Saint Christophe, saint patron des voyageurs et des soldats, le plus populaire des saints chrétiens. Un protecteur des plus puissants également puisqu'il suffisait d'apercevoir son image pour être préservé de la maladie ou de la mort. Sa vie et son martyre sont moins historiques que légendaires et les traces de son passage sur Terre bien minces au regard de la dévotion dont il est toujours l'objet.
De Reprobus au Christophore - porteur du Christ -, des premiers siècles de l'ère chrétienne à l'histoire venue du Moyen-Orient au XIIe siècle, à la version occidentale rapportée par Jacques de Voragine dans La Légende dorée, l'ambition de cet ouvrage est de reconstituer l'ensemble de la légende, de donner la parole à ceux des poètes et écrivains qui ont trouvé en elle matière à penser ainsi que d'en montrer le rayonnement à travers une iconographie d'une exceptionnelle richesse.
Enluminures et fresques médiévales, statues gigantesques, gravures sur bois et sur cuivre, tableaux et dessins des plus grands maîtres, témoignent de son rayonnement dans l'imaginaire occidental. Et c'est sans compter les objets de piété les plus divers - reliquaires, médailles, porte-clés et bannières - que la dévotion populaire a fait se multiplier, à l'image des pouvoirs protecteurs prêtés au Christophore.
"La philosophie que je professe, la vie de méditation que j'ai menée me permettent de regarder la mort d'un autre oeil que ne le font la plupart des gens." Alexandra David-Neel
Médecin de l'âme et homme de culture, Carl Gustav Jung (1875-1961) s'est intéressé à la gnose dès les années 1910 alors qu'il effectuait des recherches sur les mythologies, mystères et croyances populaires. Son intuition lui disait que cette littérature étrange et difficile détenait un trésor d'images symboliques dont il lui fallait comprendre la signification. Peu après confronté à une crise intérieure (1913) dont il fit le récit dans Le Livre Rouge, Jung en vint à considérer les gnostiques comme les premiers explorateurs de l'inconscient, découvrant le monde des archétypes qui leur inspira leurs visions et leurs mythes. Comme les alchimistes plus tard, ces visionnaires l'ont souvent guidé dans l'élaboration de la psychologie analytique, « gnostique » en ce qu'elle restitue une plénitude de sens à la vie désorientée de l'homme contemporain.
Jugées hérétiques par les premiers auteurs chrétiens, les gnoses dont l'origine est incertaine (Syrie, Iran, Judée ?) laissaient libre cours à l'imagination créatrice et avaient du salut une vision aussi proche des initiations antiques que du christianisme. Valorisant la découverte de soi à travers l'expérience personnelle du divin, leur enseignement ne pouvait laisser Jung indifférent. Fut-il lui même « gnostique » comme l'en accusèrent Martin Buber et certains théologiens chrétiens ? S'il le fut, c'est à sa manière : afin de répondre aux exigences spirituelles de son temps désireux de « savoir » plutôt que de croire.
De nombreux ouvrages de vulgarisation ont ces dernières années rendu accessible au public occidental ce vaste et mystérieux continent de la spiritualité hindouiste et bouddhiste qu'est le tantrisme, bénéficiant aujourd'hui d'un intérêt assez comparable à celui porté dans les années 1970-1990 à l'alchimie. A défaut d'influence historiquement vérifiable de l'alchimie indienne sur l'alchimie occidentale, ou vice versa, on en vient à supposer qu'une représentation du monde unique et commune agit au coeur de la transmutation tantrique comme du Grand Oeuvre alchimique. L'Esprit sur quoi travaille l'alchimiste occidental est-il comparable au corps yogique sur qui opère l'adepte tantrique ? Dans quels milieux culturels et religieux l'alchimie occidentale et le tantrisme sont-ils l'un et l'autre apparus, et quels rapports ces deux Voies du Milieu ont-elles entretenus avec la religion alors en place ? C'est à toutes ces questions que Françoise Bonardel répond dans ce livre.
Le terme d' « hermétisme » est né à la fin du XIXe siècle de l'adjectif « hermétique », qui désignait depuis longtemps l'alchimie comme « art sacré d'hermès ». Personnage légendaire supposé contemporain de Moïse, Hermès Trismégiste (le Trois-fois-Grand), à qui sont attribués des écrits magiques, théosophiques et alchimiques, n'apparaît en réalité qu'à l'époque hellénistique. Version grecque du Mercure latin, également identifié avec le dieu égyptien Thot, il est une sorte de prophète païen en qui certains hommes de la Renaissance croiront reconnaître le Père d'une sagesse primordiale et immémoriale bien antérieure au christianisme. Son message spirituel s'est imposé, depuis l'Antiquité grécoégyptienne et pour de nombreux siècles, en terme de Révélation. Françoise Bonardel s'emploie ici à reconstituer l'identité polymorphe d'Hermès le messager divin, et à « comprendre », comme le préconise le Trismégiste, le jeu incessant du clos et de l'ouvert. Elle décrypte pour cela quelques-unes des figures les plus significatives de l'hermétisme occidental, tour à tour doctrine de salut (gnose), voie de transmutation (alchimie), herméneutique. toutes à des titres divers placées sous le patronage d'Hermès.
Le néo-bouddhisme actuel a-t-il encore quelque chose à voir avec la rigueur de renoncement prêché par le bouddhisme originel ? Cet essai propose une confrontation serrée entre les enseignements bouddhiques et la tradition philosophique occidentale. Il fait apparaître un paysage plus nuancé et des clivages plus accentués que ne le laisse paraître l'image idyllique d'une rencontre de l'Occident avec une spiritualité censée témoigner d'une rationalité quasi scientifique et d'un athéisme purificateur.
Héritée des Grecs, puis remise à l'ordre du jour par des philosophes contemporains comme Pierre Hadot (1922-2010) et Michel Foucault (1926-1984), l'idée que tout être humain ait à prendre soin de lui-même est devenue centrale aujourd'hui, en témoigne la pensée américaine du «care». Mais que signifie «prendre soin de soi-même» ? Retrouver le calme, se sentir en sécurité, redécouvrir son corps, développer sa créativité et pourquoi pas renouer avec le sacré ? Le but de l'ouvrage est de donner une assise philosophique, psychologique et spirituelle à ce besoin de «soin».
Françoise Bonardel nous rappelle que ce soin à soi-même était déjà présent dans la philosophie antique et elle nous dresse le développement de la notion jusqu'à l'époque moderne. Elle se demande aussi si cet intérêt à soi ne cache pas finalement un égoïsme voire une forme de dandysme ; elle s'attache donc à nous montrer comment entretenir ce réel souci de soi dans le quotidien et notamment dans les périodes de crise.
L'auteur ouvre enfin la question du soin de soi à la dimension religieuse et sacrée ; pour les mystiques cette expression de soin de soi-même revient à inscrire son devenir dans un processus de transformation et de maturation jusqu'à une ouverture vers la splendeur du Grand Soi. Ce livre nous présente pour la première fois en français une perspective complète et pratique sur le soin de soi-même.
Qu'est-ce que l'alchimie, objet de bien des spéculations et rêveries ? un art du feu qui, mariant ciel et terre, corps et esprit par une succession de dissolutions et de coagulations (solve et coagula), accomplit le dessein secret de la nature, guide infaillible sur la voie conduisant à la réalisation du grand å'uvre.
Cheminant durant des siècles à côté du christianisme dont il a souvent intégré les symboles à sa propre imagerie, l'art d'hermès s'est singularisé par l'attention portée au mystère de la vie et par sa volonté de tracer une voie " moyenne " entre religion et philosophie. rien ne saurait donc remplacer une confrontation directe aux textes, déjà traduits ou encore inédits, pour faire sortir de l'ombre oú l'a reléguée la science moderne une tradition vieille de deux millénaires et qui mérite d'être redécouverte, tant en raison de l'importance de son corpus que de sa richesse symbolique et spirituelle.
Des alchimistes grecs aux peintres et poètes surréalistes, l'intérêt persistant porté à l'alchimie traditionnelle plaide en faveur de cette quête d'immortalité inscrite au plus profond du coeur et de l'esprit humains. le propre d'une tradition étant de fidèlement transmettre tant le contenu que l'esprit d'un savoir ancestral, cette anthologie rassemble l'essentiel des textes canoniques présentés dans un ordre chronologique - quelques dizaines de traités selon eugène canseliet - assortis d'une iconographie oú se mêlent images traditionnelles et créations, modernes ou contemporaines, librement inspirées par l'alchimie.
Introduction, 5 PREMIÈRE PARTIE - UN ART DU FEU EN QUTE DE LIEU 1 - L'innervation magnétique du coeur, 29 2 - Avatars historiques d'une tradition, 53 3 - Grand oeuvre et Grande Synthèse, 79 4 - Un langage ouroborique, 110 5 - La célébration de l'Unique, 140 DEUXIÈME PARTIE - EXPANSION FAUSTIENNE ET DÉCLIN OCCIDENTAL 1 - Cycle du déclin et règne de Prométhée, 165 2 - Faust et l'esprit faustien, 185 3 - Nigrum nigrius nigro : la maladie du roi d'Occident, 207 4 - Portrait de l'homme des limbes en parfait chimiste, 234 5 - Les aurores dévastées, 261 6 - Le grand assombrissement du monde, 285 TROISIÈME PARTIE - L'OR DU TEMPS 1 - Le temps d'oeuvrer, 323 2 - Art de musique et Art d'Hermès, 354 3 - L'ambiguïté érigée en système, 379 4 - Le cristal de l'instant, 412 5 - L'heure sans ombre, 439 QUATRIÈME PARTIE - L'ESPACE VISIONNAIRE DE TRANSMUTATION 1 - L'ombre de la Nature, 473 2 - La scène philosophale : voir selon la Nature, 506 3 - Theatrum chemicum, 542 4 - Les connivences du regard et de la matière, 577 5 - Le regard doré d'Eros, 613 6 - La Terre des sages, 632 Index, 671
N'est pas nomade qui veut ou qui pense de bonne foi l'être, n'étant pas vraiment sédentaire...
Et la mondialisation ne change rien à l'affaire. Ni le mouvement seul, par quoi Aristote définissait la vie, ni des changements fréquents de lieu ou même un cosmopolitisme impénitent ne disent exactement la même chose que ce mot qui continue à faire rêver les sédentaires alors que se sédentarisent les derniers vrais nomades de la planète. Et pourtant... Du nomadisme, il faut retenir l'esprit, qui, toujours migre, plus que la lettre.
Il n'y a de vraie vie que nomade s'il est vrai que vivre, c'est apprendre à déchiffrer pas à pas l'écriture secrète de certains lieux. De A à Z, d'" aventure " à " zénith " en passant par " mirage ", " nostalgie " et " tente ", chaque article nous fait voyager, en empruntant aussi bien à la poésie, la mystique, la philosophie, les récits de voyage qu'à l'expérience personnelle de l'auteur.
Une relecture critique de l'oeuvre du poète maudit, envisagée dans ses liens avec l'ésotérisme et la religion.
Matière d'histoire de l'art, Françoise Bonardel n'en retient cependant que les éléments susceptible de justifier et nourrir son approche philosophique et littéraire de la vie et de l'?uvre du peintre-graveur. L'ordre chronologique, par exemple, n'est pas suivi (comme c'est le cas dans le livre d'Erwin Panofsky, La Vie et l'art d'Albrecht Dürer, Hazan).
Le livre est plutôt construit selon une division spatiale qui correspond aux trois lieux de création principaux de Dürer : Anvers, Nuremberg et Venise. Le mot " triptyque " qui apparaît dans le titre fait référence, outre les trois villes citées, au triptyque des autoportraits peints, aux trois chefs-d'oeuvre (Meisterstiche) gravés : Le Chevalier, la Mort et le Diable, Saint Jérôme dans sa cellule et Melencolia I, ainsi qu'au projet avorté du triptyque peint d'une " Conversation sacrée ".
Le précédent essai de l'auteur, Des héritiers sans passé, analysait les raisons de la crise de la culture européenne et la perte de la notion de " grande culture " ; ce Triptyque pour Albrecht Dürer vient témoigner, en quelque sorte " par l'exemple ", ce qui à la fois constitue l'incarnation d'un idéal culturel et préfigure, dès son époque et au sein de son ?uvre, les grandes divisions qui auront des répercussions jusqu'à l'époque contemporaine : Création vs Mélancolie, Ancien vs Moderne...
C'est ainsi que la dernière partie est consacrée à des figures telles que Nietzsche, Wagner, Mann, Jünger, Freud... Grâce aux nombreuses reproductions et au style de l'essai qui évite les notes savantes et les longues digressions historiques, ce livre s'adresse à l'ensemble des lecteurs sensibles à l'art et à la création en général, tant le livre regorge d'idées lumineuses sur notre rapport à l'ancien et au nouveau et se présente, dans sa forme, comme une dédicace souvent émouvante à l'un des plus grands artistes de l'histoire.
Fondée en 1941 par Paul Angoulvent, traduite en 40 langues, diffusée pour les éditions françaises à plus de 160 millions d'exemplaires, la collection " Que sais-je ? ", est aujourd'hui l'une des plus grandes bases de données internationales construite, pour le grand public, par des spécialistes.
La politique d'auteurs, la régularité des rééditions, l'ouverture aux nouvelles disciplines et aux nouveaux savoirs, l'universailité des sujets traités et le pluralisme des approches constituent un réseau d'informations et de connaissance bien adapté aux exigences de la culture contemporaine.
Lors de la publication d'Errata, en 1998, George Steiner était présenté par son éditeur comme l'" une des dernières figures de la grande culture européenne ". Le message est brutal, peut-être excessif; il annonce en tout cas une Europe en voie de déculturation... et cela semble aller de soi. Mais s'il y a une crise de la " grande culture européenne ", encore faut-il s'interroger sur la signification du mot culture et sur ce que représente aux yeux de nos contemporains le patrimoine culturel européen. Or, au moment où les débats sur l'identité se multiplient de part et d'autre en Europe, force est de constater que ce qui devrait précisément faire l'enjeu de la réflexion est présupposé, voire ignoré. À l'ère de la mondialisation, sommés de choisir entre l'attachement patriotique, exclusif et autoritaire, et le " métissage ", source de bien des confusions et d'un relativisme culturel intégral, nous sommes les héritiers d'un passé au regard duquel nous nous reconnaissons de moins en moins endettés. En ce sens, il n'a peut-être jamais existé de crise culturelle plus inquiétante. Ni nostalgique ni passéiste, l'auteur du présent essai ne délivre pas une leçon de géopolitique ; elle préfère montrer de quelle manière la culture européenne a durant des siècles refusé l'alternative contemporaine entre cosmopolitisme et enracinement dont elle a au contraire enseigné le dépassement.