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Guy Debord
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Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu'à la mort qu'il s'est choisie, une seule règle. Celle-là même qu'il résume dans l'Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle : «Il faut lire ce livre en considérant qu'il a été sciemment écrit dans l'intention de nuire à la société spectaculaire. Il n'a jamais rien dit d'outrancier.»
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Rapport sur la construction des situations
Guy Debord
- Mille Et Une Nuits
- La Petite Collection
- 17 Janvier 2024
- 9782755508628
« Nous pensons d'abord qu'il faut changer le monde. Nous voulons le changement le plus libérateur de la société et de la vie où nous nous trouvons enfermés. Nous savons que ce changement est possible par des actions appropriées. » Par ces mots, écrits en 1957, Guy Debord fonde l'Internationale situationniste.
En voici le manifeste. -
«Ces Commentaires pourront servir à écrire un jour l'histoire du spectacle ; sans doute le plus important événement qui se soit produit dans ce siècle ; et aussi celui que l'on s'est le moins aventuré à expliquer. En des circonstances différentes,je crois que j'aurais pu me considérer comme grandement satisfait de mon premier travail sur ce sujet, et laisser à d'autres le soin de regarder la suite. Mais, dans le moment où nous sommes, il m'a semblé que personne d'autre ne le ferait.»
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«Toute ma vie, je n'ai vu que des temps troublés, d'extrêmes déchirements dans la société, et d'immenses destructions ; j'ai pris part à ces troubles. De telles circonstances suffiraient sans doute à empêcher le plus transparent de mes actes ou de mes raisonnements d'être jamais approuvé universellement. Mais en outre plusieurs d'entre eux, je le crois bien, peuvent avoir été mal compris.» Guy Debord
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Ces fiches de lecture de Guy Debord sont la preuve irréfutable que l'histoire est un pivot essentiel du processus d'élaboration de son oeuvre. Elles font le lien entre le «?lyrisme humain?», thème qui lui est cher, et la lecture philosophique des phénomènes qui déterminent la vie des hommes par l'adjonction d'une analyse socio-historique dont le grand mérite est de contraindre à ne se satisfaire ni de sa pensée ni de ses sentiments. L'étude de l'histoire invite en effet à prendre la hauteur que requiert notre appartenance à un mouvement global de l'humanité dont il importe de comprendre les rouages. On mesure à travers ce livre à quel point cette étude de l'histoire fut une matière importante pour Debord, à la fois pour son contenu, mais aussi pour les méthodes d'investigation mises en oeuvre. Il s'intéresse ainsi par exemple à ce qui fonde les analyses d'Ibn Khaldoun et de Thucydide. Cet intérêt pour la méthode ne peut que nous renvoyer à sa réflexion sur les meilleurs moyens à mettre en oeuvre dans son travail de critique sociale. Par ailleurs, ces fiches indiquent une phase de lecture plus intensive des livres d'histoire à partir de la fin des années 1960. Cette hypothèse peut se trouver confortée par le fait que s'y lit aussi à plusieurs reprises un regard critique et rétrospectif sur l'idée de révolution, en lien avec les événements de Mai 1968.
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« Poésie, etc. » rassemble un ensemble de citations choisies par Guy Debord, dont les auteurs ne sont parfois aucunement des poètes.
Mais elles se caractérisent toutes par un regard lyrique sur l'existence, et une concision qui les font accéder avec plus d'intensité et d'immédiateté au coeur de ce qui nous bouleverse.
L'importance de la poésie et de la littérature dans les lectures de Guy Debord apparaît très tôt et ne se démentira jamais tout au long de son oeuvre. On y croisera entre autres, cités ou détournés, Baudelaire, Bossuet, Joyce, Pessoa, Shakespeare, Swift, Ronsard, Apollinaire, Breton, Villon, Éluard, Lautréamont, Cravan... Le recours à ces références donne à son travail de critique sociale une immense force de frappe, car directement et indissolublement lié à ce qui touche le plus intimement l'être humain.
L'utilisation du langage poétique est en effet toujours associé, chez Debord, au projet révolutionnaire qu'il nourrit. Pour lui, cependant, « il ne s'agit pas de mettre la poésie au service de la révolution, mais bien de mettre la révolution au service de la poésie », afin d'en assurer le renouveau, la pénétration dans la vie quotidienne - en un mot :
La réalisation -, et d'abolir ainsi la séparation entre la poésie et la vie vécue.
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La lecture de Marx et de Hegel fut déterminante dans le processus de réflexion ayant mené à l'écriture de La Société du spectacle. Guy Debord, s'il s'inscrivait dans la tradition de la pensée marxienne, n'était pourtant ni marxiste ni hégélien. Mais il a trouvé chez ces philosophes deux formes de pensée radicales qui répondaient pleinement à ses préoccupations. À l'instar du système théorique de Hegel, capable d'appréhender dans un seul mouvement tout ce qui gouverne l'existence humaine, il s'est attaché à produire une analyse de la société marchande qui s'applique à l'ensemble de son mode de fonctionnement. Quant à Marx et à son entourage, leur parcours et leurs idées constituent pour lui un modèle pour l'organisation de l'activité politique et révolutionnaire de l'Internationale situationniste.
Néanmoins, les spécificités de chaque auteur, et l'existence de deux dossiers de fiches de lecture bien distincts dans les archives de Guy Debord, ont été respectées dans ce volume constitué de deux parties : la première consacrée à Marx, la seconde à Hegel, l'une et l'autre faisant l'objet d'une postface revenant sur les apports précis de chacun à son oeuvre.
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La réflexion sur la stratégie est au coeur de la pensée de Guy Debord.
Héritiers du dadaïsme, du surréalisme puis du lettrisme, lui et ses compagnons de route ont cherché un nouveau passage vers une contestation aussi large que possible des conditions de vie dans nos sociétés modernes. Ils n'ont eu de cesse de porter concrètement la lutte hors du champ de l'art, dans le domaine de la vie quotidienne :
La révolution doit être d'abord la modification des perspectives au sein de cette vie. Les propositions théoriques de Guy Debord s'accompagnent ainsi tout au long de l'aventure d'un violent désir d'action pour faire changer la face d'un monde dont il rejette les faux-semblants, avec en ligne de mire la mise en oeuvre effective de son projet révolutionnaire. Le Jeu de la guerre imaginé par Debord dès le milieu des années 1950 témoigne de la place qu'a occupée dans sa réflexion la nécessité de penser stratégiquement tout projet d'action, quel qu'il soit.
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In girum imus nocte et consumimur igni ; ordures et décombres
Guy Debord
- Gallimard
- Blanche
- 12 Octobre 1999
- 9782070756797
Le 1?? janvier 1977, Guy Debord signait un contrat avec la société Simar Films pour la réalisation d'un long métrage en 35 mm, en noir et blanc, d'une durée de 90 mn. Il y était stipulé, d'entrée : «Il est entendu que l'auteur accomplira son travail en toute liberté, sans contrôle de qui que ce soit, et sans tenir compte de quelque observation que ce soit sur aucun aspect du contenu ni de la forme cinématographique qu'il lui paraîtra convenable de donner à son film.» Le titre même du film ne fut révélé qu'une fois celui-ci réalisé. C'est ainsi que procédait Guy Debord, suivant toujours «un principe naturellement peu favorable à la spéculation fiancière», et ses producteurs ne s'en plaignirent point.Les media, eux, au nom d'un public autrement malmené, regimbèrent. Ordures et décombres déballés à la sortie du film «In girum imus nocte et consumimur igni», qui paraissait en 1982, sans le moindre commentaire (et que nous reprenons en l'augmentant de deux articles), a fait état des diverses réactions, peu variées, de la presse.Face au mur d'incompréhension plus ou moins feinte et aux interprétations erronées, Guy Debord jugea utile en 1990 de publier une édition critique du texte de son film. C'est ce texte que nous donnons ici à relire. Il est suivi d'une note inédite, datée du 22 décembre 1977, qui donne à voir les images, la poésie et le sens profond qui tissent la trame d'un film dont le thème tourne autour de «la vie réelle».
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Nous avons regroupé trois textes autonomes de Guy Debord, dont deux firent l'objet d'un tirage à part et dont le premier, ici, fut rédigé en 1971 pour paraître dans le treizième numéro de la revue de l'Internationale situationniste avant sa dissolution. Malgré la diversité apparente des sujets analysés : les émeutes de Watts (dans Le déclin et la chute de l'économie spectaculaire-marchande en 1966), la décomposition des pouvoirs bureaucratiques et de leur idéologie (dans Le point d'explosion de l'idéologie en Chine, en août 1967) et, enfin, le thème de la pollution et de sa représentation (dans La planète malade, inédit de 1971), c'est du «spectacle» sous toutes ses formes et de ce qu'il engendre dont il s'agit. Donnés avec la date de leur rédaction, ces trois textes témoignent non seulement de leur pertinence mais encore de leur actualité.
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Toute ma vie, je n'ai vu que des temps troublés, d'extrêmes déchirements dans la société, et d'immenses destructions ; j'ai pris part à ces troubles.
De telles circonstances suffiraient sans doute à empêcher le plus transparent de mes actes ou de mes raisonnements d'être jamais approuvé universellement. mais en outre plusieurs d'entre eux, je le crois bien, peuvent avoir été mal compris. (. ) personne, mieux que shakespeare, n'a su comment se passe la vie. il estime que " nous sommes tissés de l'étoffe dont sont faits les rêves ". calderon concluait de même.
Je suis au moins assuré d'avoir réussi, par ce qui précède, à transmettre des éléments qui suffiront à faire très justement comprendre, sans que puisse demeurer aucune sorte de mystère ou d'illusion, tout ce que je suis. ici l'auteur arrête son histoire véritable : pardonnez-lui ses fautes.
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Considerations sur l'assassinat de Gérard Lebovici
Guy Debord
- Gallimard
- Blanche
- 4 Mai 1993
- 9782070734023
«L'assassinat de Gérard Lebovici, avec le déchaînement des accusations contre moi que l'événement aura instantanément entraînées, date de 1984. À la fin de l'année, j'ai rassemblé et examiné les attaques, dans ces Considérations qui furent publiées aux premiers jours de 1985. La suite a bien confirmé le sens que l'opération paraissait avoir. Jamais plus, on ne se sera aventuré à juger quelque autre éventuel responsable du crime. Les employés médiatiques ayant servi là n'eurent plus qu'à se taire sur cette question qui les avait tant émus; comme si leur propre conduite n'avait été que normale. Quant à la critique qui persiste, on ne sait trop pourquoi, à s'intéresser à mon néfaste destin, elle s'est vue modernisée deux ou trois ans plus tard. Désormais, pour me faire une mauvaise réputation, elle va accumuler, sur chaque sujet, les dénonciations péremptoires. Spécialistes homologués par des autorités inconnues, ou simples supplétifs, les experts révèlent et commentent de très haut toutes mes sottes erreurs, détestables talents, grandes infamies, mauvaises intentions. (J'en montrerai prochainement d'instructifs exemples).» Guy Debord.
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Oeuvres cinématographiques complètes 1952-1978
Guy Debord
- Gallimard
- Blanche
- 24 Novembre 1994
- 9782070740659
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Ces cinq enregistrements réalisés par Guy Debord couvrent une période de neuf ans qui s'étend des prémices de l'Internationale lettriste (1952-1957) à la fin de la première époque de l'Internationale situationniste (1957-1961), époque de la recherche d'un terrain artistique véritablement nouveau à partir de la réunification de la création culturelle d'avant-garde et de la critique révolutionnaire de la société.
Ces documents sonores nous font entendre la voix singulière de Guy Debord, et s'il a pu dire plus tard que rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, en 1953 il constatait : « Bien sûr, les auditeurs n'existent pas, c'est une illusion collective, comme Dieu quand il était à la mode. »
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«Spécialistes homologués par des autorités inconnues, ou simples supplétifs, les experts révèlent et commentent de très haut toutes mes sottes erreurs, détestables talents, grandes infamies, mauvaises intentions...»
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Correspondance Tome 5 ; janvier 1973-décembre 1978
Guy Debord
- Fayard
- Essais Fayard
- 5 Octobre 2005
- 9782213627069
« L'époque ne demande plus seulement de répondre vaguement à la question Que faire ? [...] II s'agit maintenant, si l'on veut rester dans le courant, de répondre, presque chaque semaine, à la question : Que se passe-t-il ? [...] Le travail principal qui me paraît à envisager maintenant - comme contraire complémentaire de La Société du spectacle qui a décrit l'aliénation figée (et la négociation qui y était implicite) -, c'est la théorie de l'action historique. C'est faire avancer, dans son moment qui est venu, la théorie stratégique. À ce stade, et pour parler ici schématiquement, les théoriciens de base à reprendre et développer ne sont plus tant Hegel, Marx et Lautréamont que Thucydide-Machiavel-Clausewitz. » On verra, pour ce faire, comment tout au long de ces six années d'une correspondance riche en analyses et en projets divers - l'étroite collaboration qui s'est établie entre un éditeur et son auteur a rendu possible cette nouvelle stratégie. C'est ainsi que, par la voie du cinéma, Gérard Lebovici offrait à Guy Debord un champ plus vaste où il serait libre de s'exprimer. Trois films seront réalisés durant cette période.
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Commentaires sur la société du spectacle ; préface à la quatrième édition de « la société du spectacle »
Guy Debord
- Gallimard
- Blanche
- 2 Octobre 1992
- 9782070728077
«Ces Commentaires pourront servir à écrire un jour l'histoire du spectacle ; sans doute le plus important événement qui se soit produit dans ce siècle ; et aussi celui que l'on s'est le moins aventuré à expliquer. En des circonstances différentes,je crois que j'aurais pu me considérer comme grandement satisfait de mon premier travail sur ce sujet, et laisser à d'autres le soin de regarder la suite. Mais, dans le moment où nous sommes, il m'a semblé que personne d'autre ne le ferait.»
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Commentaires sur la société du spectacle ; préface à la quatrième édition italienne de la Société du spectacle (1979)
Guy Debord
- Folio
- 15 Novembre 1996
- 9782070401352
" J'ai du reste ajouté, en leur temps d'autres observations touchant les plus remarquables nouveautés que le cours ultérieur du même processus devait faire apparaître. En 1979, à l'occasion d'une préface destinée à une nouvelle traduction italienne, j'ai traité des transformations effectives dans la nature même de la production industrielle, comme dans les techniques de gouvernement, que commençait à autoriser l'emploi de la force spectaculaire. En 1988, les Commentaires sur la Société du Spectacle ont nettement établi que la précédente " division mondiale des tâches spectaculaires ", entre les règnes rivaux du " spectaculaire concentré " et du " spectaculaire diffus ", avait désormais pris fin an profit de leur fusion dans la forme commune du " spectaculaire intégré ".(...) C'est cette volonté de modernisation et d'unification du spectacle, liée à tous les autres aspects de la simplification de la société, qui a conduit en 1989 la bureaucratie russe à se convertir soudain, comme un seul homme, à la présente idéologie de la démocratie : c'est-à-dire la liberté dictatoriale du Marché, tempérée par la reconnaissance des Droits de l'homme spectateur. (...) En 1991, les premiers effets de la modernisation ont paru avec la dissolution complète de la Russie. Là s'exprime, plus franchement encore qu'en Occident, le résultat désastreux de l'évolution générale de l'économie. Le désordre n'en est que la conséquence. Partout se posera la même redoutable question, celle qui hante le monde depuis deux siècles : comment faire travailler les pauvres, là où l'illusion a déçu, et où la force s'est défaite ? "
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Correspondance Tome 3 ; janvier 1965 - décembre 1968
Guy Debord
- Fayard
- Documents Fayard
- 8 Janvier 2003
- 9782213613703
Pour l'Internationale situationniste, les années qui vont de 1965 à 1968 sont marquées par une implication déterminante dans ce que l'on pourra appeler le cours de l'Histoire.L'I.S. va se retrouver, malgré le boycott ou la récupération de ses thèses, au centre du débat culturel (politique et artistique) de l'époque. Situation qu'elle mettra à profit en faisant publier simultanément La Société du spectacle et le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations ; et en inspirant divers scandales qui marqueront de leur empreinte l'explosion de Mai 68.
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En 1988, Guy Debord fait paraître ses retentissants Commentaires sur la société du spectacle, où les «quelques conséquences pratiques, encore peu connues, qui résultent de ce déploiement rapide du spectacle durant les vingt dernières années» viendront confirmer ses thèses de 1967, en disant «ce qui est».
De façon similaire, sa correspondance - qui avec ce volume arrive à son terme - montre, durant les sept années qui vont lui rester à vivre, que face à une nouvelle forme de notoriété il continue de juger et d'agir selon ce qu'il est.
Il décidera, le 30 novembre 1994, de franchir, à l'heure choisie, sa propre ligne d'arrivée ; comme il avait décrété que l'année 1951 devait être celle de son véritable point de départ. Car «la suite était déjà contenue dans le commencement de ce voyage». -
Correspondance Tome 4 ; janvier 1969 - décembre 1972
Guy Debord
- Fayard
- Essais Fayard
- 6 Octobre 2004
- 9782213620589
En épigraphe aux Notes pour servir à l?histoire de l?I.S. de 1969 à 1971, parues en 1972 dans La Véritable Scission, Guy Debord plaçait deux citations ; l?une tirée de L?Idéologie allemande : «Les individus sont tels qu?ils manifestent leur vie. Ce qu?ils sont coïncide donc avec leur production, aussi bien par ce qu?ils produisent que par la manière dont ils le produi-sent» ; l?autre, des Mémoires du cardinal de Retz : «L?on a plus de peine, dans les partis, à vivre avec ceux qui en sont qu?à agir contre ceux qui y sont opposés.» C?est sur la base de telles réalités qu?un débat d?orientation, au sein même de l?I.S., fut engagé au début de 1970 pour provoquer une «véritable scission» dans l?I.S. Mais aussi, et à plus forte raison, «dans le vaste et informe mouvement de contestation» empreint d?idéologie et, par là même, sujet à toutes les récupérations ou manipulations possibles. L?Italie, en premier lieu, connaîtra dès cette époque bombes et autres formes éprouvées du terrorisme d?Etat.
Ce volume 4 de la Correspondancede Guy Debord témoigne de tout cela et, de manière tout aussi exemplaire, de l?emploi «fait du temps» qui, de l?aveu même de l?auteur, «composait un ensemble qui ressemblait aux plus heureux désordres» de sa jeunesse. -
C'est en 1979 que Guy Debord décide, une première fois, de quitter un Paris qui à ses yeux avait, depuis longtemps déjà, tout perdu de son charme.
Si le siège de l'état-major s'est déplacé, l'état de guerre, pour lui, reste permanent : depuis la situation en Italie, dont il donne une analyse lucide dans sa Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du spectacle », à celle de l'Espagne de l'après-franquisme, qui le conduit à mener campagne en faveur des « autonomes » emprisonnés à Ségovie, le tout entrecoupé de « jours tranquilles » passés ici ou là, durant lesquels conseils, traductions et publications se succèdent.
Le 5 mars 1984, le mystérieux assassinat de son ami éditeur le pousse dans un nouveau type de combat, cette fois contre une presse particulièrement déchaînée et hostile où, écrivait-il à son défenseur dès le 30 mars : « l'on me présente comme un hors-la-loi systématique qui ne peut évidemment , en aucune circonstance, et même pas provisoirement, placer une « confiance quelconque. dans les institutions judiciaire ». Ceci implique en effet que je devrais être exclu de toute protection des lois qui règnent actuellement, puisque la plupart existent contre mon opinion. [...] A l'avenir, on ne sera plus « surpris » que je puisse attaquer des calomnies journalistiques ; et l'existence de cette nouvelle « arme de dissuasion » évitera sûrement bien des imprudences de plume ».
De ces années pleines de bruit et de fureur en tout genre, beaucoup de choses vont être retenues et analysées qui alimenteront les prochains Commentaires sur la société du spectacle.
On devrait déjà entrevoir ici quelques-uns de ses pronostics, dans la mesure où le permettait alors une correspondance que tant d'événements lourds de conséquences obligeaient de toute évidence à une certaine circonspection.
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Le tome second contient une série de preuves iconographiques.
Les tromperies dominantes de l'époque sont en passe de faire oublier que la vérité peut se voir aussi dans les images. L'image qui n'a pas été intentionnellement séparée de sa signification ajoute beaucoup de précision et de certitude au savoir. Personne n'en a douté avant les très récentes années. Je me propose de le rappeler maintenant. L'illustration authentique éclaire le discours vrai, comme une proposition subordonnée qui n'est ni incompatible ni pléonastique.