Il est difficile aujourd'hui de parler de l'orientalisme sans évoquer la « querelle » dont il est l'objet depuis que Edward Said proclama que l'Orient dont s'occupent les orientalistes est une fabrication de l'Occident. Les contributeurs du présent volume entendent pourtant se situer en dehors ou au-delà de cette querelle.
Pour ce faire, ils ont notamment porté leur regard sur ce que l'on peut nommer des « objets viatiques ». Ceux-ci rendent bien compte d'interactions qui ne sont nullement à sens unique, ou déterminés uniquement par un rapport de domination. Du choc esthétique que constitua pour Delacroix la musique judéo-arabe, à l'histoire d'un manuel d'érotologie mystérieusement traduit dans l'Algérie coloniale, en passant par la constitution du mythe touareg ou l'influence du tourisme sur l'artisanat marocain contemporain, le lecteur curieux et méfiant à l'égard des simplifications trouvera ici un ensemble d'études illustrant la diversité des approches dans un champ du savoir toujours fécond.
Nous y retrouverons aussi l'inspiration de François Pouillon, pour qui ce volume a été composé. Animant depuis de nombreuses années un séminaire de l'EHESS, il n'a jamais hésité à aborder des sujets parfois décalés. Ce sont par exemple la biographie du peintre Étienne Dinet, qui mourut musulman dans l'oasis de Bou-Saada, les textes de l'Émir Abd-El-Kader sur le cheval arabe, ou les enjeux anthropologiques des formules de salutation. En même temps que ce volume qui lui est dédié, les éditions Karthala publieront prochainement un recueil de ses recherches consacrées au monde bédouin.
Effectuée auprès d'un échantillon représentatif de 1503 syndicalistes dont l'adhésion s'étend des années 1960 aux années 2000. Ensemble, ces deux enquêtes permettent de saisir les traits de continuité et de discontinuité qui marquent l'histoire et l'univers de ce syndicat.
S'ensuit une analyse du rapport au politique des adhérents, entendu ici au sens large du terme : vote, sympathies partisanes et engagement politique. Mais aussi :
Action syndicale dans l'entreprise (défense des droits sociaux, références à la grève, à la négociation, au compromis social, au capitalisme) ; réalisme économique face au volontarisme social ; Europe, mondialisation, immigration ; égalité, laïcité, appartenance de classe, famille ; école et grandes doctrines politiques (social-démocratie, libéralisme, humanisme chrétien, autogestion, marxisme).
Par-delà ses résultats, l'enquête révèle un réformisme de la CFDT, produit des évolutions parfois heurtées de la centrale et modèle d'action privilégié par les adhérents dans la société française d'aujourd'hui.