La crise des réfugiés qui secoue l'espace européen depuis 2015 a mis en lumière l'incapacité des institutions politiques à fournir des réponses satisfaisantes à tous les profils de migrants. Fruits de globalisations contradictoires, les flux migratoires s'accélèrent à travers le monde. Alors même que des frontières se ferment et que des murs s'érigent, les catégories de migrants et de réfugiés se brouillent, les pays de départ deviennent pays de transit et d'accueil et inversement, le contenu de la citoyenneté se diversifie, l'expression d'un droit à la mobilité des personnes émerge partout dans le monde. Réel enjeu planétaire, longtemps oubliées des grandes questions mondiales, les migrations transforment et affectent les relations internationales, redéfinissent la souveraineté des États. Elles disent surtout l'urgence d'une diplomatie nouvelle intégrant leur gouvernance mondiale et régionale.
Alors que la mobilité est reconnue comme un facteur essentiel de développement humain, les deux tiers des habitants de la planète ne peuvent circuler librement. Quant aux pays traditionnels d'immigration, ils ont fermé leurs portes, si ce n'est bâti des murs ou installé des camps de rétention.
Les effets pervers de la fermeture des frontières sont pourtant légion. Aux victimes innombrables, aux sans-papiers et aux sans-droits, s'ajoutent les camps de réfugiés, l'économie maffieuse du passage, les déficits économiques et démographiques liés à l'absence de mobilité, sans parler des coûts exorbitants des politiques de fermeture et d'expulsion.
Face à ces paradoxes, ne vaudrait-il pas mieux inverser la logique ? Considérer que la liberté de circulation des personnes est un droit universel, tout en laissant aux États la possibilité de restreindre l'entrée sur leur territoire ?
Un plaidoyer pour un droit à la mobilité et pour l'avènement d'une diplomatie internationale des migrations, plus urgente que jamais.
Humanisant la mondialisation et contribuant au « rapprochement du monde dans le monde », les migrations, facteurs essentiels du développement humain, font aussi partie des globalisations contradictoires qui voient s'opposer objectifs politiques et impératifs économiques, sociaux, culturels et éthiques.
Un monde plus fluide : élites, migrants économiques, réfugiés, apatrides, les catégories se brouillent, plaidant pour un droit à la mobilité qui remet en question les notions de frontières, de souveraineté, de citoyenneté. De nombreux pays sont aujourd'hui pays d'accueil et de départ. De nouvelles situations apparaissent : déplacés environnementaux, migrants intérieurs et pendulaires, touristes, soulignant l'interdépendance d'un monde en mouvement.
Réel enjeu planétaire, les migrations transforment les relations internationales, redéfinissent la souveraineté des États d'accueil, mettent en scène les États de départ, font surgir un individu acteur de sa vie, et demandent une diplomatie nouvelle faisant appel à une gouvernance mondiale et régionale des migrations.
Pédagogique et exhaustif, ce livre, écrit par une spécialiste à la notoriété internationale, restitue l'état des connaissances sur le sujet, les replace dans leur environnement intellectuel et historique. Il a vocation, au-delà de militer pour une diplomatie internationale des migrations, à devenir la référence sur les questions migratoires.
L'Europe se veut citoyenne, par l'union politique décidée à Maastricht : une citoyenneté européenne fondée sur la réciprocité des droits entre les ressortissants de l'Union et définie par la nationalité des Etats qui la constituent, plutôt que sur la résidence et la participation aux affaires de la Cité.
Une citoyenneté à la recherche de son contenu, faute de symboles fondateurs concrets : un territoire évolutif, pas de langue ni d'histoire commune, pas de devise, peu de service militaire, un impôt et une monnaie perçus comme lointains, mais une citoyenneté qui aurait pour frontière imaginaire l'autre, le non-européen, le musulman, le sans-droit soumis à un contrôle accru des frontières externes et soupçonné d'allégeances dangereuses.
Une citoyenneté qui comporte des déficits démocratiques, où le vote direct ne sera que local et réservé aux Européens, où le Parlement a des pouvoirs restreints par rapport aux Parlements nationaux. Une citoyenneté menacée par le règne des experts et guettée par une fracture sociopolitique entre ceux qui participent déjà de la civilité européenne des métropoles et ceux qui se replient dans des entités nationales ou régionales, car l'Europe, inintelligible, leur fait peur.
Pourtant, être citoyen en Europe représente un grand projet, qui dépasse le traité de Maastricht. C'est d'abord une innovation politique et constitutionnelle : la dissociation entre nationalité et citoyenneté ; c'est aussi l'élaboration d'une culture commune par-delà les frontières des Etats ; c'est enfin l'acceptation de valeurs civiques nouvelles fondées sur les pluralismes. Ce livre cherche à dresser un état des lieux, dans l'attente de la citoyenneté européenne.