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Émile Zola Rome Achevant Lourdes dans l'été de 1894, Zola songeait au second roman de la trilogie. Il entendait conserver son principal personnage. Pierre Froment, prêtre incertain des destinées de l'Église. Pierre, auteur d'un livre menacé d'être à mis à l'index, lié à Rome, sollicitera une audience du pape Léon XIII, l'obtiendra, mais recevra une sévère leçon d'obéissance. Ses parcours dans Rome feront surgir dans l'oeuvre le clergé romain, le Vatican, les intrigues ecclésiastiques et civiles, le spectacle des trois villes superposées en une seule : la Rome antique, la Rome papale, la Rome moderne.
Zola enquêta à Rome comme il l'avait fait à Lourdes. Il y passa plus de six semaines, du 31 octobre au 15 décembre 1894. Il visita tous les quartiers, s'attarda dans les parcs, traversa la campagne romaine, fut reçu chez des aristocrates et des hommes politiques, rencontra le roi, parcourut le Vatican - mais échoua dans son désir d'être reçu par Léon XIII.
Pour corser ce roman en forme de journal de séjour, il invente une intrigue de passion meurtrière, qui forme un contrepoint aux désillusions spirituelles de Pierre Froment. L'encyclopédie romaine est ainsi équilibrée par les délires très fin de siècle de l'amour fou.
Rome parut en mai 1896, alors que mûrissait l'affaire Dreyfus. Le roman témoigne de l'acuité des débats de l'époque sur les relations de la foi et de la science. La visite guidée de la Ville Éternelle, le scénario d'une "chronique italienne" et la méditation sur le pouvoir des papes peuvent à la fois séduire les amoureux de Rome, les amateurs de romans de moeurs et les curieux d'histoire politique et idéologique.
Rome respire l'air du temps, l'atmosphère intellectuelle de la France aux approches de 1900. Mais après tout, le XXe siècle finissant ne s'interroge-t-il pas lui aussi sur la mission du chef de l'Église catholique ? Et cette oeuvre a au moins un autre mérite: elle donne envie de prendre l'avion, toutes affaires cessantes, pour se retrouver trois heures plus tard dans une gelateria des bords du Tibre
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Émile ZolaParisParis, publié en mars 1898, un mois après "J'accuseà!", ramenait Zola vers sa ville, la ville où brûlaient toutes les fièvres du monde contemporain. Le héros, qui est toujours Pierre Froment, quittera la prêtrise à la fin de l'oeuvre, sauvé du désespoir de ne plus croire par ses retrouvailles avec une jeune femme. Marie, qu'il épousera. Dans l'intervalle, il a été le témoin de toutes les crises et de toutes les misères sociales qui mettent en péril l'idée de justice, et l'État républicain.Le scandale politique et financier, avec l'affaire de Panama, les parlementaires corrompus, la presse complice ou haineuse - autant d'aubaines pour l'extrême droite antisémite. C'est aussi l'agitation anarchiste, avec l'explosion de bombes dans la capitale, la répression impitoyable, les guillotinades, les "lois scélérates", l'intimidation des milieux socialistes et libertaires. Le désespoir des quartiers misérables, qui fait comprendre à Pierre Froment "l'inutilité dérisoire de la charité". L'égoïsme insensible et futile des gens du monde, qui assistent à une exécution capitale comme à un spectacle Paris est construit sur de fortes scènes: une séance au Palais-Bourbon, un procès en cour d'assises, un grand mariage, l'horreur d'une mise à mort légale. Zola retrouve ici le mouvement et les grands motifs des Rougon-Macquart, associant roman familial et sentimental, roman judiciaire et roman politique - à ceci près que l'issue de ces romans est plus aisément prévisible que par le passé. Mais on entend dans la dernière oeuvre du cycle des Trois Villes des grondements dénonciateurs qui ne se faisaient pas entendre au même degré dans les romans antérieurs, et qui démythifient la "Belle Époque".Au surplus, la création, sous les traits de Pierre Froment, d'un personnage-témoin, dont il s'en faut de peu qu'il ne devienne le narrateur, atteste la recherche d'une nouvelle fonction et d'une nouvelle allure du genre, quelque part entre Balzac et Proust.
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Émile Zola Lourdes Le 11 février 1858, une jeune paysanne lourdaise, Bernadette Soubirous, assure avoir vu dans une grotte une "dame avec une robe blanche et une ceinture bleue", apparue à elle seule. La rumeur se répand que la Sainte Vierge s'est montrée à Bernadette. Quatre ans plus tard, un mandement épiscopal proclame la réalité des apparitions. Les foules se pressent désormais à Lourdes dans l'espoir d'une guérison miraculeuse de leurs maux. Ce grand mouvement de foi, de souffrance et d'espérance ne s'est jamais tari, en dépit de tous les doutes.
Zola passe une première fois à Lourdes en septembre 1891. Il reste stupéfait et songeur devant "le spectacle de ce monde de croyants hallucinés" - et aussi devant "le colossal mouvement d'argent qui l'accompagne". Il y retourne en août 1892, et y tient quotidiennement le journal d'un pèlerinage, visitant la grotte, accompagnant les processions, assistant aux constatations médicales, interrogeant les organisateurs, les prêtres, les commerçants, les médecins, les logeurs, etc. Rien de tout cela n'entame sa pitié ni son scepticisme, ni son désir de dépeindre dans un grand roman les formes et les drames de cette mystique collective. Ce sera Lourdes, le premier roman d'une trilogie intitulée Les Trois Villes, qui succédera au cycle des Rougon-Macquart et élargira son regard romanesque: d'une famille d'autrefois à la ville d'aujourd'hui.
Lourdes paraît en août 1894. Les polémiques surgissent aussitôt. On ne pardonne à Zola ni son incrédulité, ni son dévoilement des coulisses et des "petits mystères" de la ville. L'oeuvre s'imposera cependant par l'ampleur de sa matière, le pathétique de ses personnages, la rigueur de sa composition, la précision de son enquête, et, par-dessus tout, son grand souffle d'émotion: le ballet macabre des agonisants, la contemplation désolée d'une humanité parquée dans une antichambre de l'enfer alors qu'on voudrait y voir une porte ouverte vers le retour à la vie, une longue et moderne méditation sur l'absurdité cruelle de l'existence.
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La France est en pleine affaire Dreyfus. Emile Zola, convaincu de l?innocence de l?accusé ? condamné en décembre 1894 à la dégradation militaire et à la déportation sur l?Ile du Diable fait paraître cette Lettre à la jeunesse sous forme de brochure le 14 décembre 1897, juste avant le fameux J?accuse, la célèbre lettre ouverte adressée au Président Félix Faure parue dans L?Aurore le 13 janvier 1898. Il s?agit là d?un court et magnifique texte qui ouvre le combat pour la réhabilitation de Dreyfus, mais qui est également une invitation à l?engagement et à la révolte pour que partout triomphe la Vérité, la Paix et la Justice.
La Lettre à la France, envoyée par Zola à tous les maires (!) le 6 janvier 1898 est sans doute l?un des textes les forts jamais écrits pour dénoncer l?antisémitisme de l?époque. Là aussi, il s?agit de tout faire pour que la Vérité éclate et que l?« affaire » sorte du huis-clos dans lequel l?institution militaire souhaite l?enfermer.
La Lettre à la jeunesse est un texte essentiel pour l?Histoire mais également un texte intemporel qui, à la lumière des récentes émeutes en France, trouve une nouvelle signification. La Lettre à la France esr l?illustration que le devoir premier des intellectuels est de se battre et d?éveiller les consciences. Ce que Zola avait mis au coeur de son action. Ce que beaucoup ont oublié aujourd?hui.