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François Jonquères
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Robert B : sept nuances de gris
François Jonquères
- Pierre-Guillaume De Roux
- 7 Février 2019
- 9782363712844
« Robert repense à ses articles publiés dans Je suis partout. La Haute Cour se souviendra-t-elle que l'hebdomadaire a fait aussi oeuvre littéraire en publiant des romans de Jean Anouilh, de René Barjavel ou de Marcel Aymé, auteurs qu'on ne peut accuser de collaborationnisme ? Il y a fort à parier que les Juges s'arrêtent plutôt sur des textes d'une rare violence, les Français devant les Juifs, dans lequel il les présente comme des « étrangers », en rappelant que « l'antisémitisme n'est pas une invention allemande, mais une tradition française », ou les sept internationales contre la patrie, où il commence par éreinter successivement l'Internationale communiste, la socialiste et la juive, en attaquant plus particulièrement les Juifs d'Amérique, pour finir par l'Internationale financière, l'omnipotence « de la City et de Wall Street », qui « ferme le cercle infernal ».Et comment pourrait-il oublier son article incendiaire J'ai vu les fosses de Katyn ? Les communistes ne lui pardonnent pas d'avoir fait respirer cette « odeur massive, odeur noire et âcre, inoubliable odeur du charnier ». Bien sûr, les textes de Rebatet ou Cousteau ont été encore plus terribles...Et Céline dans Bagatelles ou dans l'école des cadavres ? Le seuil de la répugnance a été maintes fois franchi, bien trop souvent...Qui se souviendra qu'il a quitté l'hebdomadaire après avoir constaté, lors de son voyage en Pologne au printemps 1943, l'effroyable sort des Juifs des ghettos de Lodz, de Je suis partout - vendredi 17 février 1939.
Lwow ou de Varsovie : « c'est le massacre ou l'extermination par la faim. Nous ne pouvons pas avoir l'air d'approuver ça ».
Un roman qui s'attaque à un sujet difficile : le cas Brasillach (1909-1945). Antisémite notoire, plume de sinistre mémoire de Je suis partout, il fut par ailleurs un grand écrivain dont certaines oeuvres demeurent inoubliables comme Notre avant-guerre, Comme le temps passe ou Les Sept couleurs.
François Mauriac, pourtant souvent critiqué par Robert, soutint le recours en grâce adressé au Général de Gaulle. Une pétition fut lancée, signée par Paul Valéry, Paul Claudel, Jean Cocteau et Jean Paulhan, Marcel Aymé, Jean Anouilh, Wladimir d'Ormesson, Colette et Albert Camus.
Peut-on nuancer le portrait de monstre qui lui survit ? Qui fut vraiment Robert Brasillach ? Quel fut son cheminement ? Comment en vint-il à se fourvoyer aussi clairement ? Quand prit-il conscience de son erreur ?
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A toutes les époques, les fées ont charmé les hommes en quête de merveilleux : elles savent réenchanter le monde. Qu'en est-il lorsque la baguette de ces dames s'emberlificote en s'en mêlant ? Les Fées inverse frôlent alors la correctionnelle avec leurs voix de fées. Rien ne les arrête. Surtout quand elles chassent en meute, les dérapages se multiplient. On se demande que fait la police pour arrêter la Fée Tide, la Fée Blesse, la Fée C et autres comparses dans leurs forfaits à répétition. Dans ce périple à travers le temps et l'espace - les deux derniers véritables luxes - le narrateur se joue des textes de Perrault, Grimm, Andersen, Kipling, Rabelais, Jules Verne, Marcel Aymé, Blondin, Déon, Céline, et de bien d'autres. Il tourne en farce les contes, mythes et légendes qui ont façonné notre imaginaire de lecteur en trente aventures picaresques hilarantes. Ce voyage d'un adulte au pays revisité de sa jeunesse est une ode au rêve procuré par la littérature. Ajoutez-y l'érudition, l'humour et la verve : vous obtenez un livre au charme inclassable, écrit avec un style éructant, «hénaurme», qui sied à merveille à ces Fées déviantes. Dans leur grande bonté, elles se sont penchées sur cet ouvrage... détourné. Il mérite bien le prix des lectrices en balais ! Qu'on le lise et qu'on se le dise pour solde de tout conte.
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La liberté, essence même du roman, légitime toutes les audaces.
En pleine Révolution, François de Llucia tombe éperdument amoureux de L., qui fuit la guillotine aux Amériques.
De nos jours, l'auteur de ces lignes, descendant de François, glisse dans les doux filets de Helle, héritière de L., pour un ballet à quatre coeurs au fil du temps.
De son refuge irlandais, le vieux Maître jubile.
À quitte ou double, les sosies s'invitent à la fête.
Le marquis de Sade signe la cent vingt et unième journée de Sodome, quand, du haut des gratte-ciel, comme des Pyramides conquises par le fougueux Bonaparte, deux siècles nous contemplent.
Bienvenue de l'autre côté du miroir ! -
Les puristes s'interrogeront. L'emploi d'un néologisme peut-il convenir à un titre ? Mieux que les poils et les vestes, les pages se tournent dans les deux sens. Sans parler de ce noir sur blanc, hommage à la lecture, vice impuni et passe-temps des plus honorables. Lire n'est pas se replier dans un combat d'arrière-garde, c'est se dresser contre la barbarie.
Ils fronceront le sourcil quand ils découvriront qu'il s'agit d'un recueil de chroniques inutiles. Comme plus personne ne lit quoi que ce soit, et encore moins la littérature, les happy few apprécieront la beauté du geste à une époque où le temps devient un luxe comme l'espace dédié à une bibliothèque.
Chant désespéré de résistance à la dictature des images fugaces, ces miscellanées d'un gentilhomme lettré et averti voient le monde depuis un fauteuil, se souviennent des écrivains morts jadis côtoyés, observent les premiers de cordée et les jeunes pousses. De son panthéon, ses « auteurs de vue » et surtout pas « en vue », il donne un florilège et des raisons d'aller y voir de plus près.
La curiosité de l'auteur est proverbiale, sa gourmandise aussi. Il sait réunir les ingrédients, faire monter la sauce. Les livres comme la nourriture sont toujours une aventure. Dont on ressort séduit ou déçu. Tergiverser n'est pas le style de la maison. Toujours, la fringale pointe à l'horizon. Insatiable, aucun genre ne lui est étranger. Il éclaire le chemin avec bonhomie en cicerone libre de préjugés. -
Mongomery mène une double vie : avocat d'affaires le jour, clochard lettré la nuit ! Il arpente Paris en nous partageant ses rages et ses bonheurs, pour notre plus grand plaisir. Ode à la liberté et à la création sans retenue, ce rêveur debout respire plus fort dès la nuit tombée. Et son oxygène devient le nôtre au fil d'aventures contées ou entendues au cours de ses pérégrinations nocturnes.
Car notre langue est riche d'un vocabulaire oublié, de formules ordurières ou précieuses qui en font tout le charme. Le style et la fantaisie guident nos pas à travers les ruelles sombres de Paris, où les rencontres insolites se multiplient et les langues se délient, comme si cette nuit était la mille-et-deuxième attendue depuis trop longtemps. Sous couvert d'une légèreté apparente, une morale humaniste transparaît, avec sa touche de sagesse, de nuances tâchetées de bons sens.
Cette escapade parisienne plaira aux esprits curieux et libres ou froissera par son ton.
Sa drôlerie le sauvera car on pardonne plus facilement aux clowns, même lorsqu'ils sont tristes.
Hommage aux textes débridés de notre littérature, au style Hussard, dans lequel le pessimisme demeure joyeux et le rire grinçant, ce livre anticonformiste est réservé francs-tireurs.
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La révolution buissonnière
Jonqueres Francois
- Pierre-Guillaume De Roux
- 15 Septembre 2016
- 9782363711656
François de Llucia (1752-1794), qui s'illustra comme député à l'Assemblée législative avant de devenir maire de Perpignan, n'a pas sa langue dans sa poche pour fustiger les atrocités d'une Révolution dont il avait pourtant caressé le rêve. En digne enfant du Roussillon, fier descendant des héros de la Reconquista, l'homme n'est pas du genre à refuser le combat, même perdu d'avance. Les troupes de l'envahisseur espagnol qui ont croisé le fer avec lui après avoir rencontré son légendaire « regard de loup » en tremblent encore. Hélas, si vaillant et glorieux qu'il fût, Llucia n'en sera pas moins arrêté sur la foi d'obscurs soupçons... Mais s'il pleut des têtes par milliers, depuis que Dame Guillotine règne en maître sur la République née moribonde, ce sont aussi d'innombrables masques qui tombent pour notre plus grand plaisir sous les coups de plume et d'épée de l'heureux Llucia.
Car François de Llucia, c'est un peu le don Quichotte de la Révolution. Ami de Laclos, de l'abbé Birotteau ou même de Danton -qu'il surnomme «le Gros Georges »-, il tombe amoureux contre ses propres principes quand il ne sauve pas des vies ou ne cause pas passionnément littérature avec son geôlier. Ce qui est certain, c'est qu'il parvient, en toutes circonstances, à nous faire oublier l'horreur de l'Histoire grâce à ce merveilleux sens de la bagarre, dont la fougue et la drôlerie n'auraient pas déplu aux Trois Mousquetaires.
François Jonquères, descendant des Llucia, Secrétaire Général du Prix des Hussards, est également avocat. Il signe, ici, un premier roman d'une vivacité captivante.
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Christian Millau, une vie au galop : portraits croisés
François Jonquères, Collectif
- Rocher
- 29 Septembre 2021
- 9782268106229
Christian Millau eut plusieurs vies : journaliste au Monde, à L' Express, au Point, mais aussi à la revue Opéra que dirigeait Roger Nimier. Chroniqueur gastronomique, il créa avec son complice Henri Gault sa revue puis son guide. Ensemble, ils contribuèrent au renouveau de la cuisine française, à sa renommée internationale, et à la découverte de ses nouveaux chefs, Paul Bocuse en tête. Enfin, Christian Millau se consacra à l'écriture. Il publia notamment aux éditions de Fallois Au galop des Hussards, témoignage de l'aventure littéraire de ce mouvement ; et plusieurs ouvrages dont Journal impoli, Journal d'un mauvais Français ou encore Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi aux éditions du Rocher.
Sous la direction de François Jonquères, les textes inédits de Gilles Martin-Chauffier, Thomas Morales, Stéphanie des Horts, Philippe Bilger, Bruno de Cessole, François Cérésa, Guy Martin, Marc Veyrat, Yves Thréard, Marc Lambron... lui rendent hommage. S'y mêlent des lettres, des mots de Michel Déon, Antoine Blondin, Roger Nimier, Blaise Cendrars, Paul Morand, Jacques Chardonne, Marcel Aymé...