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Daniel Payot
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Feuillets complices
Daniel Payot
- Atelier Contemporain
- Essais Sur L'art
- 15 Novembre 2024
- 9782850351594
Sous le titre Feuillets complices, l'auteur regroupe plusieurs textes qu'il a, au fil du temps et depuis une trentaine d'années, rédigés pour quatorze artistes, à l'occasion d'expositions, de catalogues ou d'autres manifestations. Le fil directeur de l'ensemble est suggéré par le titre : il s'agit pour l'auteur de poursuivre la réflexion qu'il avait engagée avec la rédaction de son livre Retours d'échos, publié en 2021 par L'Atelier contemporain. La thématique, diversement traitée, concerne les rapports qui se tissent entre pratiques artistiques et pratiques d'écriture. Si les secondes ne peuvent en aucun cas prétendre énoncer la « vérité » des premières, de quelles approches, de quels présupposés témoignent-elles ?
L'intuition est qu'écrire pour un artiste vivant est toujours une sorte d'aventure qui n'est précédée par aucun mode d'emploi, aucune norme préalablement établie à laquelle il serait possible de se conformer. Si cela rend l'exercice périlleux, il y gagne aussi en expérience éthique. L'écriture - c'est là l'une des motivations de cet essai - n'a de légitimité que quand elle rend compte de l'altérité imprescriptible des oeuvres dont elle parle et des artistes qui les ont créées. À la proximité d'une entreprise commune s'adjoint nécessairement la distance qu'il convient de respecter entre deux modalités différentes de la création et entre deux singularités personnelles. La notion de « complicité » entend suggérer l'une et l'autre.
Le regroupement de textes rédigés en des circonstances différentes et à des moments répartis sur un temps relativement long apparaît comme une occasion de manifester par l'écriture les évolutions, continuités et discontinuités, fidélités et reformulations des oeuvres des artistes concernés : Désiré Amani, Patrick Bailly-Maître-Grand, Marie-Odile Biry-Fénique, Jean Claus, Étienne-Martin, Valérie Favre, Ilana Isehayek, Philippe Lepeut, Ann Loubert, Pascal Poirot, Laurent Reynes, Germain Roesz, Daniel Schlier, Sylvie Villaume. -
Sens unique ; l'expérience en fragments
Walter Benjamin, Daniel Payot
- Circe
- 22 Avril 2021
- 9782842424831
Les lectures et relectures de Sens unique de Walter Benjamin sont chaque fois des sortes d'aventures.
Car le livre nous invite à traverser l'expérience, historique et subjective, sans rien dénier de ses difficultés, de ses défauts, de ses souffrances, mais sans rien renier non plus des traces qui s'y trouvent d'une émancipation possible. Il scrute sans complaisance et avec une impitoyable lucidité toutes les raisons de s'inquiéter de l'état du monde, mais il nous incite simultanément à ne pas passer à côté des leçons de vie et de justice qu'on peut aussi en retenir. La rue à sens unique conduit vers un terme inexorable, mais son parcours est une intarissable occasion de rencontres, d'ouvertures, de joies et d'intelligences partagées.
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« Comment ne pas écrire sur l'art et les artistes » :
Avec ce sous-titre négatif, simple facétie en apparence, Daniel Payot installe en fait son essai dans une distance scrupuleuse qu'il estime seule féconde lorsqu'il s'agit de disserter sur l'art. Son refus d'énoncer de manière positive ce qui devrait être n'est pas la marque d'une timidité théorique : c'est un parti-pris de méthode, dérivé avec conséquence de sa certitude que rien n'est plus fatal que l'univocité dans notre face-à-face avec les oeuvres.
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Les philosophes et les clowns se ressembleraient-ils ?
L'hypothèse est peut-être moins incongrue qu'il n'y paraît. Elle est même suggérée par... des philosophes, en particulier ceux qui, observant ce que devient l'individu humain depuis le début du terrible XXe siècle, interrogent sa foncière ambivalence.
Le temps des clowns que décrivent les philosophes et écrivains ici invités (Ernst Bloch, Siegfried Kracauer, Walter Benjamin, Franz Kafka, Theodor Adorno, Samuel Beckett, Hannah Arendt, Günther Anders) n'est pas celui des Lumières, et il n'est pas non plus celui des transports romantiques ou tragiques du XIXe. Il témoigne d'une expérience historique spécifique, qui pourrait bien être encore, pour une grande part, la nôtre.
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Constellation et utopie ; Theodor W. Adorno, le singulier et l'espérance
Daniel Payot
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 12 Avril 2018
- 9782252041185
Le livre se déploie en quatre temps. Le premier expose la genèse de la dialectique négative dans le contexte du dialogue avec Benjamin et des bouleversements politiques des années 30. Le second spécifie la réforme adornienne de la conception hégélienne de la négation.
Les troisième et quatrième temps de l'analyse opèrent le dégagement de la conception adornienne de l'utopie en tant que cette dernière procède d'un renversement de la négativité en figures d'espérance. Ce dégagement se double d'une comparaison avec des conceptions voisines de l'utopie (Bloch, Benjamin) et fraie un cheminement qui s'affirme par ressemblances et dissemblances doctrinales. Le quatrième temps ajoute au dégagement général du sens adornien de l'utopie une hypothèse interprétative : l'articulation du singulier et du général donne à entendre, de manière nouvelle, le rapport de la musique avec la philosophie dans l'oeuvre du philosophe de Francfort. La dialectique négative et la musique de la deuxième école de Vienne (Schönberg, Berg, Webern) produiraient des constellations, destinées à ouvrir de nouveaux champs d'expérience, indissociables de la teneur utopique de la pensée adornienne.
Le livre s'achève par la formulation forte et inédite de la signification politique de cette utopie adornienne, quand la deuxième et la troisième générations de l'Ecole de Francfort (Habermas, Honneth) se sont employées à l'évider de toute consistance politique et quand d'autres commentateurs la confondent trop souvent avec une simple déclinaison du messianisme.
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La ligne cousue forme à elle seule un tracé dans le temps de l'oeuvre. Ce qui fait temps dans la ligne, c'est peut-être l'alternance de ses plains et de ses vides. Chaque dessin est une couture d'éclats et de césures, de cernes et de jours. Le lecteur est invité à donner lui-même figures à ces intervalles, à les emplir de présences et d'absences.
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La première pensée de l'art chez Heidegger, dans les années Trente, est une pensée de la violence : une "surpuissance " essentielle s'y impose, exigeant en retour un acte de création compris comme l'exercice d'une violence héroïque.
Cette conception est-elle abandonnée dans les écrits ultérieurs ? Une alternative est-elle alors proposée, quant à l'art, à cette expérience de la souveraineté dominatrice ? L'enjeu est important, si l'art, comme l'écrit Heidegger lui-même, engage la question de ce qui "décide conjointement de qui nous sommes ", s'il révèle le type de relations que nous entretenons avec une "vérité " qui nous figure, qui dessine ou sculpte les contours de notre propre apparaître, et donc aussi, sans doute, de ce qui constitue notre être-ensemble.
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Sculptures trouvées : Espace public et invention du regard
Germain Roesz, Jean-françois Robic, Michel Demange, Daniel Payot
- L'Harmattan
- 1 Novembre 2003
- 9782747545341
Depuis plusieurs années, un duo d'artistes - L'épongiste - produit par le biais de la photographie ce qu'il appelle des "sculptures trouvées", des objets de rencontre - heurts heureux du quotidien ou invention du regard- sont prélevés par l'objectif et, de la sorte, révélés ou élevés au rang d'oeuvres. L'objet de ce livre est d'analyser cette forme inédite d'art public dont la pratique trouve ses racines dans l'art moderne, comme dans une certaine approche politique du réel et de l'art.
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Les statues meurent aussi, court-métrage réalisé par Alain Resnais et Chris Marker en 1953, défendait la thèse d'une liquidation de l'art africain par le colonialisme. Que reste-t-il aujourd'hui des questions qu'il posait ? Quelles relations entretenons-nous, cinquante ans après les premières Indépendances, avec les « objets », masques et statues, africains ? Leur présence nous adresse-t-elle encore une parole quelconque ? Contribue-t-elle à nourrir la promesse d'une « nouvelle communauté » qu'évoquait dans son dernier mouvement le film de Resnais et Marker ? Pour relever l'invitation que les statues nous adressent à nous engager dans d'autres modes de perception et de compréhension que ceux qui correspondent à nos objets et concepts habituels, sont appelés à la rescousse, tour à tour, le cinéma européen des années cinquante et soixante, la poétique de Francis Ponge, la philosophie de l'histoire de Walter Benjamin.
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Anachronies de l'oeuvre d'art
Daniel Payot
- Galilee
- La Philosophie En Effet
- 4 Janvier 1991
- 9782718603872
« Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art si elle n'est plus exclusivement pensée ni comme l'expression d'un sujet, ni comme Sujet ? La réponse ici cherchée s'énoncerait ainsi : elle est invitation à une expérience autre de la temporalité, ou à l'expérience d'une temporalité autre ; l'oeuvre est temps, et temps d'altérité : en elle le temps s'annonce, présentation cependant irréductible à la reconnaissance, car son mode d'être singulier serait de différer, et de se différer.
Un double présupposé conduit cette hypothèse : la modernité n'en a pas fini avec la notion d'oeuvre, le souci d'une pensée de l'oeuvre qui ne soit pas univoquement romantique la traverse. Il s'agissait de repérer, dans la pensée contemporaine, quelques-unes de ces traversées, chroniques de l'oeuvre d'art subjuguées par ses presque disparitions temporelles.
Avec, finalement, mais incessamment retrouvé, l'horizon d'une étrange injonction, et l'insistance de quelques noms propre qui en portent témoignage, parmi lesquels celui, exemplairement exigeant, de Franz Kafka. » D. P.
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L'OBJET-FIBULE : Les petites attaches de l'art contemporain
Daniel Payot
- L'Harmattan
- 26 Mai 1997
- 9782738450647
A quoi bon encore l'art, quand le monde, fait d'inextricables entrelacs de sens, ne se laisse plus figurer de façon homogène ? La création d'art contemporain, contrairement à des polémiques récentes, est encore une façon de faire l'expérience du sens, de la vérité, de la communauté : à l'échelle du monde qui est le nôtre, pluriel, mobile urbain, un monde de petites attaches innombrables.
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Il parle d'interruptions, d'ellipses, d'écarts, de déroutements, et eux entendent négation, destruction, épuisement. Pauvres eux ! Ils feraient mieux d'apprendre à écouter les naissances, les envois, les advenues, et plus tard les tissages, les enchevêtrements, les intrigues. Ainsi le décalage apparaît-il. Dans la complétude qu'ils invoquent, ils projettent une totalité achevée, une substance, un absolu intangible, et ils se voient eux-mêmes en gardiens de ce monument tout positif...
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Topographies de l'émancipation inquiète : Kafka, Pasolini, Kantor, Chagall
Daniel Payot
- Circe
- Tissages
- 21 Mars 2025
- 9782842425012
Les oeuvres ici évoquées parlent de résistance, de délivrance, d'espérance. Mais, conçues au xxe siècle, elles savent que les désirs de libération peuvent nourrir des desseins tyranniques. C'est l'une des leçons qu'elles retiennent de l'histoire.
Pour Kafka, Pasolini, Kantor et Chagall, l'expérience de l'émancipation ne peut plus être qu'inquiète, parce qu'elle se trouve inéluctablement confrontée à des formes historiques et contemporaines de domination, parfois de terreur.
L'humanité que leurs oeuvres dépeignent est comme traversée par les courants adverses de la répression totalitaire et de l'ouverture utopique. C'est cette tension qu'ils nous lèguent en héritage. -
" La pratique artistique fut inévitablement confrontée, durant tout le XXe siècle, à l'impossibilité (ou à l'interdiction) de rapporter ses oeuvres à un idéal compris selon l'ancien concept de l'harmonie : de la beauté comme complétude, de la forme achevée, de l'unité à laquelle on ne saurait rien ajouter ni retrancher, de la figuration en petit d'un monde enfin réconcilié.
Les raisons de cette désaffection sont à la fois internes à la sphère artistique et à son histoire (toutes les ruptures et investigations de nouveaux champs qu'Adorno rapporte à ce qu'il appelle la " crise de l'apparence ") et externes (prise de conscience générale d'un monde scindé, abandon de la confiance en une marche et un sens de l'histoire, guerres, extermination) : dans l'un et l'autre cas, le résultat fut de jeter sur le parti pris de la consonance, de l'équilibre et de la fascination de la totalité un soupçon d'irresponsabilité, d'excessive naïveté, voire de cynisme et de volonté délibérée de mentir dans le but de sauver les apparences.
Les artistes les plus conséquents refusèrent cette légitimation ambiguë qui leur était volontiers offerte de toutes parts, qui consiste à glorifier dans l'art précisément cette fonction de dissimulation de la réalité, de sublimation abusive, de remythologisation ou de réenchantement du monde : ils comprirent au contraire que l'art avait pour tâche de contribuer à faire voir et à donner à penser, que cette tâche avait toujours été la sienne, et qu'elle exigeait aujourd'hui qu'on se mît à la recherche d'une expérience nouvelle, proprement contemporaine, du discernement...
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