« Mon père l'a affirmé haut et fort. Il voulait, après sa mort, se réincarner en train. Ainsi les vaches le regarderaient-elles passer. C'était peut-être son idée de la félicité. Ou, comme souvent avec lui, la douceur de l'image, sa simplicité.
Mon père est vivant. Il est malade depuis des années maintenant. Terriblement. Il file déjà, à pas lents, à travers le paysage. Qu'il soit pourtant, et à l'avance, exaucé : même si je ne suis pas une vache aux longs cils et au regard humide, même si je ne fais pas le poids, je veux le regarder passer, observer sa vie et ce qu'est devenue la mienne. Je ne vais cependant pas me contenter de ruminer ; il y a tant de belles choses à raconter. »
Dans ce paradis étroit qu'est le trottoir de la sortie de l'école, Bertrand rayonne. Il observe avec un regard à la fois amoureux et tendre ces jeunes mères de famille qui se trouvent trop bousculées, trop déprimées, trop désoeuvrées, trop vieillissantes déjà. Elles attendent leurs mômes. Puis elles rentreront chez elles, pour hâter le diner familial qui n'a plus rien de glam, car le père des enfants a filé à l'anglaise avec une copine, ou au contraire se contente de soirées léthargiques.
Bertrand, lui, réinvente ces jeunes Parisiennes modernes. A soixante ans sonnés, il pourrait bien être leur père, pourtant il a un charme gourmand qui les grise et les pousse à briser le traintrain de leur vie, à dérider leurs yeux cernés, et envoyer valdinguer les drames minuscules.
Satire contemporaine loufoque, Femmes à rénover est un roman impitoyable et déluré, écrit par deux jeunes romancières au regard acide et à l'imagination drolatique.