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Aimable jeune homme et auteur à demi-succès patronné par Sarah Bernhardt, Rostand devient du jour au lendemain avec Cyrano de Bergerac un héros national, sur-le-champ décoré de la Légion d'honneur. Somptueux divertissement poético-militaire, pièce historique qui rappelait à la fois Les Trois Mousquetaires et le monde des précieux, drame en vers d'une ahurissante virtuosité où parut revivre le meilleur de Ruy Blas, Cyrano conquit sans peine un public lassé du théâtre d'idées, qu'enflamma le patriotisme culturel de l'auteur. «Ainsi, il y a un chef-d'oeuvre de plus au monde», écrivait Jules Renard le soir de la générale. Il faut sans doute en rabattre un peu, mais un peu seulement : bien que né dans le sérail de la plus bourgeoise des bourgeoisies, Cyrano demeure la plus grande réussite de théâtre populaire à ce jour connue et le dernier acte, avec son couvent et ses feuilles mortes, est aussi émouvant qu'un finale de Verdi.
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Entraîné aux Enfers par la Statue du Commandeur, que devient Don Juan ?
Edmond Rostand nous le fait retrouver dix ans plus tard, dans un palais de Venise, prêt à se rendre au bal. Mais un montreur de marionnettes le contraint à revoir ses plans. Au cours d'une longue nuit de bataille avec le Diable, qui se révèle être aussi un face-à-face avec lui-même, Don Juan doit affronter chacune de ses anciennes conquêtes, mille et trois Ombres portant toutes « la rose, le manteau, le masque et l'éventail ».
Après le feu d'artifice de Cyrano de Bergerac (1897), les fêtes et les fastes de L'Aiglon (1900) et de Chantecler (1910), La Dernière Nuit de Don Juan, publiée après la mort d'Edmond Rostand, brille d'une lueur crépusculaire. Il est temps de redécouvrir ce chef-d'oeuvre oublié où vacille le mythe d'un séducteur impénitent.
Ce volume contient un cahier hors texte en couleurs présentant des documents inédits (croquis et pages manuscrites d'Edmond Rostand). -
Vienne, Schonbrunn, Metternich, un empire qui se croyait éternel malgré l'ombre de Napoléon qui pèse encore sur l'Europe à travers un jeune homme irrésistible de charme, de fragilité et de mélancolie, une sorte d'Hamlet androgyne qui fut le grand rôle de Sarah Bernhardt et qui était le duc de Reichstadt, le fils de l'Ogre et de l'Aigle : le roi de Rome, l'Aiglon.Les ailes de l'Aiglon naissent, s'ouvrent, palpitent au souvenir de tant de puissance et de gloire, tels que les évoque devant lui Séraphin Flambeau, le grognard légendaire de la Grande Armée. Mais l'histoire n'aime pas les redites et les ailes meurtries vont bientôt se fermer. Le roi de Rome mourra comme il a vécu, en prince autrichien, la pièce se terminant sur la réplique fameuse de Metternich (qui a eu tout de même un peu peur) : «Vous lui remettrez son uniforme blanc.»