Juge d'instruction pendant quatre décennies - dont dix-neuf années consacrées à la lutte antiterroriste -, Gilbert Thiel aimait à se présenter, quand il était encore en activité, comme « le magistrat le plus ancien dans le grade le moins élevé ».
En racontant leurs procès retentissants, il se penche, avec l'humour consommé qu'on lui connaît, sur le parcours criminel de quelques accusés qui, contre toute attente, eurent le bonheur d'être acquittés, alors même qu'ils avaient reconnu les faits qui leur étaient reprochés.
Ces récits esquissent la fresque d'une France s'éveillant à la modernité au début du XXe siècle, et, en filigrane, le tableau d'une justice déjà en proie à des maux en passe de devenir chroniques...
Pas sûr que ce voyage avec ces acquittés « à l'insu de leur plein gré » au coeur des instances de la Belle Époque, des Années folles et de la Libération, contribue à restaurer la confiance des Français dans la justice de leur pays...
Même avec Éric Dupond-Moretti ? ironise, avec une once de perfidie, le juge, dans une ultime saillie.
Juge d'instruction antiterroriste au caractère bien trempé, réputé pour son franc-parler et son humour, Gilbert Thiel nous convie, à quelques semaines de sa retraite, à un inquiétant Tour de France du crime organisé et de ses connexions internationales qui, de la Corse à Paris en passant par Marseille et la Côte-d'Azur, fait parfois étape en Suisse, aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Afrique de l'Ouest. Trafics de stupéfiants et d'êtres humains, blanchiment, racket, corruption, règlements de comptes, connivences avec des organisations terroristes, l'auteur dresse dans une langue drue, drôle, plus riche de vérités crues que d'euphémismes, l'inventaire sans frontières d'une criminalité structurée, omniprésente, brassant des sommes considérables et aux velléités corruptrices avérées, qui fait craindre que demain le crime organisé ne devienne plus fort que des Etats insuffisamment armés et déjà dominés par les marchés financiers.
Trente ans après les «années de plomb» italiennes, les crimes d'Action directe et ceux de la bande à Baader, dix ans après l'abandon de la lutte armée par l'Armée républicaine irlandaise (IRA), sept ans après les attentats du 11 Septembre et l'apparition d'Al Qaïda, étendard d'un terrorisme mondialisé, se pose plus que jamais et avec une grande acuité la question de la définition de l'acte terroriste.
Tout en retraçant l'histoire des multiples mouvances extrémistes qui ont choisi le camp de la violence, le juge antiterroriste Gilbert Thiel dépeint de l'intérieur l'évolution du système judiciaire français et s'interroge sur la place du juge dans la société, «juge ou partie», dans un entretien avec l'éditeur Rémy Toulouse, en un débat fondamental sur l'équilibre entre les libertés et les préoccupations sécuritaires.
Devant la méfiance croissante des citoyens face à la justice, et à l'heure où son fonctionnement se trouve dans la ligne de mire de nos hommes politiques, le juge Thiel livre le fruit de son expérience quotidienne et trentenaire de la lutte du droit contre la brutalité. Ses réflexions décapantes sur l'indépendance de la justice - et les difficultés de la magistrature à la défendre - montrent tout le chemin qui reste à parcourir au système judiciaire pour tenir tête à ce «mal français».
Le juge n'est pas près de dormir sur ses deux oreilles...
Premier juge d'instruction au Tribunal de grande instance de Paris, Gilbert Thiel est affecté à la section antiterroriste depuis 1995. Il est l'auteur, aux éditions Fayard, de On ne réveille pas un juge qui dort (2002) et de Magistrales insomnies (2005).
« Pour dépeindre les maux de la Justice qui n'en manque pas, les mots ne font pas défaut. Ceux que j'emploie, j'en conviens, ne sont guère employés par les conférenciers sélectionnés pour aller discourir lors des séminaires organisés par l'Ecole nationale de la magistrature. Mais, par-delà les termes, le programme est le même : statut, indépendance, juge d'instruction, droits de la défense, relation presse/justice, justice et politique, affaires affairistes, affaires criminelles, terrorisme, perspectives, etc... »L'un des grands juges de la « lutte antiterroriste », l'un des magistrats les plus protégés, les mieux informés et les moins bavards de France, Gilbert Thiel, nous livre ici un témoignage exceptionnel et la profession de foi d'un « croisé de la justice ». Outre les réseaux de financement politique clandestins, il évoque pour la première fois dans un ouvrage les affaires Simone Weber, Guy Georges, qu'il a traitées, mais aussi les dossiers basque et breton, les réseaux islamistes implantés en France, sans oublier la Corse et l'enquête sur le meurtre du préfet Erignac.Né à Metz en 1948, Gilbert Thiel a intégré l'Ecole nationale de la magistrature en février 1976, et obtenu son premier poste de juge d'instruction à Nancy en 1978. Après quatre années au parquet général de Metz il revient à l'instruction à Paris en 1994. Il est affecté à la section « antiterroriste » depuis 1995.Daniel Carton est journaliste. Il fut pendant dix ans journaliste politique au Mondeet grand reporter au Nouvel Observateur.
« L?État providence étant mort, le budget d?entretien de la machine le démontre, je me dis enfin qu?on a tout à craindre, et l?institution en premier lieu, de l?apparition du concept de justice providentielle, d?une justice à qui l?on demande tout et son contraire, et de surcroît tout de suite. Pour mettre mes actes en conformité avec mes idées du moment, je déchire le projet d?assignation que j?ai rédigé ce matin. Non, c?est décidé, je n?assignerai pas, comme je l?avais envisagé, le ministre de la Justice sur la base de l?article 1382 du Code civil afin d?obtenir une conséquente indemnisation, jurisprudence à l?appui, pour la perte non pas d?une chance, mais de mes illusions.
Vingt-sept ans de carrière dans la magistrature, dix ans à Paris dont neuf au terrorisme. Enfin, à l?antiterrorisme. Qu?est-ce que je fous là-dedans ? A quoi ça sert ? » Ces quelques lignes de Magistrales Insomnies donnent le ton. Le juge Thiel, qu?on avait eu l?occasion de rencontrer dans son précédent ouvrage On ne réveille pas un juge qui dort, poursuit sa dissection de la machine judiciaire à travers l?évocation des grands dossiers qui ont fait l?actualité des derniers mois et dont il a eu pour partie la charge : les tirs croisés entre factions nationalistes corses, les règlements de compte insulaires, les assassinats de François Santoni et de Jean-Michel Rossi, l?assassinat du préfet Erignac, la traque d?Yvan Colonna, l?affaire du bagagiste de Roissy, le cas Battisti, l?affaire des paillotes, etc. Cette présentation de la justice vue du front met en perspective une institution dont les « vérités énoncées » sont révélatrices de l?état de notre société, mais ici l?analyse passe par le prisme du récit, une instruction à charge et à décharge par un esprit libre, n?appartenant à aucune chapelle, et où la réflexion se trouve stimulée par l?humour, l?ironie et la provocation.
Marco Paulo, Bernard Swysen et le juge Gilbert Thiel ont fondé, à l'insu des plus hautes autorités politiques, judiciaires et ecclésiastiques de l'hexagone, mais avec la complicité active des éditions 12 Bis, une association internationale de malfaiteurs. De leurs réunions clandestines, conspiratrices et houblonnées est née cette BD subversive, véritable projet criminel qui décrypte les rouages du pouvoir à travers l'exemple édifiant de l'irrésistible ascension de maître Nagy, avocat d'affaires à Neuilly. Le Pouvoir de Convaincre, véritable fable politico-judiciaire, se base sur des faits réels pour mettre en lumière les collusions entre affairisme, politique et justice de ces trente dernières années. Totalement décalé, cet album peut se lire à plusieurs niveaux, du non-initié de la chose juridique au plus haut des magistrats. Tremblez, braves gens, car personne ne pourra résister au pouvoir de convaincre de Me Nagy !
L'intégrale des tueurs en série français, exposée par l'ancien juge d'instruction Gilbert Thiel.
Ils sont plus de cinquante à former ce casting hors normes. En immersion dans la vie de ces criminels sériels, nous découvrons leurs scènes de crime, les enquêtes difficiles et souvent laborieuses, les prétoires où ils furent jugés et condamnés, et les bois de justice, où bon nombre d'entre eux furent exécutés.
Le juge Thiel, avec son style saillant, sa grande culture judiciaire et historique - c'est en particulier à lui qu'on doit l'arrestation de Guy Georges -, et une bonne dose d'humour distancié, campe décors et acteurs de ces histoires vraies, sans rien omettre.
Ce livre d'entretiens retrace la carrière du haut magistrat. De ses démêlés avec sa hiérarchie aux conversations avec les ministres, Gilbert Thiel évoque nombre de dossiers sensibles (réseaux corses, valse des témoins, enterrement de certaines affaires, influences étrangères dans certains dossiers.).
Mais au-delà de ces affaires, l'auteur brosse un sombre portrait de la justice française : décisions non appliquées (environ 100 000 par an !), remises de peine automatiques et incontrôlées, récidives, surpopulation carcérale, greffiers validant des faux en écriture publique faute de moyens.
Un document terrible sur notre système judiciaire écrit par un homme libre qui raconte tout ce qu'il a vu.