpre comme l'île, le roman de Metin Arditi brasse ses thèmes favoris : l'art, l'exil, le mystère de la filiation, la foi et le rapport au corps. La tragédie est toujours grecque. -
À Kalamaki, île grecque dévastée par la crise, trois personnages vivent l'un près de l'autre, chacun perdu au fond de sa solitude. Le petit Yannis, muré dans son silence, mesure mille choses, compare les chiffres à ceux de la veille et calcule l'ordre du monde. Maraki, sa mère, se lève aux aurores et gagne sa vie en pêchant à la palangre. Eliot, architecte retraité qui a perdu sa fille, poursuit l'étude qu'elle avait entreprise, parcourt la Grèce à la recherche du Nombre d'Or, raconte à Yannis les grands mythes de l'Antiquité, la vie des dieux, leurs passions et leurs forfaits... Un projet d'hôtel va mettre la population en émoi. Ne vaudrait-il pas mieux construire une école, sorte de phalanstère qui réunirait de brillants sujets et les préparerait à diriger le monde ?
Lequel des deux projets l'emportera ? Alors que l'île s'interroge sur le choix à faire, d'autres rapports se dessinent entre ces trois personnages, grâce à l'amitié bouleversante qui s'installe entre l'enfant autiste et l'homme vieillissant. -
Qui est Rachel, enfant qui aimait raconter des histoires, devenue une dramaturge acclamée sur toutes les grandes scènes du monde ?
Avec ses parents, des Juifs de Palestine, elle habite Jaffa au début du xxe siècle. Ils partagent leur maison avec les Khalifa, des Arabes chrétiens. Les deux familles n'en font qu'une, jusqu'à ce que l'Histoire s'en mêle. Conflits religieux, guerres... Dans les tempêtes, Rachel tient bon grâce à l'art, à sa vocation absolue pour le théâtre. Elle organise le monde sur scène, tandis que sa vie est agitée d'amours et de deuils, d'obstacles et d'exils. De Palestine en Turquie, de Turquie en France, elle affronte, intrépide, amoureuse, un monde hostile, créant une oeuvre bouleversante.
Un inoubliable portrait de femme. -
Janvier 2016 : une jeune étudiante à l'université de Venise est retrouvée noyée dans la lagune. C'est le début d'une série d'assassinats dont on ne comprend pas le motif. Elle consacrait une thèse à l'une des principales confréries du xvie siècle, qui avait été la cible d'une série de crimes durant le Carnaval de Venise en 1575, baptisé par les historiens « Carnaval noir »...
Cinq siècles plus tard, les mêmes obscurantistes qui croyaient faire le bien en semant la terreur seraient-ils toujours actifs ? Bénédict Hugues, professeur de latin à l'université de Genève, parviendra-t-il à déjouer une machination ourdie par l'alliance contre-nature d'un groupuscule d'extrême droite de la Curie romaine et de mercenaires de Daech, visant à éliminer un pape jugé trop bienveillant à l'égard des migrants ?
À croire que l'Histoire se répète éternellement, que le combat entre le fanatisme et la raison n'en finit jamais, et que la folie des hommes est sans limite...
Dans ce roman riche de suspense, de passion et de savoir, Metin Arditi se révèle, une fois encore, un conteur exceptionnel. -
Un père peut-il être un homme comme les autres ? Metin Arditi évoque le souvenir du sien, mort il y a vingt ans. En pélerinage dans les Grisons, où son père aimait aller, à sa table de travail, dans un bar d'hôtel, Metin Arditi rappelle à lui les souvenirs. Au fur et à mesure qu'ils reviennent, le portrait se précise, le non-dit s'entend, la vérité affleure.
Revenant à son enfance stambouliote, il retrouve son père avec des yeux de petit garçon ébloui : un homme toujours élégant, admirable et admiré, héros d'une famille juive cosmopolite. Il revit ses onze années d'internat en Suisse, un inoubliable amour d'adolescent avec Géraldine Chaplin, les leçons de sagesse offerts par ce père qu'il voyait à peine, et notamment : « Les livres, c'est autre chose. » Au fil de l'écriture, il revient sur l'éloignement et ses déchirures, l'affrontement sur la question juive, et la quête de l'estime d'un père qu'il continue de chercher après sa mort.
Un récit bouleversant, d'homme à homme. -
Dictionnaire amoureux : dictionnaire amoureux d'Istanbul
Metin Arditi
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 20 Janvier 2022
- 9782259306904
Cette ville - celle de mon enfance - a tout eu, tout reçu, tout connu. Des empereurs et des sultans, des personnages de légende, des artistes raffinés, des architectes géniaux, des favorites diaboliques et des marchands d'armes d'une habileté hors du commun. On s'y régale de mets d'une rare finesse, on y hume des senteurs troublantes, on déambule au milieu de bruits jamais entendus, on y vit des passions qu'il vaut mieux taire, et lorsque l'on se trouve sur l'une de ses collines, où que se porte le regard, on a le sentiment d'être au Royaume des royaumes.
Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ? Devant une église orthodoxe ou une mosquée ? Dans une citerne ou une basilique ? Le quartier que nous visitons est-il grec ? Juif ? Génois ou vénitien ? Sommes-nous rive gauche ou rive droite de la Corne d'Or ? Face au Bosphore, à la mer Marmara ou à la mer Noire ? Où irons-nous déjeuner, tout à l'heure, en Europe ou en Asie ?
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La confrérie des moines volants
Metin Arditi
- Grasset
- Litterature Francaise
- 21 Août 2013
- 9782246804390
1937. Le régime soviétique pille, vend et détruit les trésors de l'Eglise russe. Il ferme plus de mille monastères. Des centaines de milliers de prêtres et de moines sont exécutés. Les plus chanceux s'échappent, vivant cachés dans les forêts.
Voici l'histoire de Nikodime, qui, avec l'aide d'une poignée de moines-vagabonds, tente de sauver les plus beaux trésors de l'art sacré orthodoxe. Où l'on rencontrera un ancien trapéziste, un novice de vingt ans et quelques autres fous de Dieu. De l'avant-guerre à nos jours, de la Russie bolchévique à la Moscou des milliardaires et des galeries d'art, l'étourdissante histoire de quelques hommes de courage.
Et puis, bien sûr, il y a Irina. Elle fuit l'Enfer, traverse l'Europe, arrive à Paris, change d'identité... Elle est au coeur de cette lumineuse histoire de résistance et de rédemption. -
Les frères Louganis se sont établis dans les années trente à Spetses, une île proche du Pirée. Ils sont devenus pêcheurs, ont construit une maison, pris femme, fondé leur famille. Des années plus tard, à bord de leur caïque, ils meurent dans l'explosion d'un pain de dynamite, laissant deux enfants : Pavlina et Aris. Cette mort n'est pas un accident mais un crime doublé d'un suicide : la veille, Spiros Louganis a découvert que sa femme Magda l'a un jour trompé avec son frère - et qu'il n'est pas le vrai père de Pavlina.
Adolescente, Pavlina est amoureuse de son " cousin " qui a restauré le caïque familial pour promener les touristes à la belle saison. Elle l'aide dans ce travail, s'enivrant de la beauté solaire de l'île et de la séduction d'Aris. mais celui-ci aime les garçons. Cependant, un soir où son homosexualité a été publiquement insultée, il couche avec Pavlina. Puis se tue. La laissant enceinte.
Sa mère, et le père Kosmas à qui elle s'est confessée, savent qu'Aris était le frère de Pavlina. Sans lui dire la vérité, ils la persuadent de donner son enfant à l'adoption, dès le jour de la naissance, pour lui assurer un nom, une éducation, un avenir dans une riche famille athénienne.
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Anne-Catherine avait appris à ouvrir une porte comme on apprend la valse ou les arts de la table, dans le souci de marquer son rang. Elle y avait mis ce qu'il fallait d'impatience et de sécheresse pour faire comprendre au visiteur Vous êtes ici chez moi, mon cher monsieur. Si je veux, je vous chasse. Sa poignée de main, courte et sûre, était celle d'une sportive. Je l'imaginai montant à douze ans des chevaux nommés Hoola-Hop, Confiture, ou Zarathoustra. Mille et une excuses, je vous ai fait attendre ! Vous voulez bien me pardonner ? Ses excuses sonnaient si faux que du coup elles étaient d'une franchise absolue : Vous avez droit à des excuses de façade, mon bon monsieur. Vous ne vous attendiez pas à ce qu'elles soient sincères ?
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Kandiotis ! Kandiotis ! Kandiotis ! La France résonne du nom du richissime mécène Kandiotis, invité au journal télévisé de 20h pour annoncer le don à la France de deux tableaux, l'un de Picasso, l'autre de Braque, qui portent le même nom, Juliette dans son bain.
Est-il possible de bâtir une grande fortune sans se faire d'ennemis? Voilà la question à laquelle Ronald Kandiotis se voit confronté sitôt cette glorieuse annonce faite : sa fille Lara est enlevée ! Qui se cache derrière la mystérieuse « Association des Victimes » qui révèle au public par des messages successifs les turpitudes réelles ou supposées du milliardaire ?
En mêlant avec brio l'intrigue policière et la satire sociale, Metin Arditi dresse le portrait d'un homme ambigu, tiraillé entre le succès et l'isolement, le talent et l'ambition, le cynisme et l'humanité. Une grande vie, un grand personnage. -
Dictionnaire amoureux : de l'esprit français
Metin Arditi, Alain Bouldouyre
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 17 Janvier 2019
- 9782259263290
« On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière, « C'est la grande règle, et pour ainsi dire la seule ».
Partant de cet indiscutable constat, l'auteur de ce dictionnaire, lui-même amoureux comme personne de l'esprit français, examine d'une plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles s'incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d'élégance, le sens de l'apparat, le souci de légèreté, l'humour, l'art de la conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse du chant classique « à la française », le penchant pour la théâtralité, l'amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache, et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette, mais aussi de Teilhard de Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l'exercice de leurs talents.
L'esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd... Ne pas faire le besogneux... Comment plaire, sinon ?
Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a un prix, qu'un tel bonheur ne vient pas sans facture. À défaut, l'esprit français ne serait pas ce qu'il est... Sans vouloir transformer un pays qui, c'est heureux, n'est pas transformable, on pourrait peut-être imaginer, ça et là, quelques mesures aptes à diminuer le montant de l'addition.
À l'heure où chacun s'interroge sur la délicate question de l'identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l'esprit français est un cadeau.
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Chef d'orchestre de renommée mondiale, Alexis Kandilis est au sommet de la gloire quand commence à souffler un vent contraire. De la bourgeoisie genevoise à la jet set des mécènes, de l'arrogance à la folie, de la vanité à la dépossession, il lui faudra vivre un parcours tourmenté, contre les forces du destin, vers le coeur véritable de la musique.
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L'Institut Alderson, pensionnat suisse pour gosses de riches, traverse des jours difficiles et pourrait changer de propriétaire.
Aussi le petit cénacle des professeurs vit-il des jours angoissés. Ici chacun panse une blessure ou dissimule un secret : un deuil, le vice du jeu, le déshonneur d'avoir été "collabo", la lâcheté déguisée en pacifisme, l'opprobre antisémite, des amours "contre nature", le sentiment d'avoir été abandonné... Dans ce refuge de solitudes et de destins brisés, la paroi des silences se fendille peu à peu, laissant à nu des êtres qui doutent autant d'aimer les autres que de s'aimer eux-mêmes.
En courts chapitres extrêmement prenants, Metin Arditi raconte ces quelques mois de crise. Il pousse chacun de ses personnages à assumer ses faiblesses. Metin Arditi est un conteur hors pair et son roman est de ceux qui captivent. Le théâtre, la danse, la littérature nourrissent un récit bondissant, aux ramifications multiples, qui pourtant jamais ne s'écarte de sa magistrale orchestration.
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Dictionnaire amoureux : de la Suisse
Metin Arditi
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 2 Mars 2017
- 9782259249447
La Suisse, cette belle inconnue...
" Qui suis-je pour écrire un tel dictionnaire ? Un Suisse à quatre sous, comme on dit ici. L'expression vient du fait que tout naturalisé doit payer sa dîme. Je suis né en Turquie. J'ai grandi au bord du lac Léman, à Paudex, petite, très petite commune vaudoise où mes parents m'ont placé en internat à l'âge de 7 ans. J'y suis resté jusqu'à la maturité (comme on appelle le baccalauréat suisse). Après mes études et quelques stages, je me suis installé à Genève, ville superbe que j'aime tant. Dire que ce pays m'a beaucoup donné serait dire peu. Il m'a comblé. Comment le remercier ?
Un mot de Saint Augustin nous est souvent servi pour nous donner bonne conscience. Ama et quod vis fac. Aime et fais ce qu'il te plaît, dit Augustin. Si tu aimes, tu feras juste. La citation mérite qu'on s'y arrête. En réalité, il s'agit d'une retro-traduction du français au latin, la langue dans laquelle Saint Augustin a écrit. Car l'un des termes n'est pas de lui. Pour le mot " aimer ", il utilise le verbe diligere. La citation exacte est : Dilige et quod vis fac. Dilige, c'est à dire : aime, mais avec distance. Aime sans accaparer. C'est ainsi que je veux, que je dois aimer la Suisse si je veux m'acquitter de ma dette. Avec distance. En étranger. C'est donc en étranger que je veux aimer ma Suisse, décrire quelques aspects de mon pays qui n'est pas le mien. En étranger que j'espère faire découvrir au lecteur une Suisse paradoxale, tantôt d'une pièce tantôt de mille, souvent inattendue, toujours attachante. Certaines de ses facettes sont d'une simplicité absolue, d'autres insaisissables de complexité. Ensemble elles constituent un pays vibrant et beau, souvent secret, quelques fois imparfait. On l'aime alors encore plus, de la même manière qu'un homme s'attache aux défauts d'une femme presque parfaite, car ce sont eux qui lui donnent son humanité. -
Armand Hugues est un homme impeccable. Son mariage, sa banque, sa fameuse collection de lettres d?écrivains, tout dans sa vie est précis, contrôlé. Toutefois, lorsqu?on lui propose l?acquisition d?un manuscrit inédit de Kafka, son existence bascule. Sa rencontre avec Tatiana, jeune soprano venue participer à un concours de chant dans la salle mythique du Victoria-Hall, malmène ses certitudes.Dans l'intimité d'une Genève discrète et exigeante, le lecteur découvre les hésitations d?un homme qui lentement se libère et s?initie au plaisir de la légèreté.
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Placards & Libelles Tome 3 : le onzième commandement : quand obéir, c'est trahir
Metin Arditi
- Cerf
- Placards & Libelles
- 4 Novembre 2021
- 9782204144803
Retour à l'origine de l'imprimé. En une grande feuille pliée en quatre, à afficher, à déplier, à lire et à partager, un grand intellectuel intervient sur l'actualité pour éclairer le jugement de l'opinion. Une réinvention radicale du livre et de la librairie, ultra-moderne dans son archaïsme. Le meilleur de la pensée en condensé et en instantané.
PLACARDS ET LIBELLES ? À la Renaissance, au moment de la révolution Gutenberg, l'imprimé devient le levier des combats d'opinion et un instrument de liberté. Sur une seule feuille, recto et verso, se déroule un texte d'intervention pour alerter, critiquer, mobiliser en rompant avec les discours officiels. On l'affiche sur les murs, on la plie en quatre pour qu'elle circule sous le manteau, on la communique. Aujourd'hui, à l'heure d'internet, Le Cerf renoue avec cette forme et formule originelle en donnant une libre parole à un intellectuel majeur sur l'actualité longue ou immédiate. Une aventure éditoriale qui reprend également le fil de la revue fondatrice de la maison entre 1928 et 1956, La Vie intellectuelle, animée par Jacques Maritain, Étienne Gilson et François Mauriac. Un samizdat et dazibao pour penser aujourd'hui afin que le débat continue... Paraît tous les quinze jours à 2,50 euros.
Pour cette nouvelle parution du quinzomadaire mono-feuille qui commente autrement l'actualité, un intellectuel s'empare du sujet débattu, clivant, polémique du jour afin d'éclairer différemment ses contemporains. -
À une heure de sa mort, Sigmund Freud voit resurgir ses démons. Grégoire Karakoff, un chef d'orchestre immense, comprend qu'il est lâché par sa mémoire autant que par ses musiciens. Cornelius Van Gogh vit l'agonie du père dont le fils est un génie insupportable.
Trois monologues, trois réflexions sur la vie, trois solitudes. -
Constantinople, fin de l'Empire ottoman. Gülgül, jeune lutteur au palais du sultan, est formé aux mystères de la calligraphie. Par quel miracle ? On apprendra vite qu'il est le fils caché du calligraphe personnel du sultan. Né d'un père Juif converti à l'islam et d'une mère chrétienne, élancé et d'une rare beauté, il incarne le cosmopolitisme de l'empire finissant.
Le voici mêlé malgré lui à une ténébreuse affaire de faux, ourdie par des marchands du Bazar aux dépens du sultan. Il la dévoilera.
À la chute de l'Empire, il est engagé dans une maison close, où un couple de prostituées le prend en affection et l'associe à ses ébats. Elles lui apprennent la danse orientale, un art où il excellera, déguisé en femme.
Le cosmopolitisme de Constantinople dégénère en tensions ethniques. Dans l'Empire devenu République, Kemal Atatürk modernise le pays à marche forcée. Champion national de lutte, héros de la jeune nation, Gülgül s'attirera l'admiration du nouveau maître. Un complot visant à assassiner Atatürk sera déjoué grâce à lui. Un amour improbable le liera à Bella, une grande bourgeoise plus âgée que lui.
Entre art délicat de la calligraphie et mystères des maisons closes, entre nationalisme sportif et conspiration politique, Le danseur oriental brosse le tableau envoûtant d'une Constantinople décadente. -
En une journée, la vie d'Aldo Neri, violoniste virtuose et reconnu, va basculer : alors qu'il doit donner un grand concert à Paris, il reçoit une enveloppe à son hôtel, adressée par le psychanalyste de sa mère, contenant des liasses de feuillets manuscrits rédigés par celle-ci peu avant son suicide...