«Le tambour : Quand j'ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt ça me grattouille.Knock : Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ?Le tambour : Ça me grattouille. Mais ça me chatouille bien un peu aussi...Knock : Est-ce que ça ne vous grattouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?Le tambour : Je n'en mange jamais. Mais il me semble que si j'en mangeais, effectivement, ça me grattouillerait plus.»
« Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ? » Voici un exemple des consultations que le docteur Knock donne dans le paisible village de Saint-Maurice. Avec les nouvelles méthodes de cet étrange médecin, en trois mois, rares sont les habitants du village qui ne sont pas tombés malades ! Entre farce bouffonne et comédie grinçante, Jules Romains nous livre une implacable satire des médecins et d'une société terrorisée par la maladie. Il dénonce la manipulation des esprits et propose une véritable réflexion sur le fonctionnement du pouvoir.
Dossier pédagogique de Jean-Luc Vincent Groupements de textes :
1. La satire de la médecine 2. Manipulations en scène La comédie Classe : 4°
«Approche-toi. Tire un peu sur les manches, et sur le col. Ça va. Je te fais officier de la Légion d'honneur. Ne me remercie pas ! Tout le monde en ferait autant à ma place... Comme tu es assez grand, assez maigre, et que tu as le nez rouge, que ton faciès présente quelque chose à la fois de bilieux et d'alcoolique, tu seras mon attaché militaire. Quel grade veux-tu ? Colonel ? Tu es un peu jeune ! Commandant ! Je t'appellerai Commandant ! Tu m'appelleras : Monsieur le Ministre ! Entendu ? Rompez !...»
On sait l'importance de la ville et, en premier lieu, de Paris dans l'oeuvre poétique et romanesque de Jules Romains, depuis La vie unanime jusqu'aux Hommes de bonne volonté.Paru pour la première fois en 1911, ce recueil de «radioscopies» unanimistes tentait de fixer l'âme d'une grande métropole, d'en saisir les lois physiques, mentales, d'ausculter ses rythmes et ses pulsations, comme d'un être aux multiples visages, à la fois changeants, insaisissables et mystérieux.Les «puissances de Paris», c'étaient les forces, les pouvoirs qui émanaient de ses rues, de ses squares, de ses places, de ses passages et de ses rassemblements plus ou moins éphémères que Jules Romains, inlassable arpenteur de «sa» ville, prétendait détecter pour nous en restituer la singulière poésie, conçue comme une traversée des apparences.
La Comédie humaine du XXe siècle.
Du marquis de Saint-Papoul, devenu député, à l'abbé Mionnet ; de la petite Françoise Maïeul au journaliste anglais Bartlett ; ou d'Ortegal, le peintre cubiste, à Strigelius, encore obscur poète symboliste ; l'univers des Hommes de bonne volonté s'élargit au cours de ces sept nouveaux épisodes qui conduisent le récit au seuil de l'été 1914 et à la célèbre Présentation de la France ... C'est l'époque de la montée des périls , retracée à travers les intrigues politiques et les menaces de la diplomatie internationale, que le ministre Gurau tente de dominer, tandis que Laulerque, maintenant affilié à la mystérieuse Organisation, découvre les arcanes d'un monde vu par en dessous . Période troublée, difficile pour d'autres personnages : pour Georges Allory, l'écrivain mondain, que son échec à l'Académie plonge dans la recherche d'un abîme qui le révélerait enfin à lui-même ; pour Mionnet qui, deux fois, en province puis à Rome, se voit confier de délicates missions officieuses ; pour l'ouvrier Maillecottin, inquiet, non sans raison, au sujet de la vie de sa soeur Isabelle ; pour Viaur, jeune savant installé à La Celle-les-Eaux, dont les recherches, hors des sentiers de la science officielle, sont mal accueillies par les pontifes. Quatre années de conflits, privés et collectifs, que les plus lucides de tous les héros, Jallez et Jerphanion, affrontent, commentent, avec la gravité ou l'humour qui caractérisent si souvent Jules Romains lui-même.
La Comédie humaine du XXe siècle.
Conçus par Jules Romains comme la synthèse ambitieuse et multiforme de vingt-cinq années de vie française entre 1908 et 1933, Les Hommes de bonne volonté constituent l'un des ensembles romanesques majeurs de notre temps.
De très nombreuses destinées, entrecroisées ou parallèles, animent, au cours d'aventures tragiques ou légères, sentimentales ou comiques, ce tableau panoramique d'une époque confrontée à une page capitale de son histoire : Louis Bastide, l'enfant de Montmartre au cerceau enchanté ; le délicieux chien Macaire, découvrant à ras de terre un Paris insolite ; Quinette, le relieur criminel plongé dans la fatalité de ses entreprises ; le parlementaire idéaliste Gurau, qui affronte les financiers sans scrupules du Cartel pétrolier et les coquetteries de la jolie Germaine Baader ; Haverkamp, l'affairiste, à qui la création d'une station thermale prépare un destin hors du commun ; les deux normaliens : Jallez, dont le récit des amours enfantines avec la jeune Hélène trace une poétique description de Paris ; Jerphanion, que le rêve d'une société débarrassée de ses féodalités n'empêche pas de conquérir le coeur d'une petite modiste, Jeanne. D'autres encore : Laulerque et Clanricard, les instituteurs, qui partagent avec Sampeyre, leur maître en bonne volonté, l'espoir d'un monde pacifié...
Par son tournoiement maîtrisé de personnages aussi divers qu'attachants, le vaste roman de la maturité de Jules Romains demeure un témoignage inégalé sur les songes, les tourments et les aspirations d'une génération.
Olivier Rony.
Nouvelle édition en 1963
La marchande de " vélocipèdes " reçoit des clients peu ordinaires, un abbé, un vicomte, un certain monsieur trombe.
Et on discute ferme dans le salon de cirage de chaussures. des personnages désopilants. un ton léger et drolatique. tout un monde observé avec finesse et amusement par le célèbre auteur de knock.
La «Comédie humaine» du XXe siècle.
Pleine après-guerre ou déjà nouvelle avant-guerre, la période que content ces six derniers volumes des Hommes de bonne volonté regorge de périls que Jerphanion, devenu l'un des hommes politiques importants de son pays, cerne mieux que quiconque. Que de hantises devant une paix précaire, la montée des « bandes » et des totalitarismes ! De nouveaux venus, les Nodiard et Douvrin, commencent à soumettre la France à des menées extrémistes fort inquiétantes... Temps des refuges aussi, des « oasis » qui attirent Jallez vers le « tapis magique », temps des bilans plus ou moins amers que s'impose Jerphanion et atteint Haverkamp d'une sorte de vertige qui précipitera sa chute... Quinette meurt à Nice, emportant avec lui le secret de ses crimes. Tout comme Sampeyre, adressant, avant sa disparition, un message de paix et d'espoir à tous ses amis. Constats, menaces, échecs, disparitions n'empêchent pas Jules Romains de croire au bonheur, qu'il incarne dans le couple de Françoise et de Jallez, union de deux générations unies par l'amour, ou encore dans le dîner amical des ultimes chapitres du 7 octobre, tandis que l'Europe, décidément fascinée par ses démons, s'apprête à se déchirer... Ainsi se referme l'immense panorama de Jules Romains, rythmé et soutenu par la vision généreuse et, pourrait-on dire, religieuse d'un rassemblement aussi vaste que possible de tous les hommes de bonne volonté.
«L'auteur de Le Trouhadec est un des très grands auteurs comiques de la première moitié du XXe siècle. Et pourtant il y avait de la concurrence ! Il y avait Georges Feydeau, Courteline, Alphonse Allais, Tristan Bernard, Sacha Guitry. Par un coup de maître, avec Knock, il se détache du peloton de tête [...].
Un autre grand type créé par Jules Romains est Monsieur Le Trouhadec. Ce membre de l'Institut, un peu gâteux (il en existait encore aux environs de 1930), a prodigieusement amusé son auteur.» Marcel Achard.
Dans Les Hommes de bonne volonté. Jules Romains a tout naturellement fait sa place à l'enfance. Et nul n'a mieux conquis cette place que le petit Louis Bastide, enfant du Montmartre populaire de 1908, que l'on verra ici courant derrière son cerceau enchanté ou, le malheur étant survenu chez lui, en proie aux plus sombres pensées, avant d'imaginer une généreuse façon de gagner sa vie.
Louis Bastide ? Une figure inoubliable de la «bonne volonté». Le camarade d'autrefois qui serait le copain des enfants d'aujourd'hui.
Extraits des hommes de bonne volonté - Présentation . Jules Romains et Paris : un lien privilégié . Les Hommes de bonne volonté . L'Enfant de bonne volonté, une autobiographie déguisée ?
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La rencontre de Pierre Febvre, officier de marine, transforme la vie d'une jeune fille, Lucienne, professeur de piano dans une ville de province. La découverte du «dieu des corps», les souffrances de la séparation la conduiront à donner une dimension spirituelle à leur union. À force d'exaltation et de volonté, elle parviendra à abolir l'espace qui l'éloigne de son mari.Ces trois romans consacrent ainsi le triomphe de l'âme sur le corps, à travers une analyse de l'amour sentimental, de l'amour charnel et enfin de l'amour métaphysique.
L'unanimisme dont Romains est le fondateur constitue un chaînon essentiel entre le futurisme naissant et le surréalisme à venir. Cette première saison poétique avant-gardiste, à l'enseigne de la vitesse et de la déambulation urbaine, se montre dans son éclat grâce à la publication de textes inédits depuis plus d'un siècle.
La "Comédie humaine" du XXe siècle.
Prévue, redoutée, honnie, la guerre s'installe en Europe et ravage bientôt le monde. L'" usine d'usure ", le " mur " de fer et de feu se dressent entre les pays du vieux continent. Jerphanion, Clanricard, pour ne parler que d'eux, subiront de plein fouet cet " impensable événement " et en porteront des traces toute leur vie. Placés ainsi au sommet de l'oeuvre, Prélude à Verdun et Verdun donnent sa signification aux Hommes de bonne volonté et permettent à Jules Romains de dresser un réquisitoire sans appel contre la " mauvaise volonté "... Mais, la tragédie finie, les personnages poursuivent leur passage sur cette planète. Troublé, Quinette assiste à l'arrestation de son double Landru, sous l'oeil un rien diabolique du poète Vorge, recherchant le nouvel " ange noir " et persuadé de l'avoir découvert sous ce relieur bourgeoisement criminel... Jallez, niçois d'adoption, retrouve un peu de la " douceur de la vie " d'autrefois, avant de se plonger dans l'immensité russe dévorée par la famine. Il y sera rejoint par Jerphanion qui tente de démêler les saveurs d'un monde nouveau, tandis que le brasseur d'affaires Haverkamp poursuit son irrésistible ascension dans l'univers de l'argent. Jules Romains, en abordant la guerre de 1914-1918, puis les dix années suivantes, continue de recréer l'image complexe de son époque et les nouvelles lignes de force idéologiques qui trouveront leur épanouissement dans les derniers tomes.
Ce recueil présente un raccourci fidèle de l'oeuvre poétique de Jules Romains, depuis La Vie unanime (1904-1907) jusqu'à Pierres levées (1943-1944), en passant par l'Ode à la foule qui est ici (1909), Prières (1908-1909), Un être en marche (1908-1910), Odes (1911-1913), Le Voyage des Amants (1913-1914), Europe (1914-1915), Cromedeyre-Ie-Vieil (1911-1918), Amour couleur de Paris (1916-1921), Ode génoise (1923), L'Homme blanc (1925-1936) et Complaintes (1940), ces dernières pièces, comme celles des Pierres levées étant encore inédites. Le lecteur pourra ainsi mesurer la courbe régulière, le développement puissant et naturel de cette poésie fidèle aux lois que l'auteur s'est données une fois pour toutes et dont l'inspiration s'est constamment renouvelée au contact étroit de la vie et du monde.