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Georges Perros
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«Je me suis fait un non» disait avec cet humour ferme qui le caractérisait Georges Poulot alias Georges Perros (1923-1978). Un de ses plus évidents refus est bien celui de la vie littéraire parisienne et mondaine qui s'offrait à lui quand, après avoir renoncé à sa première vie de comédien qui le mena à la Comédie française et dans la troupe de Vilar, il entame en 1954 en collaborant à la NRF son chemin d'écrivain. Perros part en effet dès 1959 s'installer définitivement à Douarnenez où il vivra jusqu'à sa mort précoce d'un cancer de la gorge, une vie simple et pauvre, une vie ordinaire au milieu de gens ordinaires. Si les notes, aphorismes et fragments des Papiers collés assurent dès 1960 sa notoriété, il publie deux ans après les Poèmes bleus qui, avec Une vie ordinaire (1967), imposent, à l'opposé des préoccupations formalistes de l'époque, une poésie directe, franche, d'un ton aussi naturel que celui d'une conversation de bistrot dans un port breton. Mais cette simplicité est évidemment le fruit d'un art supérieur où la fluidité, la souplesse et la musicalité du vers font le premier bonheur du lecteur. Pas très loin de Queneau, la poésie narrative des Poèmes bleus dit d'abord de façon bouleversante la Bretagne minérale et venteuse, sa rudesse qui va avec ses beautés mais aussi les sentiments d'un homme partagé entre son amour de la vie, son goût d'une humanité simple et sans pose et une mélancolie foncière, une sensation de solitude irréductible, contradiction qui se résout le plus souvent par l'humour.
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«Ce petit livre est né d'une obsession d'origine musicale. Je me suis trouvé comme envahi, sous le coup d'une vermine, d'un pullulement qu'un rythme octosyllabique sollicitait, entraînait vers je ne savais, ni ne sais encore, trop quoi. Il me fallait nourrir cet écoulement, et j'ai pris ce qui me tombait sous la main, ou pour mieux dire, sous la note. Dès lors, jour après jour, et durant deux mois, un mince filet de voix s'est égaré dans des régions qui sont moins d'ordre autobiographique que du mouvement, de l'humeur en marche qui décrétait telle flaque d'écriture. Il n'était pas question de raconter ma vie, mais d'en réciter quelques séquences arrachées à l'écran poisseux du réel. Ce sont donc des huitains qui m'en ont fait voir de toutes les couleurs.» Georges Perros.
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Georges Perros, l'auteur des incontournables Papiers Collés, aurait eu 100 ans en 2023. Il était aussi poète, un poète du quotidien à la langue simple et pure.
Comme la plupart des modestes, Georges Perros, s'était fort peu soucié de recenser ses oeuvres. Il les donnait à des revues, les envoyait à ses amis ou les offrait pour la Fête des Mouettes de Douarnenez... Après en avoir retrouvés ici ou là, nous les avions regroupés et publiés en 2006 dans un petit recueil, épuisé depuis plusieurs années maintenant. Il nous a semblé qu'il était temps qu'une nouvelle génération découvre J'habite près de mon silence et que cet anniversaire en était l'occasion. -
Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l'humeur, la lecture, le lieu, bref, comme tout le monde vit:par moments, par éclairs, par éclats.
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Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l'humeur, la lecture, le lieu, bref, comme tout le monde vit:par moments, par éclairs, par éclats.
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Ce volume contient la totalité de l'oeuvre de Georges Perros ainsi que de nombreux inédits. Elle est ici établie par ordre chronologique pour Papiers collés, Poèmes bleus, Une vie ordinaire, Papiers collés II, Échancrures, L'Ardoise magique et Papiers collés III, et par ordre d'écriture pour les inédits, les textes non repris en volume ou ceux réunis après sa mort. Attiré par la scène et l'envers du décor, sa première vocation fut le théâtre - une déception. Restent la force des mots, le phrasé. Glissement de l'oral à l'écrit. Sans revenus fixes, il assuma son dénuement volontaire, acharné à noircir ses petits carnets, ses agendas, seulement riche d'une moto. Ses amis, peu nombreux mais présents, le guidèrent. Gérard Philipe le recommande à Jean Vilar. Son métier ? Lecteur pour le T.N .P. Vilar s'est-il amusé autant que nous à lire ses comptes rendus ? Ils tiennent en peu de mots : l'intrigue, la meilleure réplique, son jugement. Pas de bavardage, ni de laconisme, c'est impitoyablement drôle - l'élégance de l'humour assassin. Georges Poulot (1923-1978) devient Georges Perros, l'homme inclassable de la littérature, le lecteur insatiable, le critique avisé, le touche-à-tout. Sa rencontre avec Jean Grenier amorce un tournant. Il consent à lui montrer quelques textes. Grenier les aime, s'empresse de les donner à lire à Paulhan, la N.R.F. les publie. Le ton est donné, la pensée entière, vive, l'écriture acérée et précise. C'est à son corps défendant qu'il réunit et publie Papiers collés - et les ouvrages suivants -, parce que la vie matérielle, avec toute une famille, l'a rattrapé et qu'il faut vivre. Il place si haut la littérature qu'il se juge toujours indigne d'un tel sacerdoce. Loin de Paris, à l'écart de tout «milieu», à Douarnenez, il officie de notes, de lectures, de poèmes. L'homme parle, malgré lui. Et lorsque le verbe le fuit, il dessine, peint, pour retrouver la seule écriture qui vaille : celle du quotidien, ces instants sans importance, l'anecdotique, où se niche l'essentielle vérité. Comment la poésie peut-elle enchanter notre réalité ? Comment transcender la douleur ? Aimer, se pardonner ? Comment vivre ?
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Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l'humeur, la lecture, le lieu, bref, comme tout le monde vit:par moments, par éclairs, par éclats.
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Cette correspondance rassemble deux écrivains en apparence très éloigné, tant du point de vue de l'écriture que dans la façon de se situer, de vivre et d'appréhender la chose littéraire et politique. Georges Perros est poète, et des plus sensibles à l'inactualité de la vie ordinaire. Rétif à l'engagement, il s'est arcbouté très tôt dans une posture existentielle de retrait, alors qu'à l'opposé, Pierre Pachet, dans ses cours de littérature, a souvent défendu l'idée qu'il fallait intervenir et penser son époque sans assigner à l'art du critique aucune limitation de discipline ou de genre. Ses travaux touchent à des domaines du savoir, la psychanalyse, la sociologie, la science politique, dont justement Perros, qui se mé!e des constructions intellectuelles, ne s'est emparé qu'au détour de notes, avec ironie et un certain génie de la dérobade. La perception qu'ils ont de leur identité di"ère par ailleurs, l'un étant très attaché à la Bretagne comme à un coin de pays fantasmé, l'autre, juif d'origine russe, revendique un moi plus décloisonné. Or ces deux grands lecteurs, requis par des passions quelquefois divergentes, se retrouvent dans l'esprit des Cahiers du Chemin dirigés par Lambrichs, dans une résistance viscérale au dogme, un sens de la langue et le sentiment d'être tous les deux des « seulibataires », mais à charge de famille. Leur amitié atypique, qui débute en 1968, ne s'interrompra qu'avec la mort de Perros, dix ans plus tard.
C'est le jeune Pierre Pachet qui engage et soutient le dialogue. Un Pachet d'avant son oeuvre d'essayiste. Il est alors fasciné par le prosaïsme magique de Perros au point d'en pasticher un peu la manière épistolière, et d'instaurer de façon inattendue, entre son aîné et lui, une relation virile, a"ectueuse, égotiste, plutôt complice. Mais contre laquelle semble se défendre parfois un poète mal à l'aise dans le rôle du maître. Reste que Perros laisse Pachet le « prendre au sérieux », pas du tout mécontent d'être lu comme il lisait autrefois Grenier ou Paulhan. Les vues sur Perros, que Pachet prolonge dans des articles que nous reproduisons en annexe, introduisent à l'esthétique du poète, tout en donnant de son commentateur une sorte d'autoportrait. Pachet voit en Perros un « penseur et moraliste », qui place son orgueil dans la vie, où précisément il a le moins de chance de réussir.
Au !l des lettres, qui arrachent Pachet à la routine de sa vie universitaire, la relation de maître à disciple s'estompe.
Pachet commence à publier au moment où Perros perd l'usage de la parole à la suite de sa laryngectomie. Il y a dans les dernières pages des accents aussi déchirants que dans L'Ardoise magique. -
Faite de pudeur, parfois de timidité, cette correspondance entre deux écrivains de "grand format" témoigne d'une grande attention à l'autre, à ses projets et à ses livres. Certes, elle peut sembler plus d'une fois en péril, comme le montrent ses interruptions, mais à chaque retrouvaille, cette correspondance nous dit qu'il n'en est rien. La présence ténue de l'autre a laissé derrière elle un sillon dans lequel se déposent ses livres et son empreinte : ces deux hommes se connaissent et se reconnaissent. Entre le silence "à vide" et "avide" de Bernard Noël et la "liberté du retrait" cultivée par Georges Perros, la lettre prend alors une allure qui dépasse le médium, elle touche à la fugue, à la méditation sur l'homme et sur l'écriture.
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Il m'arrive de rêver que nous aurions pu nous connaître avant. Avec le même âge. Je crois que nous serions restés amis. » (Georges Perros à Jean Paulhan) 1953 : La Nouvelle Revue française renaît de ses cendres. Jean Paulhan, alors septuagénaire, cherche des regards neufs : Jean Grenier lui présente le jeune Georges Poulot, tout juste âgé de trente ans, ancien sociétaire de la Comédie-française avec Gérard Philipe, lecteur pour le TNP de Jean Vilar. Ainsi débute à La NRF celui qui prend le nom de Georges Perros.
Cinquante-huit critiques et quelques «papiers collés» plus tard, le «petit noteur» est devenu un écrivain à part entière. Entre temps, il a préféré s'esquiver, prendre la tangente sur sa pétaradante moto et se réfugier au fin fond de la Bretagne.
Refusant d'être publié en volume ou de se présenter à des prix littéraires, Georges Perros assume sa «sociale insignifiance» : «Ce que ces notes m'ont apporté, explique-t-il en septembre 1954, m'a comblé. Vous savez ce que je veux dire. L'important, c'est de continuer, quoique comblé.» Sauvage, instable, Perros ne décourage pas Paulhan. Bien au contraire, sa personnalité tourmentée l'intrigue, son esprit ironique et pince-sans rire excite sa curiosité. Mieux : il voit en son cadet la figure même de la littérature vivante - celle qu'il faut soutenir, publier, pousser dans ses retranchements.
Mais Georges Perros est aussi l'un des rares correspondants de Jean Paulhan à lire son oeuvre de manière désintéressée et à le suivre sur ce terrain du langage qui hante le directeur de La NRF : «Vous tournez autour des difficultés centrales - et rien moins que littéraires -, écrit Perros dans sa toute dernière lettre, comme un tigre qui voudrait manger un bout de la cuisse de la vérité.» Non sans courage, il tente de cerner le secret de Jean Paulhan, à l'aide des prismes de la poésie et de la psychologie. «Ce qui se passe (à l'endroit qui nous occupe), lui répond celui-ci, est tellement bizarre et contradictoire qu'il est d'abord difficile de se défendre de la conviction qu'on est vide, très exactement que l'on n'est personne. Mais je crois qu'il faut se défendre et qu'on est assez vite récompensé. Eh bien vos pages sont l'une de ces récompenses.» Il est d'autres «récompenses» au coeur de ces 211 lettres qui rythment «l'épreuve du compagnonnage» des deux épistoliers : les parties de boules aux Arènes de Lutèce, les visites à la ménagerie du Jardin des Plantes ou les nouvelles des migrations saisonnières des sardines dans la baie de Douarnenez...
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« Il plaisantait, tout en me visitant la gorge avec son miroir. Rien, ce n'était rien, même pas une angine, quelques rougeurs, pas de quoi fouetter un chat. Puis, comme par distraction plongeant plus profond, le voilà qui blêmit, verdit. Il se lève, gagne son bureau en titubant, frappe dessus en grommelant des «nom de dieu» qui réveilleraient le diable. En effet. Il tombe sur sa chaise, se prend la tête dans les mains. Je le rejoins, m'assois en face de lui, questionne. Mais je sais déjà tout. » L'ardoise magique, dédiée aux laryngectomisés, est le dernier écrit de Georges Perros (1923-1978). Publié quelques mois après sa disparition aux éditions Givre, il est repris la même année dans Papiers collés III (Gallimard).
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La correspondance qu'ont échangée le vosgien Henri Thomas (1912-1993) et le finistérien d'adoption Georges Perros (1923-1978) est certainement l'une des plus attendues par les lecteurs des deux écrivains (tous les deux poètes, critiques, quand Thomas est par ailleurs romancier et traducteur) qui ont profondément marquél'histoire de la littérature française du milieu du XXe siècle, tant leur existence personnelle est étroitement liée aux thèmes développés dans leur oeuvre respective, tant les unit une certaine fraternité dans la fidélité à soimême, une absence de concession d'ordre social. Constituée d'une soixantaine de documents, elle débute en 1960 et prend fin à la mort de Georges Perros en 1978.
Les deux hommes, après avoir vécu à Paris, chercheront par tous les moyens, même les plus radicaux, à s'éloigner de la vie parisienne, pour trouver les conditions nécessaires à leur création littéraire. C'est cet éloignement autour duquel tournent les échanges entre les deux solitaires attirés par les littoraux, les îles, l'océan, quand les circonscrit tout autant une grande précarité matérielle pour ne pas dire carrément la dèche.
Cette correspondance littéraire commence en 1960 alors que Henri Thomas, après avoir vécu pendant dix ans à Londres, se trouve aux États-Unis où il enseigne à l'université de Brandeis, à Waltham près de Boston. Georges Perros, quant à lui, après Saint-Malo, habite Douarnenez où, d'une certaine façon, il a trouvé refuge.
« Cher Henri Thomas, Merci pour votre petit mot qui m'a fait bien plaisir. Nous nous sommes déjà rencontrés, il y a maintenant quelques années, mais dans un endroit où les hommes n'ont qu'une hâte : se fuir. Je veux dire le bureau de la N.R.F. Je vous reverrai toujours, levant le doigt pour prendre la parole, dans un mélange d'humour et de pudeur. Puis il y a votre oeuvre, que je connais, que j'admire, des « notes » aiguës de Porte-à- faux à cette pathétique Dernière Année que je finis de lire. J'espère que vous continuez d'écrire des sonnets. J'écrivais dernièrement à Georges Lambrichs qu'ils me rendaient jaloux. [...] » ] Thomas répond au moindre signe de son ami et lui envoie les livres dont se nourrit Perros. Il lui peint l'envers du décor où il puise les éléments de son oeuvre.
Cher ami, [...] J'ai beaucoup trop « travaillé » pour la radio, étant à Londres. Ce n'est pas un langage parlé, mais une espèce d'écriture déréglée où l'on ne se relit pas, on s'écoute lire. L'hiver 47, à cinq heures du matin, je donnais communication du mouvement des navires. Là, c'était parfait. Mais songer que quelqu'un écoute alors que je réponds gentiment à n'importe quelle question, - quel mauvais rêve ! D'autre part, c'est amusant et peu réel, un peu comme d'être au café à la nuit tombante avec personne et tout le monde. [...] »] Cette correspondance constitue un témoignage essentiel de la relation entre les deux hommes qui se rendent parfois visite. Elle prendra fin alors que Georges Perros, atteint d'un cancer du larynx depuis 1976, est hospitalisé à l'hôpital Laennec.
« Le matin, parfois, avant la mise en branle des soins etc. je vais tapoter sur un piano aux touches très cariées. Je suis seul.
Ça dure un quart d'heure, vingt minutes. Je me lève, me retourne, et là, derrière moi, assis comme doivent l'être les tigres au repos dans la jungle, une dizaine de silencieux, qui rêvent, me demandent de continuer. On se croirait outre-tombe.»
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Lectures pour Jean Vilar
Georges Perros
- Le Temps Qu'Il Fait
- Littérature
- 4 Novembre 1999
- 9782868533128
La collaboration entre Perros (alors Poulot) et Vilar a sans doute débuté par un malentendu : le directeur de théâtre est persuadé qu'il va débusquer l'auteur maison.
Le lecteur, lui, se convainc qu'il doit chercher une aiguille dans une botte de paille. Et il prépare des réponses sans concession destinées à ces tortionnaires que sont les expéditeurs de manuscrits. Le ton Perros est déjà là ; la grisaille d'un résumé n'est pas son genre. Il interpelle Vilar, en fait son interlocuteur, le prend à témoin, l'invite à vérifier une intuition favorable, et de temps en temps ironise sur les conditions financières qui sont faites au Souffre-lecteur : " N'augmentez pas mon salaire, je me croirai obligé de tout lire, et vous de venir à mon enterrement ".
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L'occupation rassemble des oeuvres majeures de Georges Perros parues dans des tirages confidentiels aujourd'hui, pour la plupart, épuisés : Lettre-préface, En vue d'un éloge de la paresse, Échancrures, Notes d'enfance, Lexique, Gardavu, Huit poèmes, L'occupation, Télé-Notes. À l'instar des Papiers collés, les oeuvres rassemblées dans ce volume explorent tous les registres de l'écriture fragmentaire de Georges Perros. Formes multiples et enchaînées de l'aphorisme, poème ou note, éloge de la paresse, portrait à vif d'une adolescence ordinaire ou encore pathétique testament de jeunesse constituent ici l'itinéraire littéraire et le journal mental de l'écrivain.
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La pointe du Raz dans quelques-uns de ses états
Georges Perros
- Finitude
- 19 Novembre 2010
- 9782912667885
Les éditions Finitude et les éditions Fario se sont associées pour éditer le fac-similé d'un manuscrit de Georges Perros: La pointe du Raz dans quelques uns de ses états. Perros a enluminé son texte de nombreux dessins, dans les marges, pour l'offrir à son ami Michel Butor. L'ouvrage, composé de la reproduction du manuscrit avec les dessins de Perros et d'une version typographiée du texte, est précédé d'une présentation de Michel Butor dans laquelle il se souvient de l'origine de ce superbe objet.
En 1973, la revue aixoise L'arc publiait un numéro spécial autour de Michel Butor. A ce dernier fut confié le choix des contributeurs de ce numéro. Il fit appel, parmi d'autres, à son ami Georges Perros. Celui-ci répondit avec cet ensemble de planches dessinées autour d'un texte relatant un itinéraire vers ce finistère de la Pointe du Raz. Itinéraire multiple, qui circule entre les lieux, les époques et les textes. Le manuscrit de Perros se présente en effet sous la forme de trois colonnes, l'une constituée du récit de Georges Perros, une deuxième agrégeant des citations de Flaubert, de Michelet, et de l'Ecclésiaste (traduit par Meschonnic), la troisième faisant intervenir des extraits de Daniel Bernard et de Michel Butor lui-même.
Le texte fut repris par la suite dans le troisième tome de Papiers collés, mais dans une version légèrement remaniée. Ici est publié l'intégralité du texte original qui est conservé dans le fonds Michel Butor de la Bibliothèque Louis-Nucéra à Nice.
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Graver sur le mur du vent ; entretiens avec Jean Daive le 16 décembre 1975
Georges Perros
- Marcel Le Poney
- 3 Juillet 2010
- 9782916452074
Georges Perros a voulu graver partout des signes et des lettres aussi impalpables que le vent.
Il a voulu tracer, sur tout, des mots et des notes aussi insaisissables que l'eau. Georges Perros, en écrivant, a pris conscience qu'il n'y avait rien sous la main, sous la main qui trace les lettres et les mots et que tout n'existe que sous le soleil, éphémère, mais que rien n'est réel dans la nuit éternelle. La main n'a tracé que ce qu'elle ne pouvait pas toucher, et elle l'a tracé à cause des yeux qui la dirigeaient, à cause de la lumière qui l'éblouissait.
La main qui écrit ne sait pas se relire, comme si les yeux se servaient d'elle pour lui faire écrire ce qu'ils voulaient, ce qu'elle n'aurait peut-être jamais écrit elle-même, ce qu'ils ne pouvaient pas écrire eux-mêmes. Avec Georges Perros, la main ne s'est pas trompée. Aveugle, elle a écrit ce qu'elle devait écrire dans sa nuit. Ses mots existent même sans nos yeux et le soleil. Les signes que les mains et les doigts ne voient pas, que le corps ne sent pas, que la mort ne comprend pas, ont été tracés partout, écrits sur tout.
Les mots intouchables sont devenus des notes sous les mains, des sons dans la pensée. Tout entre dans notre tête, dans sa mémoire, comme un air nouveau qui ferait mieux respirer notre cerveau. Lire Georges Perros et relire ce que sa main a écrit, ce que sa main a pensé et recouvrir ce qui nous entoure sans rien recouvrir, comme si sa main qui avait écrit avait été transparente et qu'elle avait enveloppé le monde de ses mots et de ses notes, sans rien toucher jusqu'à laisser le monde intact.
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Je suis toujours ce que je vais devenir
Georges Perros
- Editions Dialogues
- La Petite Carree
- 26 Mai 2016
- 9782369450429
Georges Perros se confie à Michel Kerninon dans un entretien dense au fil duquel il nous parle de son enfance, de l'écriture, de la Bretagne...
Faire du chewing-gum avec la parole alors que l'écriture est tout de même plus gravée. Enfin, la maladie de l'interview est une maladie moderne. Ça fait dire pas mal de conneries à pas mal de gens. (Rires) Georges Perros, qui êtes-vous ?
Je suis toujours ce que je vais devenir... Je ne sais pas ce que je suis. Demain je saurai, demain je saurai ce que je suis aujourd'hui. J'ai toujours l'esprit d'escalier. Vivre dans le présent, c'est une possibilité : c'est pour ça que socialement je suis complètement nul. Je ne peux pas me situer quelque part. Alors... ça peut aussi s'appeler l'impatience. Je ne peux pas me fixer, je n'ai pas d'idées non plus spécialement, je peux penser le contraire dans le moment même de l'élocution. Autrement dit, je ne peux pas faire de politique, parce que je suis beaucoup trop contradictoire avec moi-même et mes contradictions se placent ailleurs que dans le lieu social. -
2021, 40e anniversaire de la mort de Xavier Grall. Brève correspondance échangée entre Xavier Grall etc. Cette correspondance est suivie de textes de Perros et de Grall.
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Les lettres chez georges perros, font partie intégrante de son oeuvre, parce qu'on y trouve le même investissement de la parole que dans ses notes et poèmes.
Elles sont une extraordinaire sollicitation de l'autre, qui devient frère élu, tel le poète lorand gaspar, auteur de quatrième état de la matière et de egée-judée, lauréat du grand prix international de poésie. réunie pour la première fois, cette correspondance croisée est le dialogue ému, merveilleusement humain et fraternel, de deux solitaires solaires, qui dans leurs déserts respectifs (celui du finis terrae et celui de la terre sainte), ont su se trouver et se reconnaître.
Il faut lire ces lettres comme un espace d'amitié où rayonne la part de poésie de deux " hommes de l'être ".
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" touchés par je ne sais quelle horreur à vivre qui vous prend sans prévenir " écrit georges perros à vera feyder en octobre 1970, d'oú l'intuition intime, dès leur première rencontre en 1966, d'une complicité qui n'aura besoin pour s'affirmer que d'avoir reconnu au premier signe ce niveau d'être, auquel les mots - et les silences aussi bien - tissent entre eux une connivence intemporelle, dont la preuve écrite tient en ces quelques lettres oú l'auteur de " papiers collés " et l'auteure de " la derelitta " se retrouvent dans l'infini d'une solitude choisie, envers et contre tous les artifices du paraître, (ils ont tous deux été comédiens au théâtre) qu'impose le monde à ceux qui ont tenté, contre la dictature et l'inanité de ses lois marchandes, de s'y faire un " non " par la grâce salvatrice de l'écriture.
dont acte.
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" Lire, dit Georges Perros, c'est jubiler.
On n'y peut rien. Parler de la difficulté, de l'ésotérisme, c'est se donner des gants. Lire c'est plaisir. Le plaisir n'est pas toujours facile. Ni immédiat. Je n'insisterai pas. " Tel est le principe qui gouverne sa méthode critique, qui n'en est pas une. Ses articles, pleins d'amour ou de sévérité, de tendresse ou de colère, et d'humour, - souvent d'un peu tout cela -, n'ont pas la froideur ni la neutralité convenues du genre.
Ils sont d'un lecteur profondément concerné, voire mis en cause par le texte de l'autre ; c'est pourquoi il ne leur manque rien de l'étonnante intelligence qu'il applique, comme par mégarde, à toutes choses, dont l'acuité n'a d'égal que l'humilité. Lectures : le titre est de Perros. Ce recueil, voulu par d'autres que lui, est à part entière un livre de lui. Il s'y trouve, comme dans toutes ses oeuvres, totalement engagé et indépendant ; nous donnant à vérifier ce point de vue qui est sous sa plume, ne nous y trompons pas, tout de paradoxale modestie : " Dès qu'un critique est intéressant, il le devient beaucoup plus que l'auteur qu'il étudie.
L'homme qui lit n'est pas moindre que l'homme qui écrit. Enfin, nous sommes tous des critiques. ".
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