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Eric Vuillard
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L'Allemagne nazie a sa légende. On y voit une armée rapide, moderne, dont le triomphe parait inexorable. Mais si au fondement de ses premiers exploits se découvraient plutôt des marchandages, de vulgaires combinaisons d'intérêts ? Et si les glorieuses images de la Wehrmacht entrant triomphalement en Autriche dissimulaient un immense embouteillage de panzers ? Une simple panne ! Une démonstration magistrale et grinçante des coulisses de l'Anschluss par l'auteur de Tristesse de la terre et de 14 juillet.
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La prise de la Bastille est l'un des évènements les plus célèbres de tous les temps. On nous récite son histoire telle qu'elle fut écrite par les notables, depuis l'Hôtel de ville, du point de vue de ceux qui n'y étaient pas. 14 Juillet raconte l'histoire de ceux qui y étaient. Un livre ardent et épiphanique, où notre fête nationale retrouve sa grandeur tumultueuse.
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Tristesse de la terre ; une histoire de Buffalo Bill Cody
Eric Vuillard
- Actes Sud
- Un Endroit Ou Aller
- 23 Août 2014
- 9782330035990
On pense que le reality show est l'ultime avatar du spectacle de masse. Qu'on se détrompe. Il en est l'origine. Son créateur fut Buffalo Bill, le metteur en scène du fameux Wild West Show. Tristesse de la terre, d'une écriture acérée et rigoureusement inventive, raconte cette histoire.
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Eric Vuillard poursuit avec Congo son entreprise de relecture de l'Histoire, qu'il tutoie au plus près, à hauteur d'homme, mettant en scène les balbutiements de l'époque coloniale pour dénoncer les travers de notre modernité.
"Le Congo, ça n'existe pas". Il faut donc l'inventer : lui donner des frontières. Conduite par Bismarck, la conférence de Berlin en 1884, raout diplomatique international où les grandes puissances décident de l'avenir de l'Afrique tout entière, va sceller le sort de ce pays en donnant naissance à la colonie belge du Congo. Viennent alors le défrichage, les premières infrastructures, les massacres. On assiste aux manoeuvres de Léopold II, puis aux mésaventures de Charles Lemaire l'éclaireur, de Léon Fievez le tortionnaire, des frères Goffinet les négociateurs, etc. Cette galerie de portraits de la barbarie occidentale se clôt sur les derniers jours de Léon Fievez. Dévoré par la fièvre, en proie à une décomposition douloureuse et lente, il semble absorber à lui seul la folie des massacres perpétrés au nom de la colonisation, et pendant que Fievez agonise, l'Europe semble bien perdre son âme.
En donnant un visage au mal, parfois un visage d'une banalité déconcertante, Eric Vuillard poursuit son entreprise de relecture de l'Histoire, qu'il tutoie au plus près. A la fois roman historique et réflexion politique sur le libre-échange, déjà en germe à cette époque, Congo met en scène les balbutiements de l'époque coloniale pour dénoncer les travers de notre modernité.
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La guerre d'Indochine est l'une des plus longues guerres modernes. Pourtant, dans nos manuels scolaires, elle existe à peine. Avec un sens redoutable de la narration, "Une sortie honorable" raconte comment, par un prodigieux renversement de l histoire, deux des premières puissances du monde ont perdu contre un tout petit peuple, les Vietnamiens, et nous plonge au coeur de l'enchevêtrement d'intérêts qui conduira à la débâcle.
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1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l'Allemagne. L'insurrection s'étend, gagne rapidement la Suisse et l'Alsace. Une silhouette se détache du chaos, celle d'un théologien, un jeune homme, en lutte parmi les insurgés. Il s'appelle Thomas Müntzer. Sa vie terrible est romanesque. Cela veut dire qu'elle méritait d'être vécue ; elle mérite donc d'être racontée.
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Un "Art de la guerre" qui revisite à sa manière historique, politique et polémique le premier conflit mondial.
"Il y eut d'abord un goût commun. Une élite raffinée et fière. Les petits-fils de la reine Victoria occupaient le trône d'Angleterre et d'Allemagne, un même derrière avait posé ses fesses sur deux chaises." Alternant ironie, portraits intimes, scènes épiques ou émouvantes, La Bataille d'Occident nous offre un récit très personnel de la Grande Guerre. Le livre débute sur un portrait de Schlieffen, le stratège allemand, passant des heures au coin du feu à lire et relire à sa fille de larges passages d'Histoire militaire, obsédé par son formidable plan d'agression contre la France, le retoquant jusqu'à sa mort. Puis c'est l'assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo, celui de Jaurès, le front qui s'enlise sur le Chemin des Dames ; une autre guerre commence. La science s'en mêle, chlore et gaz moutarde, pilonnage en masse de la bataille de la Somme, les prisonniers français échouent dans les camps des Ardennes. Le gâchis est irrémédiable, la chair à canon n'aura servi que les intérêts financiers et politiques de décideurs sans scrupule : l'Occident est bel et bien entré dans la modernité.
Cet "Art de la guerre" revisite à sa manière historique, politique et polémique le premier conflit mondial, et met en parallèle les stratégies militaires et leurs dramatiques conséquences sur le terrain, à travers quelques journées décisives. Une vision à la fois péremptoire et brillante du sort des peuples comme simples jouets entre les mains de meneurs avides de pouvoir, de postérité ou de richesse ; et d'un présupposé ancestral qui devient ici une mécanique hallucinante.
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Conquistadors raconte un épisode de la conquête du monde telle que je l'ai rêvée, ouragan ou invasion de sauterelles. C'est en tous les cas un grand raout d'or et de sang, épopée glorieuse et vulgaire, comme elles le sont toutes, assortiment de hautes manoeuvres et de mauvais coups. Cet épisode est celui de la conquête du Pérou par Francisco Pizarre et de la destruction de l'Empire inca. On y voit s'ouvrir la tragédie de notre monde, celui où nous vivons, par un grand fait divers où la mappemonde, Dieu, l'or et la poudre se rencontrent. Ainsi, s'accrochant aux pentes sèches de la Cordillère pour la grande chasse à Dieu, les mercenaires d'Espagne soufflèrent sur les premières braises de l'empire le vent glacial du progrès.
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« Dans mes mauvais moments, je vais jusqu'à penser que mes géniteurs ne m'ont peut-être pas jugé viable, que je présentais - qui sait ? - quelques symptômes ingrats, une absence de conformité avec les canons les plus élémentaires de la race. » Sur un vaste territoire, un être isolé, hanté par le doute, envisage toutes sortes de périls, cherchant à identifier la menace qu'il sent peser sur lui. Successivement, il se donne pour rongeur, fouisseur, carnassier. mais, en réalité, peu importe s'il éprouve dans sa chair, selon les périodes de sa vie, les caractéristiques de telle ou telle espèce, pourvu qu'il occupe une place dans le cérémonial de la chasse.
Un univers et des enjeux qui ne sont pas sans rappeler le Kafka des Nouvelles animalières ou le monde de Louis-René des Forêts.
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Poursuite connaîtra le malheur dans une grande richesse. Une femme me prendra pour son fils et je laverai le sang de son visage. Et nous nous mettrons à pleurer. Nous serons profondément émus. Je serai dans une très grande détresse. Je me jetterai contre sa poitrine. Elle me mettra entre les mains la statue du Seigneur dont elle me dira : "C'est lui-même qui se l'est taillée dans une pierre." J'allumerai un feu et je ferai cuire la statuette. Une fois brûlante, je la tiendrai dans les mains. Je soufflerai dessus. Mais je ne la lâcherai pas. Jusqu'à ce qu'elle refroidisse. "
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From the International Booker Prize shortlisted author of The Order of the Day and The War of the Poor comes a scathing account of a conflict that dealt a fatal blow to French colonialism 19 October 1950. The war is not going to plan. In Paris, politicians gather to discuss what to do about Indochina. The conflict is unpopular back home in France: too expensive, and too far away for the public to care. Withdrawal is not an option - a global power cannot surrender to an army of peasants - but victory is impossible without more soldiers and more money. The soldiers can be sourced from the colonies, but the money is out of the question. A solution needs to be found.
In this gripping and shocking novel, eric Vuillard exposes the tangled web of politicians, bankers and titans of industry who all had a vested interest in France''s prolonged presence in lands far from Paris. Skilfully skewering the guilty, Vuillard shows us how key players in conflicts throughout history often have a motivation even deeper and darker than nationalism and political ideology-greed. As well as bringing scenes from the battlefields to life, Vuillard looks beyond this visceral reality on the ground to the cold calculations of the boardroom elite with the power to turn a military win or loss into their financial gain.
Short, sharp and brutal, An Honourable Exit is a journey behind closed doors to witness how history is really made. -
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Un récit pour notre temps : dialogue entre histoire et littérature
Johann Chapoutot, Eric Vuillard, Julien Théry
- Pu De Lyon
- Grands Debats : Mode D'emploi
- 9782729714017
Le 27 septembre 2022, les Presses universitaires de Lyon (PUL) organisent leur première Conférence de rentrée animée par Julien Théry, directeur scientifique des PUL. Il s'agira chaque année de faire dialoguer une figure de la recherche avec un représentant des arts ou de la littérature pour en tirer un ouvrage à la fois synthétique et vivant. Cette année, on évoquera la notion de récit.
Le récit use du langage pour donner un sens et une cohérence au monde. Naguère la narration théologique a cédé la place au récit politique, mais les grandes idéologies (communisme, fascisme, nazisme, voire aujourd'hui libéralisme) ont disparu ou perdu de leur efficience explicative.
Or l'être humain est un être de récits. Depuis l'aube de son existence, conter et raconter le passé, le présent, sinon l'avenir, est indispensable à l'humanité. Cette narration prend diverses formes : d'une immense liberté, elle peut relever de l'art, de la littérature ; d'une totale rigueur, elle peut relever de la science, de l'histoire.
Mais aujourd'hui, quel récit est-il adapté à notre temps ? Quel récit peut-il faire face au storytelling, aux « éléments de langage », à la standardisation des réseaux sociaux, aux différentes théories du complot et autres fake news ? À qui peut-on, doit-on s'adresser et comment, avec quelle langue, quel langage, pour dire quoi, selon que l'on est chercheur ou écrivain, plus largement artiste ?
Avec cet ouvrage, c'est à cette vaste réflexion que nous invitent Johann Chapoutot et Éric Vuillard sous la forme d'un dialogue vivant.