Henri Rey Flaud
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L'enfant qui s'est arrêté au seuil du langage ; comprendre l'autisme
Henri Rey-Flaud
- Flammarion
- Champs Essais
- 9 Octobre 2010
- 9782081231580
L'enfant qui s'est arrêté au seuil du langage L'autisme n'est pas un déficit mental irréversible. Les observations les plus récentes des cliniciens ont permis à l'auteur d'établir que les autistes sont arrêtés au stade primordial de la vie, dominé par les sensations, stade où déferlent, en permanence sur le nourrisson des flots d'excitations anarchiques et insensés. Pour émerger de cet état primitif et accéder à l'espace plus élaboré des perceptions, l'autiste attend seulement d'être relancé dans la dynamique du langage à laquelle les autres enfants sont introduits spontanément, sans difficultés majeures. Le défaut de communication, expression la plus manifeste de l'enfermement de l'autiste, révèle alors qu'il peut être corrigé et le contact avec l'entourage restauré. Mais il faut pour cela avoir reconnu la nature des processus psychiques qui régissent normalement les premiers échanges entre le nourrisson et les parents, afin d'identifier le type de court-circuit qui, à un moment donné, a coupé l'enfant de la possibilité du partage. Redonner leur sens aux conduites aberrantes et souvent rebutantes des enfants autistes et, à partir de là, comprendre pourquoi ils ont échoué dans la relation vitale à autrui est aujourd'hui l'approche la plus respectueuse des sujets prisonniers de cette condition douloureuse, en même temps que la seule véritablement susceptible de les réintégrer dans la communauté humaine.
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George Brummell, prince des dandys, ne doit pas être confondu avec tous les épigones qui ont usurpé et dévalué ce titre. L'envers des élégants qui rivalisent entre eux par la coupe ou la richesse de leurs parures, le dandysme selon Brummell est un art du dépouillement, déjà illustré, en d'autres temps, par la peinture et la sagesse orientales. À ce titre, il s'oppose radicalement à toutes les formes d'excentricité, incarnées par Barbey d'Aurevilly, biographe de Brummell, et, à l'occasion, par Baudelaire. Il introduit ainsi une forme inédite d'harmonie fondée sur la négativité, par où il rejoint l'esthétique des troubadours ou de Mallarmé. Par là, il présente dans le monde le modèle d'un homme sans qualités, bien fait pour déstabiliser les lords et les ladies de la cour du régent. Il parachève son personnage par la pratique d'un humour assassin dont chaque trait détient une perle de la pensée, pour peu que soit dégagée la « substantifique moëlle » qu'il recèle, à quoi échouèrent jusqu'ici ses différents critiques. Si Brummell a exercé pendant vingt ans une souveraineté absolue dans tous les salons d'Europe, c'est qu'il introduisait, à travers son déni de la mode, une subversion de tous les idéaux et de toutes les valeurs de l'ancien monde, pour quoi il fut plusieurs fois comparé à Napoléon par ses contemporains. Un point toutefois est resté ignoré des historiens, c'est que cette action destructrice impliquait la propre disparition de son auteur, ce qu'il accomplit lui-même par sa ruine financière préméditée, sa disgrâce provoquée auprès du régent, son exil en France enfin où il va connaître la misère, la prison pour dettes, la folie et la mort, annonçant par là le destin d'un autre personnage, Oscar Wilde, son seul héritier, qui, après avoir connu une gloire pareille à la sienne, parcourra le même chemin de croix, au terme duquel il éprouvera, comme Brummell, une même apothéose.
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La France s'éteint, l'islam s'embrase... ; réflexions sur un malaise
Henri Rey-Flaud
- Puf
- 2 Septembre 2020
- 9782130825401
En France, les promoteurs du multiculturalisme imputent les tensions avec la communauté d'origine et de culture musulmane à une « islamophobie » qui serait comme le reliquat des conflits coloniaux. Or, il y a longtemps qu'en France, les guerres de religion n'ont plus cours. Derrière les drames suscités par les attentats terroristes, derrières les exaspérations des uns et des autres, le ressort de l'antagonisme entre l'Islam et le monde judéo-chrétien n'est pas d'abord de nature religieuse et politique. C'est dans une strate spirituelle plus profonde qu'il faut chercher la raison de cette antinomie : il s'agit de ce que les philosophes, avec Hegel, ont appelé les « moeurs », qui encadrent et commandent les conduites et les activités de l'existence, et qui règlent en particulier les relations entre hommes et femmes et parents et enfants. Elles sont ce pour quoi une personne reconnaît comme son semblable celui qui partage ses moeurs et que lui apparaît comme un étranger celui qui lui donne à voir des moeurs inconnues qui le dérangent, l'inquiètent ou l'horrifient.
Tout l'intérêt de cet ouvrage est de procéder à un inventaire rigoureux de ces oppositions de moeurs, impensées et inconscientes, car c'est certainement par une connaissance plus approfondie d'elle-même que la société française, et sans doute européenne, pourra sortir par le haut de cet antagonisme mortifère. C'est la conviction de l'auteur, qui estime, à la suite de Claudel, que le pire n'est pas toujours sûr.
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L'enfant qui s'était arrêté au seuil du langage ; comprendre l'autisme
Henri Rey-Flaud
- Aubier
- La Psychanalyse Prise Au Mot
- 16 Avril 2008
- 9782700700527
Ce livre est dédié aux parents et aux soignants qui accompagnent dans la vie un enfant autiste. L'auteur a voulu éclairer la route tourmentée sur laquelle ils sont engagés, en montrant que cette affection n'est pas un déficit mental irréversible. Les observations les plus récentes des cliniciens lui ont permis d'établir que les autistes sont en réalité arrêtés au stade primordial de la vie, dominé par les sensations, stade où déferlent en permanence sur le nourrisson des flots d'excitations anarchiques et insensés. Pour émerger de cet état primitif et accéder à l'espace plus élaboré des perceptions, l'autiste attend seulement d'être relancé dans la dynamique du langage à laquelle les autres enfants sont introduits spontanément, sans difficultés majeures. Le défaut de communication, expression la plus manifeste de l'enfermement de l'autiste, révèle alors qu'il peut être corrigé et le contact avec l'entourage restauré. Mais il faut pour cela avoir reconnu la nature des processus psychiques qui régissent normalement les premiers échanges entre le nourrisson et les parents, afin d'identifier le type de court-circuit qui, à un moment donné, a coupé l'enfant de la possibilité du partage. Redonner leur sens aux conduites aberrantes et souvent rebutantes des enfants autistes et, à partir de là, comprendre pourquoi ils ont échoué dans la relation vitale à autrui est aujourd'hui l'approche la plus respectueuse des sujets prisonniers de cette condition douloureuse, en même temps que la seule véritablement susceptible de les réintégrer dans la communauté humaine.
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Le cercle magique. essai sur le theatre en rond a la fin du moyen age.
Henri Rey-Flaud
- Slatkine Reprints
- 11 Juillet 2000
- 9782051016469
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Sortir de l'autisme ; parents, ces vérités qu'on vous cache
Henri Rey-Flaud
- Aubier
- 23 Février 2013
- 9782700704341
Quelle prise en charge pour l'enfant autiste ? Les parents, qui bien souvent ne connaissent ni les principes ni les effets des trois approches dominantes de l'autisme, sont tragiquement démunis face à cette question.
Aujourd'hui, le comportementalisme tient le haut du pavé. Avec lui, on espère obtenir ? et on obtient quelquefois ? une adaptation minimale à l'espace social ordinaire : prise des repas, hygiène corporelle, utilisation des transports, conduite dans les lieux publics. Mais au prix de quelle violence ? de quelle dénaturation de l'enfant ? À l'inverse, le « non-agir » initié dans les Cévennes, il y a près d'un demi-siècle, par Fernand Deligny défend l'idée que les autistes, représentants d'une humanité primitive, doivent être, comme les peuples premiers, respectés dans ce qu'ils sont et préservés du monde « civilisé », au risque d'être laissés à leur condition native.
La psychanalyse, repensée, réinventée, libérée des pratiques obsolètes, propose une troisième voie. Substituant une clinique du regard à celle de l'écoute et donnant la priorité à l'accueil et au « tissage » quotidien, elle entreprend d'amener l'autiste non pas à nous mais à lui-même, afin de faire apparaître, à terme, un enfant qui ne soit pas seulement présentable, montrable, mais, comme les autres, « rêvable » par ses parents.
Telle est assurément la sortie de l'autisme ? respectueuse de l'enfant ? qu'on est en droit d'attendre aujourd'hui.
Création Studio Flammarion Couverture : Photo © iStockphoto / Marcin Pawinski
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L'autiste et son miroir ; Alice parmi nous
Henri Rey-Flaud
- Campagne Premiere
- Recherche
- 5 Janvier 2017
- 9782372060271
Le pays merveilleux situé derrière le miroir dans lequel Alice est, à un moment, plongé est un univers inversé dans lequel tout se passe « à l'envers » du monde ordinaire : il faut se reculer pour rejoindre ce que l'on cherche à atteindre, tandis que l'on perd infailliblement de vue ce vers quoi l'on se dirigeait. À côté de l'enchantement qu'elle produit, la fiction de Lewis Carroll recèle un secret : elle décrit la réalité effectivement vécue, à notre insu, par de nombreux patients autistes, dyslexiques et, parfois même simplement gauchers - Alice parmi nous. Cette condition est le résultat d'un accident rvenu, à l'orée de l'histoire du sujet, au moment de la sortie de l'état de fusion avec la mère, marquée par un premier retournement qui sera plus tard repris et consacré par l'inversion spéculaire. Au-delà de la compréhension nouvelle qu'elle apporte de 'autisme et d'autres pathologies plus discrètes, la prise en compte de « la vie à l'envers » révélée par les conduites de mimétisme et d'écholalie éclaire ainsi également les temps primitifs, encore largement méconnus, du sujet humain.
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Les enfants de l'indicible peur ; nouveau regard sur l'autisme
Henri Rey-Flaud
- Aubier
- La Psychanalyse Prise Au Mot
- 17 Octobre 2010
- 9782700704020
Ce livre met en lumière un visage inconnu de l´enfant autiste. Si cet enfant n´est jamais entré dans le « monde des gens », c´est qu´il a été frappé d´une indicible peur devant son étrangeté et médusé par sa beauté. Cette révélation rend la figure du petit garçon ou de la petite fille hors du temps et hors d´atteinte tout à coup moins énigmatique.
C´est non seulement cette rencontre manquée avec l´Autre que Henri Rey-Flaud nous fait découvrir, mais encore les stratégies savantes mises en oeuvre par l´enfant pour ne pas être submergé par le réel, ni emporté par la dynamique du langage : ainsi Sarah accrochée à son coquillage-fétiche ou Antonio maniant son miroir, lieu de sa disparition et de sa renaissance. Que ces défenses soient insuffisantes à contenir sa peur, c´est ce dont témoigne la façon qu´il a de murer son regard, sa voix et son corps. Une rétention, quelquefois totale, difficile à soutenir pour les parents. Mais la forteresse dans laquelle il se replie n´est pas vide : un guetteur veille en permanence, attentif à l´Autre redouté et, on ne le sait pas, souvent attendu. Son visage « partagé par le milieu », selon la formule d´un patient, un oeil tourné vers l´intérieur et l´autre vers le monde, exprime cette contradiction. Le lien subtil ainsi maintenu avec la communauté des hommes montre que de telles conduites de retrait ne sont pas l´effet d´une incapacité mais d´un refus résolu qui invalide la mise en cause brutale des parents, avancée par les premiers spécialistes.
L´enfant autiste présente une figure inédite du « non-agir » promu par les sagesses orientales, qui détermine son rapport paradoxal à la « normalité » et montre que la guérison, dans son cas, signifie rompre le charme, lever l´enchantement qui le tient prisonnier.
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L'éloge du rien ; il faut croire quelque chose dans le monde
Henri Rey-Flaud
- Seuil
- Champ Freudien
- 14 Mai 2010
- 9782021027174
« Il faut croire quelque chose dans le monde », disait Sganarelle à Don Juan : un précepte qui ne relève pas du religieux, mais désigne une nécessité vitale, inhérente à la nature humaine. En cela Molière rejoint Freud qui définit la psyché de l'homme par sa capacité à croire, l'incroyance signant la catastrophe de la psychose. Au-delà des menus objets qui lui donnent sa consistance, la croyance s'adresse à l'Autre en tant que tel, c'est-à-dire à la puissance représentative, chargé de consoler l'homme de la perte du Bien.
Molière, mis à la question par Freud et Lacan, illustre cette fatalité sous les traits de trois figures. Sganarelle, l'hystérique, prêt à faire feu de tout bois pour nourrir sa croyance ? en quoi il incarne le bienheureux qui a toujours un petit rien sous la main pour nourrir un désir. Face à lui, Alceste campe l'obsessionnel qui, incapable de prêter foi aux semblants qui tissent la réalité quotidienne, est exclu de la communauté des hommes. Quant à Don Juan, paradigme d'une superbe perversion, sa mé-créance exprime, au-delà de son mépris pour les croyances ordinaires, son refus de faire crédit à l'Autre en tant que tel.
La leçon conjointe de Molière et de Freud reste plus actuelle que jamais en un temps où les croyances « malades » produisent dans le monde un désert mélancolique ou, à l'inverse, une terre brûlée par la flambée des intégrismes.
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L'eloge du rien. pourquoi l'obsessionnel et le pervers echouent la ou l'hysterique reussit
Henri Rey-Flaud
- Seuil
- Champ Freudien
- 1 Janvier 1998
- 9782020257114
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Comment Freud inventa le fétichisme... et réinventa la psychanalyse
Henri Rey-Flaud
- Payot
- Bibliotheque Scientifique
- 5 Avril 1994
- 9782228887762
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La psychanalyse découvre deux registres du mystère, le secret, vecteur du désir, et l'énigme, lourde d'une jouissance sacrilège.
C'est ainsi que l'énigme du sphinx s'oppose au secret du graal : au moment où au château du roi pêcheur le chevalier perveval a la révélation d'un graal mystérieux, il reste en arrêt, retenant la question qu'il a sur les lèvres et qui va signer la mort du royaume arthurien. a rebours, le destin d'Oedipe est marqué par une parole en trop : la réponse qu'il donne au sphinx, injure au symbolique qui initie la série des crimes et suscite finalement le déchaînement de la peste sur thèbes.
A partir de ce principe, chaque mythe donne la raison de l'inversion qui les lie.
Le conte du graal de chrétien de troyes réfère le secret à la loi du père mort incarné dans un " roi " châtré. a l'envers, le drame d'Oedipe met en lumière la figure reine de jocaste et fait entrevoir que le forçage de l'énigme débouche sur le monde archaïque des mères. l'orestie d'eschyle prend alors le relais de la tragédie de sophocle : cette oeuvre inaugurale démontre que le meurtre fondateur de la culture n'est pas celui du père mais celui de la mère, perpétré quand oreste assassine clytemmestre avant d'être absous par le tribunal de l'aréopage sur l'intervention d'athéna qui instaure la loi au nom du père.
Ainsi confrontés, les mythes percevalien et oedipien bouleversent les idées reçues en matière de psychanalyse et obligent à relire avec un regard neuf le mythe freudien de totem et tabou.
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L'inconscient est longtemps apparu comme une cave où s'agitaient dans l'ombre les désirs refoulés. Mais, à la fin de son oeuvre, Freud découvrit qu'une autre opération assurait, en amont du refoulement, la sauvegarde du moi par un rejet premier. Parce qu'elle récusait la dette de vérité attachée à l'entrée dans la vie, Freud lui donna le nom de démenti.
La mise au jour du démenti bouleverse la conception de la psyché forgée par la psychanalyse, en décelant, en deçà de l'inconscient, un espace «non reconnu», frappé d'un oubli primordial - sous la cave la crypte. Par contrecoup, un autre pilier de l'édifice est ébranlé : la castration, jusque-là complexe nucléaire du moi, devient l'avatar imaginaire de la césure originelle qui a arraché l'homme à l'indifférence de l'être. Dès lors, la référence clinique fondamentale n'est plus la névrose, mais la perversion, lieu d'élection du démenti. Dépouillée des oripeaux fantastiques qui la réduisaient au rôle d'agent satanique du mal, cette figure de la condition humaine exprime désormais le choix de ceux qui, refusant de reconnaître le verdict des dieux, n'ont pas cédé à ce que Lacan appelait le «séisme de la vérité».
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"et moise crea les juifs..." - le testament de freud
Henri Rey-Flaud
- Aubier
- 7 Mars 2006
- 9782700724424
Moïse et le monothéisme, livre testamentaire de Freud, a
longtemps déconcerté psychanalystes et historiens. Quel
sens donner en effet à ce «roman historique» qui fait du
prophète Moïse un haut fonctionnaire égyptien, promoteur
du dieu solaire Aton, qui aurait conduit hors du royaume
un peuple d'esclaves pour en faire les fidèles du dieu
unique, «créant ainsi les Juifs» ? Cette thèse fut imputée
à l'égarement d'un vieil homme dans un domaine étranger
au sien, alors qu'elle constitue le crépuscule flamboyant
de l'oeuvre de Freud.
Le Moïse bouleverse le mythe fondateur de la
psychanalyse, rappelant d'abord comment l'homme
primitif accède à la vie de l'esprit au prix du meurtre d'un
père sauvage et tyrannique. Mais Freud réserve à ce
moment un coup de théâtre : il montre, à travers le
meurtre du prophète perpétré par les Juifs, qu'il faut tuer
le père deux fois pour que soit instaurée une religion
«pure», hors représentations, qui confère au judaïsme
dans l'histoire de l'humanité une place d'exception,
difficile à tenir. Ce moment est suivi d'une étape ultime,
accomplie par le christianisme : par la place donnée aux
cultes de la Vierge et des saints, la nouvelle religion
substitue une piété fondée sur l'imagination et la
sensibilité à la foi indicible à laquelle les Juifs ont choisi
de s'arrêter - décision éthique qui allait susciter au cours
des siècles la haine antisémite par un retournement fatal
de l'exception en exclusion.
Transposé du mythe à la réalité psychique, le Moïse
délivre enfin son sens : présenter, à travers les avatars de
la croyance, les processus qui ont permis à l'homme
d'accéder à la culture et à la civilisation. Dans ce projet,
le motif du double meurtre recèle une nouvelle
conception de la psyché, demeurée jusqu'à ce jour
ignorée des héritiers de Freud.
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Je ne comprends pas de quoi vous me parlez ; pourquoi refusons-nous parfois de reconnaître la réalité ?
Henri Rey-Flaud
- Aubier
- La Psychanalyse Prise Au Mot
- 2 Avril 2014
- 9782700704921
Ce livre renouvelle la représentation psychanalytique du psychisme humain en corrigeant la conception classique, fondée sur le refoulement. Il jette un nouvel éclairage sur les derniers textes de Freud, en dégageant le rôle d'une opération inédite que Kant avait pressentie sous le nom de « mensonge intérieur » et que Lacan allait appeler le « démenti ».
Ce processus, peu connu, jusqu'ici réservé à la perversion, produit chez le sujet, à l'économie de tout travail inconscient, un clivage entre sa croyance et la réalité exprimé par la phrase canonique : « Je ne comprends pas de quoi vous me parlez. » Un peu comme si coexistaient chez lui tout à la fois la folie et le bon sens, Don Quichotte et Sancho Panza. Freud, sur l'Acropole d'Athènes, fit l'expérience de ce vécu étrange d'où il tira des conclusions fascinantes qui ébranlèrent les deux piliers fondateurs de sa théorie : le refoulement et l'inconscient.
À la lumière de cas cliniques passionnants, Henri Rey-Flaud nous entraîne au plus profond de la « crypte » obscure où se jouent ces conflits ignorés, et nous montre comment, dans l'histoire contemporaine, les relations humaines ont été affectées par cette aptitude secrète à démentir la réalité lorsque celle-ci vient menacer les enjeux vitaux de l'individu ou de la société.
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Le charivari ; les rituels fondamentaux de la sexualité
Henri Rey-Flaud
- Payot
- 1 Avril 1985
- 9782228137003
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Le chevalier, l'autre et la mort
Henri Rey-Flaud
- Payot
- Bibliotheque Scientifique
- 6 Janvier 1999
- 9782228892070
Les aventures du chevalier Gauvain, neveu du roi Arthur, prennent dans Le Conte du Graal le relais de celles de Perceval et occupent le second volet resté méconnu en raison de sa facture aussi déconcertante que sa matière.
Chrétien de Troyes abolit ici toutes les conventions de la tradition romanesque : en effaçant les repères spatio-temporels et en désarticulant l'action narrative, il inaugure un espace onirique à l'intérieur duquel les personnages, pris dans des jeux de miroirs permanents, échangent leur identité et permutent leur fonction. Poussant plus loin encore la liberté poétique, il abolit la barrière entre la mort et la vie, faisant de certains protagonistes les revenants de figures archaïques disparues.
Par là, il ouvre à son lecteur la scène cachée sur laquelle l'homme engage les enjeux déterminants de sa destinée.
On découvre alors que le Chevalier cuirassé sous l'armure du moi a depuis l'origine rendez-vous avec deux partenaires : l'Autre primordial à deux visages, en même temps magnifique et démoniaque, et la Mort, elle aussi dédoublée, puisque celle qui attend le Chevalier n'est pas la mort glorieuse rencontrée dans le fracas des batailles mais une autre mort, qui est la condition de la vie.
En cette fin de siècle où la perte du sens de la mort menace de rendre la vie sans raison, les aventures de Gauvain, qui parachèvent le mythe du Graal, nous interrogent d'une façon brûlante.
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Dans un temps qui est celui du culte de la performance, de la rentabilité, de la marchandisation extrême, le sujet autiste atteste, d'une manière peut-être exemplaire, en étant là sans y être, le " pour rien " de chaque existence, l'inutile et le non-évaluable. C'est pourquoi, il nous interroge - lui qui ne pose aucune question - sur ce qui constitue un monde humanisé, donc un monde tout simplement.
Cet ouvrage porte son attention, non sur l'autisme comme objet de savoir, mais sur les enfants autistes qui, retirés dans un autre monde, sont des sujets qu'il faut pouvoir comprendre pour dresser quelques passerelles entre eux et nous.
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La pulsion de mort entre psychanalyse et philosophie
Michel Plon, Henri Rey-Flaud
- Eres
- 20 Mars 2004
- 9782749202662
Un siècle après L'interprétation des rêves, la découverte de l'inconscient s'est imposée à l'ensemble de la culture.
Aujourd'hui, les concepts de la psychanalyse sont devenus biens communs pour toutes les sciences humaines, au risque de perdre la fraîcheur et le tranchant du premier jour. C'est pourquoi il nous est apparu opportun d'interroger certaines références fondamentales du champ freudien en confrontant des philosophes et des psychanalystes sur le thème de la pulsion de mort. Cette notion, devenue d'un usage ordinaire, conserve en fait un caractère énigmatique.
La rabattre sur un obscur instinct d'agression serait assurément perdre le vif de l'invention originelle, en oubliant que Freud ne la conçoit pas dissociée de la pulsion antinomique de vie, la désintrication des deux marquant tout à la fois la catastrophe spirituelle de la psychose et les désastres de la civilisation.
Dans cet ouvrage, sont mis à la question les différents visages de la pulsion de mort : destinée fatale du patient en cure qui accomplit sa destruction programmée, déchaînements barbares de bandes de jeunes habités par une haine brute quand la fonction de " berger de l'être " dévolue au langage s'est complètement dissoute, mais aussi affirmation de la souveraineté des puissances létales, sublimées dans le théâtre de Racine.
C'est l'esprit des moments de surprise issus de ces confrontations que nous souhaitons partager avec nos lecteurs. ".