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Charles Reznikoff
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Ce volume regroupe trois ensembles tardifs de Charles Reznikoff, figure de proue du mouvement de la poésie objectiviste américaine. Les Juifs en Babylonie, écrit en 1969, évoque avec une simplicité remarquable l'existence antique fait d'agriculture, d'artisanat et de culte. En une suite de tableaux esquissés avec sa concision coutumière, Reznikoff donne vie à ces hommes et femmes qui coupent le bois, taillent les pierres, tannent les peaux, gardent les troupeaux, où la trinité de « laboure, sème, moissonne » agit comme le leitmotiv d'une époque où humains, bêtes, oiseaux, vers, dans la limite des mondes connus, étaient tous égaux devant dieu. Suivent ses Derniers poèmes, écrits entre 1973 et 1975, qui illustrent le double penchant qu'a Reznikoff pour la trame historique et pour l'observation minutieuse de la vie citadine. Dans Le bon vieux temps, il s'appuie comme à son habitude sur un certain nombre d'archives, de journaux, d'histoires et d'épisodes historiques, fidèle à son travail « d'archéologue » poétique, pour nous plonger dans une succession de scènes aussi sèches que brutales, à la tonalité neutre et implacable, sans autre morale que l'absolue dureté de vivre et mourir. Qu'il s'agisse d'une servante violée et assassinée en 1637 en Nouvelle-Angleterre, d'un pasteur et de sa famille enlevés par les Indiens en 1703, de cavaliers sombrant dans les sables mouvants au Nouveau-Mexique en 1835, ou d'une glaçante vente d'esclaves à la Nouvelle-Orléans en 1853 où une femme implore qu'on ne la sépare pas de ses enfants, partout surgit l'inéluctabilité du tragique de la condition humaine. Viennent ensuite des séries de poèmes brefs, En marchant dans New York, Juste avant le coucher du soleil, où Reznikoff saisit avec une grâce incomparable les instants de la rue américaine : un aveugle qui traverse la rue, les sirènes de police, les feuilles qui ondulent dans le vent, la dispersion insoumise des pissenlits dans l'herbe, avec un regard attentif aux sans-abris, aux vagabonds, jusqu'aux oiseaux exilés sous les toits. Ces deux ensembles qui montrent une fois de plus l'ensemble des focales du poète, qui mêle le détail et la sensation du présent, le regard factuel sur l'histoire et l'évocation revivifiée de la vie antique, sont complétés par Obiter Dicta, bref essai essentiel datant de 1968 et retrouvé à sa mort, véritable art poétique qui analyse et éclaire son rapport à l'écriture et à sa dimension objectiviste.
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Charles Reznikoff signe le récit de la vie d'un musicien, compositeur, dont la musique n'est comprise par personne. De Hollywood, où Jude Dalsimer gagne sa vie comme aide-scénariste, à New York où il revient après avoir perdu son emploi, son parcours est transmis dans ses différentes rencontres avec un ami d'enfance, devenu voyageur de commerce, qui va parler avec lui - et écouter la musique qu'il a composée ; sans l'apprécier.
Dans Le musicien, tout fonctionne à partir d'un matériau qui se dédouble : notes d'observation, prélèvements autobiographiques et portrait des États-Unis pendant la Grande Dépression (chômage, misère, difficile intégration des immigrés, notamment des Juifs) ; notes de Charles Reznikoff (le roman puise dans son expérience à Hollywood, de mars 1937 à juin 1939, comme chercheur et lecteur de scénario). L'articulation entre l'écriture poétique de Reznikoff et la poursuite d'un roman est passionnante sous l'angle du document et de son traitement, de sa retranscription, pour en faire un bref et grand récit américain sur la pensée d'un créateur.
The Manner Music, de Charles Reznikoff paraît chez Black Sparrow Press en 1977, un an après sa mort, avec une préface de Robert Creeley. Le livre, traduit en français par Emmanuel Hocquard et Claude Richard, paraît chez P.O.L en 1986. Il est réédité ici pour la première fois avec la préface de Robert Creeley. -
Holocaust est un texte limite qui bouleverse le rapport au poème. Au-delà du poème, c'est également un texte qui fait percevoir comme peu d'autres l'insensé du massacre des juifs durant la seconde guerre mondiale.
Reznikoff s'est appuyé sur les comptes-rendus des procès de Nuremberg et Eichman pour créer son poème. Il utilise le matériau brut des témoignages et presque sans ajouter de mot, il opère par montage, par découpe, sélection, retour à la ligne. Il utilise tout le panel de la construction poétique sans recourir au premier des outils à disposition du poète : l'invention du langage. C'est dans ce procédé que naît cet effet de narration saisissant propre à Holocaust : ce qu'on y lit est implacable, parce que c'est vrai. Vrai est un mot qui ne veut pas dire grand chose, ni en littérature ni encore moins dans la vie. Il y a toujours quelque chose de l'ordre du demi rêve dans la littérature, un espace où le monde et le fantasme se touchent. Pas dans Holocaust. André Markowicz par le choix de l'emploi du passé composé, rend au texte l'oralité de ses sources : les témoignages des centaines de personnes qui ont défilé pour nous transmettre la mémoire de ce moment qui est un trou noir dans le tissu de l'humanité. Quand le passé simple inscrit le poème dans le temps de la littérature, le passé composé vient suspendre la parole entre passé et présent, dans une action encore fraîche, à hauteur d'homme, à hauteur de chacun. Il n'y a pas d'emphase poétique dans ce poème, Reznikoff propose une simple succession de faits. Une répétition : on comprend qu'une grande partie de l'horreur tient à cette répétition insatiable, mécanique, des crimes. Le génie de Reznikoff est de faire naître le bouleversement par une rigueur absolue et dénuée d'affect. C'est soudain le réel insupportable qui nous est révélé, sans possibilité aucune de se détourner.
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Rythmes I & II, Poèmes sont les trois premiers recueils de poèmes de Charles Reznikoff. Tout d'abord publiés et imprimés à compte d'auteur, ils furent réunis en un seul volume en 1920 à New York et constituent le premier ouvrage du poète à être sorti chez un éditeur.
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Plus qu'une autobiographie, ce livre central dans l'oeuvre de Charles Reznikoff est un art poétique. Il y a là une forme de résurgence, ou de permanence de la vie naturelle, une capacité d'émerveillement intacte quoique jamais naïve, presque une innocence dans le regard posé sur la ville. Reznikoff arpente les rues de New York avec le passé en écho, en observateur de cette civilisation nouvelle, effervescente, bâtie sur le souvenir ou le mythe lointain des légendes disparues : aussi bien grecques qu'hébraïques.
Cette superposition de la réalité et de la fable donne son épaisseur au poème, qui transcende la réalité sans pourtant jamais s'écarter du réalisme le plus simple, le plus proche. Car ce sont les êtres les plus familiers qui peuplent ces pages, des concierges, des serveurs, des mendiants, des blanchisseurs, tous ceux qui ont un travail - ou une vie - visible à même la rue. Petites scènes de discordes, de discrètes complicités, une famille modeste revenant de la plage, l'histoire d'une lettre d'amour, une dispute conjugale, un mari ivre, des empoignades dans le métro, des infirmières qui sortent du travail au petit matin : nous lisons la chronique d'une époque de crise économique, de migration, de précarité, d'emplois mal payés, de racisme et de ghettos.
Et dans ce processus tumultueux et naturel se construit l'image d'un pays, avec des hommes venus de Russie, d'Italie, d'Irlande ou de Hongrie, au milieu des voitures, trams, charrettes à bras, des camions et des chevaux, au fond des quincailleries et des épiceries ouvertes la nuit. L'identité est une chose poreuse et souvent éclatée, qui se définit de façon collective, dans la confrontation d'altérités vivant dans le même espace humain.
C'est un livre qui avance vers le passé, et après avoir traversé de son regard d'adulte ce creuset vivant, Reznikoff en vient à se raconter lui-même. L'enfance de quartier en quartier, de Brownsville le ghetto juif, puis Harlem, et enfin Brooklyn à mesure de la modeste ascension sociale des parents. Une croissance dans un univers désordonné, chaotique, coloré, sale et bruyant, fait de solitude, de découvertes, mais aussi de violences antisémites.
Les premières lectures à la bibliothèque publique, les camaraderies houleuses, les persécutions enfantines, les vieux immeubles sombres, la vie des grands-parents en Russie, la sagesse juive et les sermons, les études de droit qui auront un impact si important par la suite, la découverte de l'écriture, de la poésie jusqu'à cette décision d'en faire sa vie. Et soudain on oublie qu'on lit un livre, on finit par voir la vie véritable par les yeux d'un petit enfant juif dans les rues de New-York en 1915, dans une intrication totale des souvenirs et du présent.
Une vie, unique et ordinaire, déracinée sans cesse, qui a trouvé à croître avec des racines mobiles et a fini par trouver sa liberté dans cette mobilité. Livre en forme de vie, livre qui donne ce sentiment étrange de gagner un ami, et d'assister, dans les dernières pages, après tout et non avant tout, à la naissance d'un poète.
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Charles Reznikoff (1894-1976) était avec Carl Rakosi, George Oppen et Louis Zukofsky un des quatre poètes du courant dit 'objectiviste' américain, qui commencèrent à publier, de manière confidentielle, dans les années vingt du siècle dernier. De Charles Reznikoff ont été publiés en France, Témoignage, Les États-Unis, 1885-1890, un fragment du présent volume (Hachette/P.O.L, 1981, traduction par Jacques Roubaud), aujourd'hui épuisé ; Le Musicien, roman (P.O.L, 1986, traduction par Emmanuel Hocquard et Claude Richard) ; Holocauste (Prétexte, 2007, traduction Jean-Paul Auxeméry).
Dans un entretien publié dans Contemporary Literature Charles Reznikoff, pour décrire sa démarche, citait un poète chinois du XIe siècle qui disait : 'La poésie présente l'objet afin de susciter la sensation. Elle doit être très précise sur l'objet et réticente sur l'émotion'. Sans doute n'est-il pas inutile, aujourd'hui, de présenter avec Témoignage, Les États-Unis (1885-1915) une des illustrations les plus complètes et convaincantes de ce programme.
Témoignage, Les États-Unis (1885-1915) est une vaste fresque pour décrire l'entrée des États-Unis dans l'ère moderne à travers la restitution minutieuse et la mise en forme de rapports d'audience de tribunaux amenés à juger aussi bien de conflits de voisinage ou de succession que d'accidents du travail ou de faits divers atroces. Son édition poursuit le travail entamé en 1981 avec la publication de Témoignage, Les États-Unis, 1885-1890 et du Musicien.
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La Jérusalem d'or est le livre de réconciliation des identités juives et américaines de Charles Reznikoff. Entre évocations quotidiennes, chant biblique et conclusion philosophique, le recueil, porté par l'écriture objectiviste caractéristique de l'auteur, semble tendu entre lieu et histoire, entre Manhattan et Jérusalem. Pas d'exil ici, mais des rues étranges. Au milieu des vieux journaux abandonnés, des boîtes de conserves, des chewing-gums, des emballages, Reznikoff cristallise une vision de l'origine et de la modernité, dans un jeu de visions sousjacentes.
L'origine remonte de toute chose, en toute chose animée de sous la terre, qui porte en elle la mémoire des matériaux qui la fondent. L'attention du poème est à la présence du monde, aux gouttelettes du monde, au scarabée silencieux. Dans cette Amérique du début du XXè siècle, soudain les voitures, les usines, le métro, sont un arrière plan. Reznikoff porte son regard sur les arbres, la densité des feuillages, sur les pétales dans l'air, le ciel bleu, les miroitements du soleil sur l'eau au milieu du vacarme des rues. Tout ce qui est en vie entre le passage des humains. Dans un geste qui efface la ville, ou qui en renverse la domination, le poème s'attarde sur un oiseau sautillant seul dans la rue déserte avant de s'envoler. C'est une quête de la permanence dans le cycle du vivant. Dans la mort et le refleurissement. L'irruption du fabuleux, dans ce cheval qui traverse au milieu de la circulation, comme une émanation de légende. Le merveilleux des contes toujours renouvelé, en quête profonde de simplicité, une célébration du monde au coeur du béton.
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Sur les rives de Manhattan est l'histoire de l'émigration d'une famille juive aux États-Unis au début du XXe siècle. Menacée par les pogromes, Sarah Yetta quitte la Russie, sa terre natale, pour gagner New York ou elle vivra de son travail de couturière. Son fils Ezekiel, épris de littérature, transforme un vétuste dépôt en librairie et fait ses premiers pas dans le nouveau monde. Paru en 1930 Sur les rives de Manhattan est une oeuvre essentiellement autobiographique. La première partie du livre relate la destinée de la famille Volsky dans la Russie du XIXe siècle. Ezekiel, le père, homme sensible, instruit et pieux, se voit forcé, pour nourrir sa famille sans cesse croissante, de se déplacer d'une ville à l'autre à la recherche d'emplois toujours précaires. L'héroïne de ce livre est toutefois Sarah Yetta Volsky, la fille aînée, qui ne rêve que d'étudier, mais est obligée de travailler pour seconder sa mère dès son plus jeune âge. Après la mort du père, plus rien ne retient Sarah Yetta de partir en Amérique dans l'espoir d'y découvrir une vie meilleure. Elle réussit, non sans peine, à trouver du travail, s'établit et finit par épouser un ami d'enfance, Saül Rubinov, qui lui aussi a quitté la Russie. Sarah Yetta fonde une famille. Dans la deuxième partie du livre, Charles Reznikoff nus raconte alors l'histoire d'Ezekiel, l'un des fils de Sarah Yetta - qui en réalité n'est nul autre que lui même jeune homme.
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Figure majeure de l'objectivisme américain, ce courant littéraire visant à susciter la sensation par l'entremise des seuls faits vus et entendus, Charles Reznikoff (1894-1976) n'aura presque jamais quitté New York où il est né.
Toutefois, parce que fils d'immigrants juifs ayant fui la Russie, la misère de ses shtetls et la fureur de ses pogromes, c'est dans une atmosphère marquée par la fidélité à la foi des ancêtres - mais également par la mémoire d'une judéophobie hissée au rang de valeur nationale -, que son enfance baigna. Aussi, si ses premiers poèmes s'appliquent à saisir dérives et misères endurées par la marée des anonymes au sein d'une mégapole censée incarner le Grand rêve des nouveaux-venus, la montée en puissance du national-socialisme allemand ne pouvait manquer d'alarmer le poète. Redoutant pour son peuple les pires malheurs, il entreprend la rédaction d'In Memoriam : 1933.
Ce dont il est ici question ? D'un cycle de sept poèmes de style récitatif, essentiellement déclamatoire, s'appliquant à retracer, en autant de stations, les successifs désastres auxquels les Juifs furent confrontés au cours de leur longue histoire. Soit la chute de Samarie (an 722 avant l'ère commune), l'exil à Babylone (539 AEC), le synode de Jamnia succédant à la destruction du Second Temple de Jérusalem (an 70), les persécutions endurées à l'occasion de la première croisade (1096), l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492), les massacres perpétrés par les cosaques vers l'an 1700 et enfin la fureur des pogromes en Russie autour de 1905.
Loin pourtant de se cantonner à quelque martyrologie, Charles Reznikoff, revisite pour nous, au sein même de la terreur semée par autant de déchaînements haineux, la somme des voix acharnées à extraire du malheur les raisons de ne jamais désespérer.
D'où le fait qu'au total In memoriam : 1933, qui emprunte aussi bien aux prophètes de l'ancien Testament qu'à l'historien, talmudiste et kabbaliste ruthène du dix-septième siècle Nathan Nata Hannover - l'auteur du Fond le l'abime -, se laisse également lire comme un étourdissant et inspirant traité consacré au bon usage du désastre.
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Nscriptions est constitué de deux livres majeurs de Reznikoff, inédits en français, séparés par une période de dix-huit ans sans aucune publication (Çà et là, 1941 et Inscriptions, 1959). Les deux livres se répondent, se prolongent, et portent en eux les thématiques essentielles de l'oeuvre de Reznikoff. Ce volume, sommet de la poésie objectiviste, propose certains des textes les plus emblématiques du poète, dont le fameux « Kaddish ». C'est une parfaite introduction à la méthode objectiviste, faite de précision, de concision et d'intensité. Toute la maturité poétique de Reznikoff est dans ce livre, qui atteint l'économie de langage et la charge émotive de ses célèbres Holocauste et Témoignage.
L'après-midi nuageux est aussi agréable.
Que le silence. Qui imaginerait.
Qu'on en aurait assez du soleil??
Une belle épitaphe serait, je crois?:
Il aimait le soleil?;
Encore mieux?: Il aimait marcher.
Et pourtant le mort, s'il pouvait parler, dirait peut-être?:
Je m'étais lassé de marcher, oui, et même du soleil.
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En 1936, lorsque paraît son recueil de poèmes Separate Way (Chacun son chemin), Charles Reznikoff a 42 ans. Contrairement à ses ouvrages antérieurs, publiés souvent à compte d'auteur, ce cycle sort chez Objectivist Press, maison fondée en 1932 par les poètes objectivistes George Oppen, Louis Zukofsky, William Carlos Williams - et Reznikoff lui-même. Separate Way est d'ailleurs le dernier livre à être publié par Objectivist Press (si on exclut A Test of Poetry de Zukofsky, paru en 1948 sous la firme de l'éditeur).
A première vue, le cycle se présente - tant au plan formel qu'au niveau thématique - comme un ensemble hétéroclite : quoi de commun entre les brèves Epitaphes (tenant souvent en une phrase) et les « récits-fleuves » consacrés à la guerre civile autrichienne de 1934 (Les socialistes de Vienne), à l'histoire des Etats-Unis (Nouvelle Nation) ou à la vie des Juifs en Palestine (La Palestine sous les Romains) ? Entre les observations d'un promeneur solitaire dans New York (Cheminant, Observant) et le Kaddish qui clôt le recueil ? Et pourtant, ce cycle recèle une indéniable cohérence dictée par l'époque, qui pousse Reznikoff à passer des malheurs existentiels du citoyen aux effets de la crise mondiale de 1929 (voir le poème Dépression), puis aux menaces planant sur la communauté juive à laquelle il appartient. Ainsi passe-t-on du particulier à l'universel. en ce mince volume d'un poète discret et exigeant.
Marie Syrkin, la compagne du poète, fit graver le vers final du premier poème de Separate Way sur la tombe de Charles Reznikoff, décédé en 1976 : « .and the day's brightness dwindles into stars. » . et la clarté du jour se dissout en étoiles.
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D'abord il y a la necessité
Charles Reznikoff
- Heros Limite
- Revue L'ours Blanc
- 10 Octobre 2014
- 9782940517152
Charles Reznikoff (1894-1976), considéré comme un des poètes majeurs du XXe siècle, appartient au mouvement Objectiviste avec, entre autres, Louis Zukofsky et Georges Oppen.
Ses oeuvres principales, Testimony et Holocaust, sont désormais accessibles en français. Par ailleurs, les éditions Héros-Limite ont publié en 2013 une édition bilingue de ses premiers recueils de poèmes (1918-1920), sous le titre Rythmes 1 & 2, poèmes.
Henri jules Julien, qui en a assuré la traduction, rappelle l'importance de D'abord il y a la nécessité : « Ce manuscrit a été trouvé dans les papiers de Charles Reznikoff à sa mort en 1976. C'est de toute évidence le texte qu'il lit en partie au cours de sa célèbre interview par L.
S. Dembo pour Contemporary Literature, en mai 1968, lors d'une invitation de l'Université du Wisconsin. Clairement destiné à une présentation orale, il pourrait avoir été préparé en vue d'une conférence à cette occasion. Nous le publions comme un ajout notable au maigre ensemble de commentaires que Reznikoff a laissé sur son travail.» Dans ce texte, Reznikoff livre en effet de précieuses indications sur son travail poétique, et notamment sa pratique de l'Objectivisme. Puis, élargissant son étude à d'autres auteurs, il revient sur sa conception générale de la poésie.