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La chronique de voyage, comme la photographie, semble un genre à la portée de tous. Tout le monde voyage, photographie, raconte ses péripéties. Mais aurions-nous remarqué ces images en suivant le même chemin que l'écrivain vagabond ? Et surtout, aurions-nous pensé à les transmettre ? Ecrire et photographier, c'est choisir et donner à voir. Marc Mangin parcourt l'Inde du Nord dans La voie du boeuf, puis le Pakistan et la Chine dans les Chroniques du Madjikistan. Il les déshabille des clichés habituels. Il va chercher ce qui est là et non ce que l'on s'attend à y trouver. En Inde se côtoient une modernité fragile et une crasse effroyable. Mais la fierté et l'intelligence s'opposent à un néo-colonialisme qui s'ignore dans une conférence économique franco-indienne comme la volonté obtuse à la quête mystique de certains Occidentaux. Au Pakistan, la douceur de l'accueil le long de la Karakorum Highway pendant le Ramadan dément tous les poncifs habituels sur ce « pays du diable ». La Chine se peuple de rencontres et d'échanges joyeusement humains loin de l'image de l'altérité absolue que l'on a pu lui donner. Voyager sans a priori consiste aussi à offrir ce que l'on est, sans fard et sans compromis. Comme dans Tu m'as conquis Tchador, chronique d'un voyage en Iran paru en 2010 chez Sipayat, Marc Mangin existe avec toute son histoire dans ses récits. Ils nous livrent un homme et un regard sur d'autres hommes qui aplanissent les frontières construites pour nous dresser les uns contre les autres.
Anne Fourreau -
Chronique d'un voyage pédestre en Corée du sud, le long du 38e parallèle (frontière avec la Corée du Nord)
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Le rétablissement de relations presque normales entre Téharan et la communauté internationale, en 2015, a balayé les fantasmes et les craintes que l'Iran nourrissait depuis 1979. Ostracisé pendant plus de trente cinq ans, le pays des ayatollahs est devenu, d'un seul coup, The place where to go !
Marc Mangin a sillonné ce pays, sac au dos, sur plus de sept mille kilomètres, à la faveur d'une élection présidentielle qui révéla au monde entier le gouffre qui sépare les Iraniens de leur régime. Sur fond d'actualité, Tu m'as conquis tchador évite les travers du journal électoral pour rester dans la chronique d'un voyage peuplé de rencontres dont certaines tout droit sorties de l'univers d'Hadji Baba.
Charmé par le pays, l'auteur nous invite à le suivre, dans une langue imagée et pleine d'humour, du bazar de Tabriz à Kerman en passant par les palais de Kashan, Ispahan, les jardins de Shiraz et le désert de Yazd... L'histoire le rattrape et le journaliste assoupi en lui se réveille. Arrêté le 18 juin dans une manifestation, il sera assigné à résidence plusieurs jours à Ispahan. Il quittera finalement l'Iran pour la Turquie, le 14 juillet «Un bon jour pour embastiller un Français » ironise-t-il, après que les autorités aient rejeté sa demande de renouvellement de visa. Il met alors le cap vers l'Asie centrale et entraîne le lecteur aux Pamirs, région du Tadjikistan qu'il compare au paradis sur Terre.
Tu m'as conquis tchador a fait l'objet d'une première édition, chez Sipayat, en 2010. -
Ce devait être une balade en solitaire pour un face à face longtemps reporté entre un homme et les Philippines, archipel méconnu que Marc Mangin sillonne depuis trente ans ; cela restera le voyage interrompu par la mort de la mère. Le voyage devient alors le lieu où le passé s'invite dans le présent. Pour autant, la roue tourne, mais ne s'arrête pas. Show must go on! Même déboussolé, sans carte.
D'un ouvrage à l'autre, Marc Mangin s'éloigne du « guide de voyage » ou du simple « compte rendu » pour travailler une écriture singulière où se mêlent tendresse et humour, observations et réflexions. Chroniques écrites en voyage, plus que chroniques de voyage, ces textes composent un journal de rencontres avec un peuple mais aussi un pays. Pas plus aux Philippines qu'ailleurs, l'auteur ne se prend pour Christophe Colomb « découvrant » les terres qu'il aborde et c'est bien ce qui distingue le « voyageur » de « l'explorateur ».
Sa connaissance du pays, dans le temps, nous épargne le regard exotique que pose souvent l'Occidental lorsqu'il découvre les tropiques. Marc Mangin n'est pas là pour s'extasier devant les couchers de soleil ni les fonds marins. Il n'est pas là pour faire du prosélytisme et, d'ailleurs, le harcèlement dont il est l'objet ne le fait pas rire ; il sait cependant le contourner pour en faire le fil conducteur de son récit. Hindi Kano est un peu l'histoire de Joe... qui n'est pas Américain. -
Comme les eaux tumultueuses du Mékong qu'il a décidé de remonter, Marc Mangin louvoie sur dix mille kilomètres, depuis le delta du fleuve, au sud du Viêt-nam, jusqu'au nord du Laos. Il a renoncé, momentanément, à pousser jusqu'aux sources, sur les hauts plateaux du Qinghai dans une Chine où les étrangers sont de moins en moins bienvenus. C'est un vrai voyage, où les imprévus s'enchainent, traçant une route différente de celle envisagée au départ, mais il a le temps : cinq mois... et plus si affinités. Il en profite pour observer la mutation de cette partie de l'Asie et des voyageurs qu'elle attire, toujours plus nombreux, mais de moins en moins routard à l'instar du visuel du « guide suprême », qui a troqué ses allures de bohème contre le look propret des gosses des beaux quartiers.
Marc Mangin voyage accompagné de ses souvenirs ; les terres de Marguerite Duras croisent les pistes de latérite africaines, la cuvette de Dien Bien Phu celle d'une bande de ripoux philippins... Notre auteur ne joue pas les « guides », il vagabonde au gré de ses pensées et de la route avec pour seul objectif : être là ; pas de site particulier à visiter, pas d'impératif de selfie pour prouver qu'il « y est », qu'il « l'a fait ». Et puis, il arrive un moment dans la vie du voyageur où l'exotisme produit un effet plus répulsif qu'attractif, comme le feraient les pôles nord de deux aimants placés face à face. Alors notre « vagabondeur », comme il se définit, ne cherche pas la rencontre à tout prix, à n'importe quel prix, écrit-il, paraphrasant Giono ; elle n'est pas indispensable, elle dépend du partage qui, développement du tourisme de masse aidant, devient de plus en plus rare.
Il pleut pendant ce voyage, autant que dans "Les Saisons" de Maurice Pons, et cela donne parfois une certaine mélancolie à ces chroniques, terme qu'il préfère à celui de récit ; une mélancolie propice à la contemplation en sirotant une bière bien fraîche ou un café glacé avant de sauter dans un bus qui ne l'emporte jamais ailleurs, mais ici et maintenant, dans ce qui fait qu'il est, hors de toutes parenthèses, de toute vacance. -
Oeuvres complètes Tome 1 : Écrits sur la route
Marc Mangin
- Oeil pour Oeil
- 14 Décembre 2024
- 9782959763205
Ce volume regroupe l'intégral des écrits de voyages de Marc Mangin, notamment :
- Tu m'as conquis tchador
- La Voie du Boeuf
- Au Sud de la frontière
- Hindi Kano
- Chroniques indochinoises
Il s'agit de chroniques publiées en voyage, entre 2009 et 2019, en Iran, Chine, Inde, Asie centrale, Corée, Philippines, péninsule indochinoise...