Tout au long de son oeuvre, Camus a entretenu un dialogue philosophique avec Nietzsche. Ce dialogue pose notamment, à partir du nihilisme moderne, la question d'un nouvel humanisme.
Aristocratique et largement esthétique, le «surhumanisme» de Nietzsche est un humanisme de la rupture et du dépassement, qui rejette les valeurs morales du judéo-christianisme, grégaires et stériles. Camus, lui, fonde son humanisme sur une révolte « qui dit non à ce qui transgresse les frontières de l'humain et qui dit oui à la part précieuse de lui-même ». Cette part précieuse est ce par quoi l'homme échappe à l'histoire, aux oppressions et aux crimes qui y ont cours, ce en quoi réside son humanité permanente dont il faut à tout prix respecter dans toutes circonstances la liberté et la dignité.
Analysant intelligemment les traces de Nietzsche chez Camus, Gilbert Merlio jette un éclairage nouveau sur l'oeuvre et la personnalité d'Albert Camus, plus que jamais nécessaire en ces temps troublés.
Oswald Spengler aura-t-il eu raison ? Tandis que les signes s'accumulent, on assiste au retour de l'auteur du Déclin de l'Occident (1918-1922), ou tout du moins à celui de ce titre-slogan, sa pensée restant largement méconnue en France. Comment Spengler se représentait-il ce déclin, passage d'une culture véritablement créatrice à une civilisation tournée vers des tâches quantitatives et matérielles ?
Spengler fait preuve d'un pessimisme culturel profond : à terme, l'Occident et ses valeurs mourront. Sa critique de la rationalisation du monde, celle des moeurs qui s'installent dans les métropoles cosmopolites, du système technicien, du libéralisme politique et économique, sont des symptômes de la crise moderne et doivent nous alerter sur l'évolution du monde occidental. À charge pour nous de lui donner tort en ne succombant pas à son fatalisme historique, ni à l'esthétisme de son « réalisme héroïque ».
Nietzsche, le «bon européen à Cosmopolis» ? Analyser sa philosophie sous cet angle permet d'éviter certains malentendus, comme celui d'un Nietzsche germanique ou d'un Nietzsche dernier représentant de la métaphysique occidentale, et de faire émerger une des véritables questions posées par sa philosophie, celle de l'Europe, dont sont analysés ici les aspects précurseurs ainsi que les limites. Pouvons-nous encore utiliser aujourd'hui la force critique de la philosophie de Nietzsche contre la guerre, contre tout nationalisme et totalitarisme ? Pouvons-nous utiliser son anti-antisémitisme contre tout racisme ? Un idéal oecuménique et laïc voire athée est-il possible ? Y a-t-il une manière de lier les peuples qui ne soit pas celle du commerce ou de la société du spectacle ? Existe-t-il, peut-il exister aujourd'hui une Cosmopolis au sens de Nietzsche ?