On n'entre pas dans la Vallée des Saints. On y pénètre. On s'introduit entre ses versants ravinés d'argile. On s'enfonce entre ses mamelons de terre brûlante avec timidité. C'est un petit monde de formes rouges. On se prendrait à jouer l'Apache, le cactus, le serpent à sonnette. On découvre des figures et des postures humaines sur les parois et les pics ; des Saints, admettent les plus forts, ceux qui ont atteint la paix du Lembron.
Le Conclave du Chauvet, de Laurent Jaffro, est un ensemble de textes en prose et en vers sur des lieux évocateurs, en l'occurrence d'Auvergne. Une balade joyeuse de Zanières à Ambert, via, entre autres, le puy des Goules, sanctuaire des coulemelles priapiques, et une profonde incursion dans la Vallée des Saints.
La formule "moral sense" dont l'invention précisément datée remonte à 1699, est devenue une locution du langage courant. Elle désigne essentiellement une sensibilité du sujet aux normes et une certaine capacité à discerner les qualités morales des actions. Ce volume porte sur la formation du concept de sens moral aux XVII et XVIIIe siècles, notamment dans la pensée britannique et sur sa transformation ou sa critique chez Hume, Adam Smith, Rousseau et Kant. On insiste sur les hésitations qui caractérisent la notion et engagent dès sa formation, sa réception contrastée dans la philosophie morale.
Table des matières Laurent Jaffro, Introduction Laurent Jaffro, La formation de la doctrine du sens moral : Burnet, Shaftesbury, Hutcheson Alain Petit, Cudworth ou l'archaïsme anticipateur Jean-Michel Vienne, Deux formes de raison contre le sens moral : Locke et Bayle Jean-Pierre Cléro, Le sens moral chez Hume, Smith et Bentham Michèle Cohen-Halimi, Sentiment moral et disposition au bien dans la philosophie pratique de Kant Index
Comment une préférence esthétique peut-elle être plus juste qu'une autre? Les philosophes anglophones du XVIIIe siècle ont débattu de la « règle du goût », qui fait le titre d'un essai décisif de Hume. Deux traditions, empiriste et platonicienne, s'affrontent. En combinant vision d'ensemble et analyse des argumentations, ce livre retrace l'histoire de ce débat et le poursuit.
Les valeurs sont-elles analogues à des couleurs? Sont-elles des fantasmes ou des réalités? Une psychologie suffit-elle à éclairer le goût? Est-il semblable à un organe sensoriel ou est-il une émotion? Est-il plaisir ou jugement?
Une hypothèse : La diffusion des représentations de l'univers qu'induit la révolution scientifique modifie le regard sur les beautés de la nature et sur le sens de l'activité artiste.
Un parti-pris : Une bonne théorie se place sur un terrain commun au subjectivisme raisonnable de Hume et au cognitivisme modéré de Reid; elle met d'accord l'inspiration platonicienne, trop minorée, de l'esthétique anglophone, et la méthode psychologique.
Colomban a une chevelure bien longue et drue, complète. Sa chevelure tombe tout autour de sa sainte tête et fait une tente pudique où viennent s'abriter oiseaux, lichens, plaintes et rumeurs, et les souris sauvées de l'eau. Les rats grimpent pour y nicher. Sous sa chevelure, son visage qu'embrassent les papillons ivres de bruine, son visage, yeux clos, fait une petite arche de Noé, tandis que le monde autour, montagnes et vallées, s'est pulvérisé en crachin. Colomban, là-dessous, nourrit ses protégés de petites idées exactes et presque vides.
Matière, plaisir, bonheur sont sans aucun doute les trois thèmes essentiels de l'oeuvre du philosophe Jean Salem, disparu en janvier 2018. Ce sont aussi trois champs du questionnement philosophique que partagent celles et ceux, collègues et amis, qui lui rendent hommage dans ces pages.
L'ensemble que forment ces contributions porte sur les différentes périodes et questions dont Jean Salem était lui-même spécialiste, ou les aborde par des biais inattendus : l'atomisme et l'épicurisme de l'Antiquité, la philosophie classique et le matérialisme des Lumières, le matérialisme moderne et ses critiques, la tradition marxiste, le pragmatisme, la pensée économique, la philosophie du vin ou encore la lecture philosophique des oeuvres littéraires. Ce volume propose ainsi un aperçu de l'état des recherches sur le matérialisme, sous ses différentes formes et dans ses interactions avec les autres traditions philosophiques.
Comme malgré lui, le narrateur suit le cours d'une fantaisie qui l'entraîne au loin. Elle le pousse d'abord à sortir de son lit, elle l'engage à se laver les dents pour mettre un peu de fraîcheur dans la bouche qu'il a pâteuse, à rejoindre Hélène, dont il serait peut-être amoureux si elle voyait bien tout le prix qu'il attache au baiser, mais elle ne voit pas. Et c'est la rupture. Alors commence, par la sage rencontre de Nouvelle Hélène, serveuse de restaurant, une pérégrination fantasque qui l'amènera aux rives de la Seine, où l'attend Judex, personnage étonnamment fort, vraie maman. Ainsi se poursuit le cours où s'affrontent bientôt les arrière-pensées de l'amour, les petites douleurs de l'individu, les Grands Courants Sociaux, et d'autres choses encore. Ce premier roman d'un très jeune auteur se déroule avec la rapidité et la lucidité d'un éclair. On est pris. On n'a plus qu'à s'abandonner à la tension limpide d'une écriture qui coule de source, et qui tantôt nous fait rire, tantôt nous mène aux pièges de la plus sombre des réalités.
"A partir d'une enquête sur l'oeuvre de Shaftesbury (1671-1713), en qui Montesquieu et Diderot virent une figure fondatrice des Lumières, ce livre entend reprendre la question contemporaine de la communication. Deux problèmes sont aujourd'hui trop souvent séparés : celui de l'éthique de la discussion et de la formation d'un espace public (c'est l'objet de la réflexion de Jurgën Habermas et de Karl-Otto Apel, celui de la communication de la philosophie et de la manière dont elle s'adresse à son public) ce problème anima l'oeuvre de Leo Strauss. L'auteur montre l'unité de ces questions et prend position dans le débat contemporain sur les limites de l'idéal communicationnel.
La philosophie éthique et politique, qui cherche à promouvoir la liberté de penser et de discuter, doit préalablement réfléchir aux conditions de sa propre communication. C'est pourquoi Shaftesbury est le grand théoricien de l'écriture philosophique : qu'est-ce qu'écrire et être auteur pour un philosophe ? Et en même temps il préfigure les théories contemporaines de la discussion : qu'est-ce que s'entendre ? Selon quelles modalités les normes de l'entente peuvent-elles s'imposer à nous ?" Texte de couverture Table des matières Introduction, 7 Méthode et objet, 22 Etablissement des textes. Conventions, 33 1. L'enthousiasme ou l'état de nature de la communication, 37 1. L'affaire des prophètes, 38 2. Le projet d'une histoire naturelle de l'homme, 53 3. Extension et indifférenciation de l'enthousiasme, 60 4. Enthousiasme et personnification, 71 2. La culture de l'enthousiasme, 91 1. Humour et réflexion, 93 2. Sens commun et espace public, 102 3. Soliloque et préparation, 110 3. Diététique de la communication, 125 1. Disposition et réception,126 2. Ascèse et autorité, 144 4. Réinterprétation ascétique des dogmes, 161 1. La passion philosophique contre l'impuissance de la raison, 163 2. Le sens moral et la culture du goût, 173 5. Poétique de la philosophie, 209 1. La critique de l'enthousiasme et la question du style, 210 2. Les styles contre la méthode, 215 3. Généalogie politique des styles, 220 4. Mélange des genres, 232 5. Un modèle perdu : le dialogue, 237 6. Pratique épistolaire et négligence, 246 7. La morale et la fable, 252 6. Art d'écrire et double philosophie, 267 1. Le modèle de la double philosophie, 268 2. Déisme, prostitution, impiété, 275 3. Le masque latitudinaire, 290 4. La stratégie égyptienne, 297 5. Le culte du démon, 306 Conclusion, 327 La réserve structurelle et l'éthique de la discussion, 332 Bibliographie, 341 1. oeuvres de Shaftesbury, 341 2. oeuvres classiques et modernes, 346 3. Etudes, 355 Index, 373
Depuis les années 70, la politique scolaire tend à privilégier le point de vue des experts en pédagogie.
On néglige les savoirs élémentaires, on se méfie des professeurs, on entend faire de l'école un " lieu de vie ", on dénonce le conservatisme des Anciens qui voudraient barrer la route aux Modernes en défendant une école du passé.
Et si l'opposition entre conservatisme et modernisme n'était qu'une habile façon de masquer les véritables enjeux de la politique scolaire ? L'école a pour vocation de transmettre les savoirs et les oeuvres.
En renonçant à cette exigence, l'idéologie qui a cours aujourd'hui mesure-t-elle vraiment les risques qu'elle fait peser sur l'école de demain ? Plutôt que d'encourager cette fuite en avant, une politique d'éducation raisonnable doit retrouver les équilibres fondamentaux dont l'école a besoin.