C'est le jeune Niannian qui raconte l'incroyable fléau qui s'est abattu sur le petit village des monts Funiu. On l'appelle l'idiot, bien qu'il ait parfois l'esprit aussi clair qu'un pan de ciel bleu, et il se sent bien en peine de raconter ce qui s'est passé. Mais voilà, leur voisin le grand écrivain Yan Lianke a vu son esprit se dessécher et son inspiration tarir, alors il faut bien que Niannian s'acquitte de cette tâche à sa place. Niannian implore les esprits de lui venir en aide car les gens de son village ont sombré dans une épidémie de somnambulisme. Les jours se succèdent mais le soleil se refuse à poindre. Et dans cette nuit perpétuelle les hommes transgressent tout?: la morale, le bon sens, les convenances, ils réalisent leurs désirs les plus secrets et se livrent à la violence.
Faut-il voir ce monde insensé comme une allégorie de la réalité?? C'est un roman à la puissance visionnaire et à l'humour dévastateur qui vous empoigne et vous emporte tout frissonnant dans sa nuit de cauchemar.
Depuis toujours, les habitants d'un village perdu au coeur des montages luttent pour survivre à une maladie qui les emporte avant quarante ans. Depuis toujours Sima Lan, le chef du village, aime d'un amour fou la douce Sishi. Aujourd'hui Sima Lan se meurt et le cours du temps s'inverse, en un cheminement qui est celui des combats opiniâtres des hommes pour leur survie. Car ce que célèbre Yan Lianke en ce livre, c'est le courage, l'obstination avec lesquels ces villageois entreprennent, à chaque génération, de titanesques travaux pour conjurer le mal qui empoisonne leur terre et leur eau, leur capacité à puiser au plus profond d'eux-mêmes aux sources de la vie, et de l'amour, dans l'espoir de continuer à entendre bruire la lumière et respirer l'odeur verte de la sève au printemps.
La sécheresse contraint la population d'un petit village de montagne à fuir vers des contrées plus clémentes. Incapable de marcher des jours durant, un vieil homme demeure, en compagnie d'un chien aveugle, à veiller sur un unique pied de maïs. Dès lors, pour l'aïeul comme pour la bête, chaque jour vécu sera une victoire sur la mort. Ce livre est d'une force et d'une beauté à la mesure de cette plaine où flamboie un soleil omniprésent. Le roman de Yan Lianke est un hymne à la vie. La fragilité et la puissance de la vie, et la volonté obstinée de l'homme de la faire germer, de l'entretenir, d'en assurer la transmission. C'est un acte de foi, aux confins du conte et du chant, à la langue comme jaillie de la nuit des temps ou des profondeurs les plus intimes de l'être.
Une autobiographie sous le signe des femmes de sa famille et sous leur regard.
Après avoir attendu pendant dix ans, j'ai senti un jour que je pouvais écrire Elles.
J'ai écrit leurs larmes, leurs rires, leurs silences et leurs fureurs. J'ai écrit leurs souffrances tues et leurs prises de conscience.
Pour l'écrire, j'ai employé toutes mes forces, ma sincérité, mon amour et ma compréhension des êtres, tout le respect et l'estime que je porte à ces femmes nées êtres humains.
C'est à sa mère, à ses soeurs, à ses tantes et aux femmes de son village que Yan Lianke pense en écrivant. Des femmes résistantes qui conjurent la misère en chantant, dont les magnifiques portraits se tissent de souvenirs d'enfance et d'analyses sur l'amour, le mariage et la condition des femmes dans la Chine rurale.
Zhalie est née du mariage entre une prostituée et un voleur qu'un rêve a réunis : celui de faire de ce village pauvre et déshérité une grandiose Babylone semblable aux immenses métropoles du monde. Chroniques d'une conquête, d'une ambition et d'une folie, c'est aussi l'histoire en accéléré de la construction d'une ville planétaire - parabole d'une Chine moderne tournée en dérision. Un monde bouleversé par les puissances conjuguées du pouvoir et de l'argent.
Et, comme si la nature se mettait au diapason de l'extravagance humaine, voici que les arbres reverdissent et que le temps est bouleversé. Il fallait cet humour magique et l'écriture flamboyante de Yan Lianke pour nous donner à lire cette épopée poétique née du mensonge et du vice.
You Sipo, qui était arrivée au village des monts Balou en chantant un air d'opéra, est désormais silencieuse, elle a trop à faire pour élever seule ses enfants malheureusement idiots de naissance. Alors qu'elle est à la recherche d'un « gens-complet » pour marier sa troisième fille, elle apprend que seule une décoction d'os humains venant d'un proche parent serait susceptible de guérir ses enfants. You Sipo fouille la tombe de son défunt époux, le médicament est efficace, mais le squelette du père ne suffit pas. You Sipo se décide au sacrifice suprême. Une dernière fois elle se promène dans le village endormi et retrouve sa voix, arrachant à leurs rêves tous ces gens qui au fil des ans l'ont tant méprisée et lui en ont tant voulu d'avoir fait de leur village celui des « quatre idiots ».
Lorsque Yan Lianke s'empare du célèbre slogan de la Révolution culturelle, c'est pour piétiner les tabous les plus sacrés de l'armée, de la révolution, de la sexualité et de la bienséance. De quoi donner une crise d'apoplexie au ministre de la Propagande chinois.
"Servir le peuple" devient, pour l'ordonnance d'un colonel de l'Armée populaire de la libération, l'injonction de satisfaire aux besoins sexuels de la femme de son supérieur. Le mari s'étant absenté pour deux mois, les deux amants passent leurs journées, cloîtrés dans la maison, où ils découvrent par hasard, en brisant une petite statue en plâtre de Mao, que ce geste sacrilège décuple leur désir. Dès lors, c'est à qui se montrera le plus « contrerévolutionnaire » en détruisant le maximum d'objet liés au Grand Timonier.
Sous les rayons du soleil couchant, la plaine du Henan est rouge, rouge comme le sang. Ce sang que vendent les habitants du Village des Ding pour connaître une vie meilleure. Mais, quelques années plus tard, atteints de « la fièvre », ils se flétrissent et quittent ce monde, emportés par le vent d'automne comme des feuilles mortes. Seul le fils du vieux Ding, qui a bâti sa fortune sur la collecte du sang, continue de s'enrichir en vendant des cercueils et en organisant des « mariages dans l'au-delà » pour unir ceux que la mort a séparés. Le Rêve du Village des Ding est un roman bouleversant. Bouleversant par la tragédie qu'il raconte, bouleversant parce qu'il n'est que la
fiction d'une réalité plus terrible encore. C'est l'histoire de centaines de milliers de paysans du Henan contaminés par le sida que l'auteur évoque dans ce roman d'une émotion poignante, traversé de rêves et de prémonitions. « Colère et passion sont l'âme de mon travail », dit Yan Lianke. Son livre est toujours interdit en Chine et l'auteur privé de parole.
« Je me suis assis pour écrire et je peux, à travers la vie et la mort de mon père, comprendre le monde, regarder en face ce qu'il y a de bon et de mauvais en moi, regarder en face la vie et la mort, la décadence et la prospérité de toutes choses, l'eau tarie du fleuve, les feuilles mortes, regarder en face, à travers ma propre vie, la disparition et la renaissance, la renaissance et la disparition de tout ce qui vit. »
Yan Lianke signe ici un roman épique, baroque, où la puissance de l'imaginaire s'appuie sur une construction savamment orchestrée et se pare d'une langue magnifique d'invention et de drôlerie. Un village isolé est devenu le refuge de tous les infirmes et éclopés de la région. Aveugles, borgnes, boiteux, sourds et paralytiques y coulent des jours paisibles en marge de l'Histoire. Tout change lorsque le chef du district décide d'unir ses habitants dans une incroyable troupe de cirque, dont le but est de réunir assez d'argent pour acheter aux Russes la momie de Lénine et attirer grâce à elle des foules de touristes.
Pour moi, c'est mon meilleur roman, un drame noir mais avec beaucoup d'humour, sexuellement débridé, joyeux, heureux. une réflexion profonde sur la société chinoise.
La question fondamentale du rôle de l'écrivain, et du pouvoir de la fiction, est au coeur de cet essai, qui s'interroge sur la capacité de la littérature à rendre compte du réel qui nous entoure. Yan Lianke retrace l'évolution d'un système de causalité absolue, à ce qu'il appelle le « mythoréalisme », la seule forme littéraire qui aille « à la recherche de ces noyaux atomiques enfouis qui font exploser la vie et la réalité » pour en découvrir les causes cachées et invisibles.
Si le mythoréalisme a toujours existé (la Bible, l'Iliade, l'Odyssée en sont de parfaites illustrations), il est aussi l'avenir nécessaire de la littérature chinoise, car il a la faculté de nous faire toucher du doigt la raison profonde « des éléments les plus chaotiques et incompréhensibles du passé et du présent ».
The reality of life in China today contrasts with the sunny optimism of the 'Chinese dream' in this gripping, gruesome dystopia from 'one of the masters of modern Chinese literature' (Jung Chang) One dusk in early June, in a town deep in the Balou mountains, fourteen-year-old Li Niannian notices that something strange is going on. As the residents would usually be settling down for the night, instead they start appearing in the streets and fields. There are people everywhere.
Li Niannian watches, mystified. But then he realises the people are dreamwalking, carrying on with their daily business as if the sun hadn't already gone down. And before too long, as more and more people succumb, in the black of night all hell breaks loose.
Set over the course of one night, The Day the Sun Died pits chaos and darkness against the sunny optimism of the 'Chinese dream' promoted by President Xi Jinping. We are thrown into the middle of an increasingly strange and troubling waking nightmare as Li Niannian and his father struggle to save the town, and persuade the beneficent sun to rise again.
Praise for Yan Lianke's books 'Nothing short of a masterpiece' Guardian 'A hyper-real tour de force, a blistering condemnation of political corruption and excess' Financial Times 'Mordant satire from a brave fabulist' Daily Mail 'Exuberant and imaginative' Sunday Times 'I can think of few better novelists than Yan, with his superlative gifts for storytelling and penetrating eye for truth' New York Times Book Review