On connaît moins ou pas du tout le second et ses Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques d'un physicien aéronaute. En plein siècle des Lumières, Étienne-Gaspard Robertson (peintre, dessinateur, physicien aéronaute, mécanicien, fantasmagorien et mémorialiste) est un véritable illusionniste. Comme l'écrit Jérôme Prieur dans sa préface, Robertson propose « de l'intérieur, une réflexion sur le spectacle lumineux, sur l'illusion et la croyance, une réflexion sur le spectateur - ce hors champ laissée dans l'ombre des histoires du cinéma et du pré-cinéma, cette part d'ombre consubstantielle aux images nocturnes. Bien avant le grand Hitchcock, Étienne-Gaspard Robertson a été le premier à comprendre que les spectacles optiques que préfigure sa fantasmagorie ne devaient pas se contenter de mettre en mouvement les images, mais qu'ils devaient mettre en scène les désirs et les peurs que suscitent les images, qu'ils devaient diriger le spectateur, notre double assis à notre place dans la nuit lumineuse.
Est-ce vraiment un hasard si son écran de projection, Robertson l'appelait « miroir » ?
En regardant les images filmées il y a quatre-vingts ans lors des Jeux olympiques de 1936, on en oublierait qu'elles ont été tournées en plein coeur de l'Allemagne nazie.
Le triomphe de Jesse Owens qui remporte à Berlin quatre médailles d'or (au 100 mètres, au 200 mètres, au 4x100 mètres et au saut en longueur) semble consacrer encore aujourd'hui la victoire du sport et de l'idéal olympique, comme si le jeune athlète noir américain avait été notre champion, et qu'il était parvenu, sportivement, à vaincre le monstre nazi.
L'exploit superbe de Jesse Owens est incontestable, mais cette belle histoire à laquelle nous aimerions croire, n'est qu'un arrangement avec la réalité, une fiction dans laquelle le sport a été un alibi.
En héritant des XIe Olympiades attribuées à la ville de Berlin avant son arrivée au pouvoir, Hitler avait bien compris que cet événement mondial devrait être un instrument décisif dans la prise de contrôle de la société allemande par le parti National-socialiste en même temps que les Jeux offriraient une vitrine grandiose pour la reconnaissance internationale de l'Allemagne nazie.
Le livre de Jérôme Prieur raconte en détail cette gigantesque opération de propagande commencée dès 1933, ainsi découvre-t-on la préparation, l'orchestration et la mise en scène d'un spectacle qui fut bien moins sportif que politique, et les Jeux de 1936, un jeu avec les apparences.
Des falaises de Normandie aux plages des Landes, de Dunkerque à Biarritz, des milliers de blockhaus sont aujourd'hui les dernières ruines de la Seconde Guerre mondiale. Ils font tellement partie de notre paysage qu'ils sont devenus presque invisibles. Ce sont pourtant les vestiges de la plus importante opération de collaboration économique de l'Occupation.
Cette sombre histoire est restée incroyablement méconnue depuis des décennies. Pour la première fois, ce livre rassemble les pièces du dossier et démonte le système.
Nouvelle édition revue et corrigée.
«Marcel Proust a disparu un 18 novembre. C'était en 1922. Un jour, je n'ai pas pu faire autrement. Je suis parti à sa recherche. J'ai rôdé, j'ai visité les chambres où il avait habité, j'ai aperçu des châteaux abandonnés et des lieux hantés, j'ai marché dans ses pas. J'ai voulu voir ce que ses yeux avaient vu. J'ai observé ses photos, j'ai découvert des reliques et des petits trésors, comme des météorites. J'ai cherché à savoir qui il avait été dans la vie, à quoi il ressemblait vraiment. J'ai interrogé les morts qui pouvaient encore répondre, ses amis, ses intimes, ceux qui l'avaient croisé. Qui était-il ? Le dandy qui fréquentait les salons ainsi qu'on part en expédition, où l'homme invisible qui avait horreur de la lumière, le personnage de roman noir ? L'écrivain génial dissimulait un double. Je suis parti sur les traces de ce héros incroyable comme on cherche à retrouver un proche.» Jérôme Prieur.
Depuis l'enfance, j'ai voulu écrire mes souvenirs de la guerre de 14.
J'ai mis des années avant de m'aventurer sur les traces de cette vieille guerre qui s'était déposée en moi, alors qu'aucune raison biographique, apparemment, ne justifiait cette obsession.
Cette guerre appartient à notre histoire intime, à nos familles, à nos secrets de famille. Partout les monuments viennent nous le rappeler, avec leur litanie de noms. Survivants et rescapés, combattants oubliés ou disparus, les soldats de 14-18 sont restés des soldats inconnus. Avec leur moustache, leur képi, leur casque, n'ont-ils pas tous l'air de se ressembler ?
Alors j'ai laissé les revenants m'approcher. J'ai fouillé leurs visages, leurs photos, et même un petit film amateur tourné au front, qui m'est parvenu comme une bouteille à la mer. Je suis parti rechercher les êtres vivants, fossilisés à l'intérieur de ces images, et pourquoi cette guerre s'était fichée au fond de mes yeux.
J. P.
À l'invitation du Musée Ingres de Montauban, Jérôme Prieur, écrivain, essayiste et cinéaste, s'est livré à un choix parmi les milliers de dessins que l'artiste a légué à sa ville natale. Autour du thème du portrait, Ingres en miroir est le résultat de ce choix : un exercice d'admiration pour les superbes portraits dessinés par Ingres ; plus encore, le témoignage informé, sensible et finalement très personnel de la complicité éprouvée pour un artiste au travail.
Jérôme Prieur à propos de Ingres en miroir : " Les portraits d'Ingres nous fascinent, ils nous aspirent. J'ai eu envie de pousser le rideau, de voir le peintre au travail. Ses milliers de dessins qui sont aujourd'hui au Musée Ingres de Montauban permettent d'apercevoir comment il travaillait, ce qu'il cherchait, de quoi étaient faits ses rêves, les corps, les visages, les modèles, les odalisques et les femmes du monde autour desquels tourne sa peinture. Au début et à la fin de son oeuvre, en 1808 et en 1864, il peint presque la même toile, Oedipe et le Sphinx. Ingres se représente, toujours jeune, sous les traits du héros antique. Il décalque sa toile, il l'inverse. Comme dans un miroir. Un des miroirs que la peinture d'Ingres n'a cessé de vouloir traverser. "
L'au-delà a été confisqué par les religions. Nous y croyons sans y croire. Nous savons, sans oser nous l'avouer, que les morts n'ont pas vraiment disparu.
À Pompéi, à Pétra, à Deir el-Médineh, comme en des lieux bien plus intimes, les ruines sont toujours des maisons hantées. Les formes, les anatomies, les visages conservés dans la cire, le sable, le celluloïd ou la nuit ne sont pas des objets inertes mais nos empreintes, l'image de nos doubles. Les vestiges les plus troublants sont à l'intérieur de nos yeux.
Le passé n'est jamais perdu. Il n'est même pas passé. Pourquoi les êtres oubliés ne reviendraient-ils pas puisque nous les attendons ? N'existe-t-il pas sur terre, quelque part entre les cercles de l'au-delà, des cachettes où les vivants d'hier, les proches que nous continuons de chérir comme les êtres lointains que nous n'avons pas connus, seraient encore là ? Présents pour nous fixer rendez-vous, rendez-vous dans une autre vie...
Au commencement, il y a les spectres, les possédés, les démons. Satan, le décor de ruines ou de châteaux lointains. Les couvents abritent des bas-fonds, la Bible est un livre d'épouvante. Le diable est-il l'autre nom de Dieu ? Mais que sont ces romans noirs ? Romans gothiques, romans frénétiques, romantisme noir, sous des noms divers, le « roman noir » s'épanouit en Angleterre d'abord, puis en France, en Allemagne, en Irlande, en Ecosse. Son âge d'or se situe au tournant du XVIIIème et du XIXème siècle. C'est l'époque des révolutions, politiques, religieuses, sociales, qui secouent la pointe avancée de l'Europe. Le vieux monde craque, le siècle des Lumières s'assombrit. Il s'agit d'une littérature populaire - exactement comme un siècle plus tard le cinéma se voudra le divertissement de l'homme des foules. Les romans noirs sont des romans d'initiation. Ils sont une initiation, un voyage, une aventure, une expédition. Les romans noirs sont des lumières dans la nuit. Un coup d'oeil sur ce nouveau livre de J. Prieur montre combien cet essai, un récit des fictions noires de l'Occident, trouve naturellement sa place dans «La Librairie du XXIème siècle».
Tuer quelqu'un, c'est moins simple qu'on ne croit. Surtout quand cela ne vous est jamais arrivé. Et puis tuer une femme, je ne me serais pas douté que c'était plus difficile à faire qu'à imaginer. Avant de me débarrasser d'elle, il fallait déjà que je la retrouve. Elle avait disparu, elle s'appelait Madeleine. J'avais trois jours devant moi, trois jours et trois nuits pour remonter le temps. Je marcherais sur ses pas, je guetterais son ombre.
Je n'aurais qu'à suivre les traces qu'elle avait dû semer. Ne passons-nous pas chacun nos vies à en faire autant ? J'étais prêt à voir ce que ses yeux avaient vu, à sentir son souffle, à toucher son empreinte. Je fouillerais sa vie, je remuerais ses souvenirs, j'aimerais ses amies. Elles me mèneraient jusqu'à elle, j'en étais sûr. J'étais prêt à courir le risque que mon passé m'explose au visage.
Ce récit historique se déroule sur plusieurs siècles et dans plusieurs pays. C'est l'histoire de Lucie, nonnette à Lirey, de Lucia, fille d'un baron monarchiste à Turin, et de Lucy, cinéaste au Texas. Lucie est vierge au XIVe siècle, Lucia perd sa virginité au XIXe et Lucy est enceinte au XXIe. Le Suaire est un tout, dont les parties se répondent, et l'histoire finit en apothéose !
C'est l'histoire d'une passion amoureuse dont le présumé linceul du Christ est à la fois l'enjeu et l'emblème. La rivalité de deux hommes, Thomas et Henri, pour la conquête de Lucie (Lucia-Lucy) est l'écho de ce qui se trame en public pour déchiffrer et posséder le Suaire dit de Turin.
Peu de gens le savent : Jésus occupe dans le Coran une place éminente. C'est de cette surprise que Prieur et Mordillat sont partis. Bien que le Livre sacré de l'islam soit un texte difficile à appréhender pour les non-musulmans, il existe des points de contacts qui leur en permettent la lecture : une lecture critique à la fois littéraire et historique, une lecture non religieuse comme celle entreprise précédemment avec le Nouveau Testament.
La sourate IV qui raconte de manière très particulière la crucifixion de Jésus est le point de départ. A partir de ces quelques versets, les auteurs ont cherché à reconstituer ce qu'ils pouvaient savoir de la prédication de Mahomet et pourquoi elle s'est développée dans une région de réputation païenne, tout en étant très marquée par les références bibliques et l'influence des églises syriaques. Une religion ne naît jamais de rien.
L'islam s'est voulu l'ultime révélation après la révélation juive et la révélation chrétienne. Elle en est à la fois l'héritière et l'adversaire. C'est au carrefour des trois formes du monothéisme, dans l'héritage du judaïsme de Moïse et du judéo-christianisme de Jésus, que les auteurs ont voulu comprendre les origines de l'islam. Pourquoi et comment le juif de Galilée mué en Christ fondateur du christianisme est devenu, dans la péninsule arabique au VIIe siècle de notre ère, "le messie Jésus, fils de Marie, envoyé d'Allah'", l'ultime prophète avant le Prophète...
Un certain Marcel Proust, dix]neuf ans en juillet 1890, fait paraitre son premier texte imprime dans le troisieme numero de la revue Le Mensuel. De novembre 1890 a septembre 1891, sous son nom, ses ini..ales et quelques pseudonymes, il donne au Mensuel dix textes : recits, chroniques sur la mode ou les beaux]arts, comptes rendus de la vie mondaine et culturelle. Il y evoque aussi des á choses normandes â et le souvenir d'une certaine Ode..e, jadis aimee, et qu'il visite des annees plus tard dans la nostalgie du temps perdu. Jerome Prieur s'est penche sur l'histoire et le contexte de ces premiers pas li..eraires jusqu'ici demeures inedits. Il nous invite a decouvrir le jeune Marcel dans le monde ephemere et brillant dont lfoeuvre, ici en germe, s'est nourrie.
Turin, mai 1898. Lucia, fille unique du baron Tomaso Pastore d'Urbino, se donne pour la première fois à Enrico Spitiero, un jeune avocat et député socialiste. Le baron, chef du parti monarchiste est un catholique fervent, alors que l'amant de Lucia, Enrico, est un athée notoire. Tandis que dans la rue des manifestants crient "À bas la monarchie", Secondo Pia photographie le "suaire" dans la cathédrale San Giovanni Baptista. Pour le baron d'Urbino, c'est le visage du Christ qui se révèle. Aussitôt, à la chambre des députés, Enrico dénonce un tour de passe-passe des monarchistes pour "asseoir le trône de la maison de Savoie". Les esprits s'échauffent, Tomaso et Enrico en sont presque à venir aux mains. Dans le public, Lucia assiste, impuissante, à la querelle qui oppose son père et son amant...
Champagne, février 1357. Henri, évêque de Troyes, chevauche vers le lazaret de Lirey, pour tenter de convaincre sa cousine Lucie, dont il est amoureux, de renoncer à ses voeux religieux. Dans la chapelle où ils sont réunis, les moines font cet amer constat : les caisses sont vides, et les travaux de l'abbatiale, qui doit accueillir un morceau de la Vraie Croix, seront bientôt arrêtés, faute de moyens... "Nous avons fait le serment de bâtir une abbatiale qui accueillera la relique, et nous serons fidèles à notre parole, quoi qu'il en coûte", s'exclame Thomas, le prieur de la communauté. Les ressorts de la tragédie, tant amoureuse que religieuse, sont désormais en mouvement...
Où est passé le passé est... Jérôme Prieur et Laurent Olivier entament une exploration de ce monde étrange et fascinant qu'est celui de la mémoire. La mémoire a maille à partir avec l'histoire, naturellement, mais aussi, plus profondément, avec l'écriture et l'art en général. À peine vécu, tout événement sombre dans les profondeurs du passé inconnu, sur lequel surnagent pour un moment de petits fragments de souvenir. Il en reste pourtant une empreinte, quelque part : un témoignage, un enregistrement quelconque, des traces - des vestiges en somme, qui demeurent enfouis parmi nous. Que peut-on faire de ces témoignages, récits humains, restes matériels, images, archives ? L'archéologue le découvre par des fouilles, des chantiers, strates, poteries, débris, qui mettent à jour bien plus que le temps écoulé ; le cinéaste historien a affaire aux archives, photos, films d'amateurs, journaux, documents. Passionnant de voir des passerelles, zones frontières, terrains communs s'établir entre les deux disciplines autour de cet axe : Comment retrouver le passé ? Comment survit-il ? Est-il vraiment passé ?
Au XXIe siècle enfin, à Corpus Christi, Texas, a lieu l'avant-première du film de Lucy Bernheim, The Son of Man. Le rôle du Christ y est joué par Henry Nalpas. Scandale. Une douzaine de membres du Ku Klux Klan font irruption dans la salle pour interdire la projection. À leur tête Thomas Crowley, l'ancien professeur de Lucy...
L'histoire de Lucie, Thomas et Henri est celle d'une passion amoureuse dont le Suaire dit «de Turin» est à la fois l'enjeu et l'emblème. La rivalité des deux hommes pour la conquête de la jeune femme joue dans l'intimité ce qui se joue en public pour la conquête du Suaire.
L'image fascinante imprimée sur un linge est-elle une relique sacrée venue du premier siècle de notre ère, qui prouverait l'existence de l'homme-Dieu? Ou un artifice fabriqué de toutes pièces pour abuser et asservir ceux qui veulent croire?