Issu à la fois de l'aristocratie prussienne la plus traditionnelle et de la bourgeoisie juive, Vollrath von Maltzan est catégorisé « Mischling » ou « demi-juif », dès la fin des années 1930, par le régime nazi. Plus tard, plusieurs membres de sa famille seront déportés. Il parviendra pour sa part à échapper aux persécutions et après la guerre occupera de prestigieuses fonctions diplomatiques, jusqu'à devenir ambassadeur de la RFA à Paris.
Du château d'Odratzheim aux demeures cossues de l'avenue Foch en passant par les bureaux de la Wilhemstrasse à Berlin, le ghetto de Lodz et le camp d'extermination d'Auschwitz, c'est à une minutieuse enquête, auprès des survivants et des témoins, que se livre ici Jean-Marc Dreyfus pour tenter de retracer cette trajectoire hors du commun.
Début 1947, à la suite du procès des médecins nazis, est promulgué le Code d'éthique de Nuremberg qui encadre aujourd'hui encore les expérimentations sur des êtres humains. Mais les progrès médicaux soulèvent de nouvelles questions : faut-il légaliser l'euthanasie ? Comment concilier l'intérêt du patient et celui de la collectivité ? Les assurances données par les démocraties en matière de déontologie sont-elles aussi fermes qu'on pourrait le croire ? Les logiques perverses ayant abouti aux crimes nazis s'inscrivent dans des visions plus anciennes, un diktat de la science et du progrès que l'on retrouve dans des réflexions actuelles, pour peu qu'on ose y porter un regard critique. C'est ce que cet ouvrage, fruit d'une réflexion entre historiens, philosophes et médecins, entend faire.