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Heros Limite
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Charles Reznikoff signe le récit de la vie d'un musicien, compositeur, dont la musique n'est comprise par personne. De Hollywood, où Jude Dalsimer gagne sa vie comme aide-scénariste, à New York où il revient après avoir perdu son emploi, son parcours est transmis dans ses différentes rencontres avec un ami d'enfance, devenu voyageur de commerce, qui va parler avec lui - et écouter la musique qu'il a composée ; sans l'apprécier.
Dans Le musicien, tout fonctionne à partir d'un matériau qui se dédouble : notes d'observation, prélèvements autobiographiques et portrait des États-Unis pendant la Grande Dépression (chômage, misère, difficile intégration des immigrés, notamment des Juifs) ; notes de Charles Reznikoff (le roman puise dans son expérience à Hollywood, de mars 1937 à juin 1939, comme chercheur et lecteur de scénario). L'articulation entre l'écriture poétique de Reznikoff et la poursuite d'un roman est passionnante sous l'angle du document et de son traitement, de sa retranscription, pour en faire un bref et grand récit américain sur la pensée d'un créateur.
The Manner Music, de Charles Reznikoff paraît chez Black Sparrow Press en 1977, un an après sa mort, avec une préface de Robert Creeley. Le livre, traduit en français par Emmanuel Hocquard et Claude Richard, paraît chez P.O.L en 1986. Il est réédité ici pour la première fois avec la préface de Robert Creeley. -
Rythmes I & II, Poèmes sont les trois premiers recueils de poèmes de Charles Reznikoff. Tout d'abord publiés et imprimés à compte d'auteur, ils furent réunis en un seul volume en 1920 à New York et constituent le premier ouvrage du poète à être sorti chez un éditeur.
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Sur les rives de Manhattan est l'histoire de l'émigration d'une famille juive aux États-Unis au début du XXe siècle. Menacée par les pogromes, Sarah Yetta quitte la Russie, sa terre natale, pour gagner New York ou elle vivra de son travail de couturière. Son fils Ezekiel, épris de littérature, transforme un vétuste dépôt en librairie et fait ses premiers pas dans le nouveau monde. Paru en 1930 Sur les rives de Manhattan est une oeuvre essentiellement autobiographique. La première partie du livre relate la destinée de la famille Volsky dans la Russie du XIXe siècle. Ezekiel, le père, homme sensible, instruit et pieux, se voit forcé, pour nourrir sa famille sans cesse croissante, de se déplacer d'une ville à l'autre à la recherche d'emplois toujours précaires. L'héroïne de ce livre est toutefois Sarah Yetta Volsky, la fille aînée, qui ne rêve que d'étudier, mais est obligée de travailler pour seconder sa mère dès son plus jeune âge. Après la mort du père, plus rien ne retient Sarah Yetta de partir en Amérique dans l'espoir d'y découvrir une vie meilleure. Elle réussit, non sans peine, à trouver du travail, s'établit et finit par épouser un ami d'enfance, Saül Rubinov, qui lui aussi a quitté la Russie. Sarah Yetta fonde une famille. Dans la deuxième partie du livre, Charles Reznikoff nus raconte alors l'histoire d'Ezekiel, l'un des fils de Sarah Yetta - qui en réalité n'est nul autre que lui même jeune homme.
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Figure majeure de l'objectivisme américain, ce courant littéraire visant à susciter la sensation par l'entremise des seuls faits vus et entendus, Charles Reznikoff (1894-1976) n'aura presque jamais quitté New York où il est né.
Toutefois, parce que fils d'immigrants juifs ayant fui la Russie, la misère de ses shtetls et la fureur de ses pogromes, c'est dans une atmosphère marquée par la fidélité à la foi des ancêtres - mais également par la mémoire d'une judéophobie hissée au rang de valeur nationale -, que son enfance baigna. Aussi, si ses premiers poèmes s'appliquent à saisir dérives et misères endurées par la marée des anonymes au sein d'une mégapole censée incarner le Grand rêve des nouveaux-venus, la montée en puissance du national-socialisme allemand ne pouvait manquer d'alarmer le poète. Redoutant pour son peuple les pires malheurs, il entreprend la rédaction d'In Memoriam : 1933.
Ce dont il est ici question ? D'un cycle de sept poèmes de style récitatif, essentiellement déclamatoire, s'appliquant à retracer, en autant de stations, les successifs désastres auxquels les Juifs furent confrontés au cours de leur longue histoire. Soit la chute de Samarie (an 722 avant l'ère commune), l'exil à Babylone (539 AEC), le synode de Jamnia succédant à la destruction du Second Temple de Jérusalem (an 70), les persécutions endurées à l'occasion de la première croisade (1096), l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492), les massacres perpétrés par les cosaques vers l'an 1700 et enfin la fureur des pogromes en Russie autour de 1905.
Loin pourtant de se cantonner à quelque martyrologie, Charles Reznikoff, revisite pour nous, au sein même de la terreur semée par autant de déchaînements haineux, la somme des voix acharnées à extraire du malheur les raisons de ne jamais désespérer.
D'où le fait qu'au total In memoriam : 1933, qui emprunte aussi bien aux prophètes de l'ancien Testament qu'à l'historien, talmudiste et kabbaliste ruthène du dix-septième siècle Nathan Nata Hannover - l'auteur du Fond le l'abime -, se laisse également lire comme un étourdissant et inspirant traité consacré au bon usage du désastre.
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En 1936, lorsque paraît son recueil de poèmes Separate Way (Chacun son chemin), Charles Reznikoff a 42 ans. Contrairement à ses ouvrages antérieurs, publiés souvent à compte d'auteur, ce cycle sort chez Objectivist Press, maison fondée en 1932 par les poètes objectivistes George Oppen, Louis Zukofsky, William Carlos Williams - et Reznikoff lui-même. Separate Way est d'ailleurs le dernier livre à être publié par Objectivist Press (si on exclut A Test of Poetry de Zukofsky, paru en 1948 sous la firme de l'éditeur).
A première vue, le cycle se présente - tant au plan formel qu'au niveau thématique - comme un ensemble hétéroclite : quoi de commun entre les brèves Epitaphes (tenant souvent en une phrase) et les « récits-fleuves » consacrés à la guerre civile autrichienne de 1934 (Les socialistes de Vienne), à l'histoire des Etats-Unis (Nouvelle Nation) ou à la vie des Juifs en Palestine (La Palestine sous les Romains) ? Entre les observations d'un promeneur solitaire dans New York (Cheminant, Observant) et le Kaddish qui clôt le recueil ? Et pourtant, ce cycle recèle une indéniable cohérence dictée par l'époque, qui pousse Reznikoff à passer des malheurs existentiels du citoyen aux effets de la crise mondiale de 1929 (voir le poème Dépression), puis aux menaces planant sur la communauté juive à laquelle il appartient. Ainsi passe-t-on du particulier à l'universel. en ce mince volume d'un poète discret et exigeant.
Marie Syrkin, la compagne du poète, fit graver le vers final du premier poème de Separate Way sur la tombe de Charles Reznikoff, décédé en 1976 : « .and the day's brightness dwindles into stars. » . et la clarté du jour se dissout en étoiles.
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D'abord il y a la necessité
Charles Reznikoff
- Heros Limite
- Revue L'ours Blanc
- 10 Octobre 2014
- 9782940517152
Charles Reznikoff (1894-1976), considéré comme un des poètes majeurs du XXe siècle, appartient au mouvement Objectiviste avec, entre autres, Louis Zukofsky et Georges Oppen.
Ses oeuvres principales, Testimony et Holocaust, sont désormais accessibles en français. Par ailleurs, les éditions Héros-Limite ont publié en 2013 une édition bilingue de ses premiers recueils de poèmes (1918-1920), sous le titre Rythmes 1 & 2, poèmes.
Henri jules Julien, qui en a assuré la traduction, rappelle l'importance de D'abord il y a la nécessité : « Ce manuscrit a été trouvé dans les papiers de Charles Reznikoff à sa mort en 1976. C'est de toute évidence le texte qu'il lit en partie au cours de sa célèbre interview par L.
S. Dembo pour Contemporary Literature, en mai 1968, lors d'une invitation de l'Université du Wisconsin. Clairement destiné à une présentation orale, il pourrait avoir été préparé en vue d'une conférence à cette occasion. Nous le publions comme un ajout notable au maigre ensemble de commentaires que Reznikoff a laissé sur son travail.» Dans ce texte, Reznikoff livre en effet de précieuses indications sur son travail poétique, et notamment sa pratique de l'Objectivisme. Puis, élargissant son étude à d'autres auteurs, il revient sur sa conception générale de la poésie.