Un souffle parcourt les prairies du Far-West, aux abords d'une ville naissante vers laquelle toutes les pistes convergent. C'est celui d'Eau-qui-court-sur-la plaine, une Indienne dont tout le clan a été décimé, et qui, depuis, exerce ses talents de guérisseuse au gré de ses déplacements. Elle rencontrera les frères Brad et Jeff traversant les grands espaces avec leur vieille mère mourante dans un chariot brinquebalant tiré par deux boeufs opiniâtres ; Xiao Niù qui comprend le chant du coyote; Elie poursuivi par Bird Boisverd ; Arcadia Craig, la contrebassiste. Et tant d'autres, dont les destins singuliers se dévident en une fresque sauvage où le mythe de l'Ouest américain, revisité avec audace et brio, s'offre comme un espace de partage encore poreux, ouvert à tous les trafics, à tous les transits, à toutes les itinérances.
Western des origines, véritable épopée fondatrice, tantôt lyrique, dramatique ou burlesque, Faillir être flingué est d'abord une vibrante célébration des frontières mouvantes de l'imaginaire.
Unanimement salué pour la puissance et l'inventivité de sa prose, Faillir être flingué a reçu le prix du Livre Inter 2014.
Avec son style acéré, Céline Minard nous offre un roman brillant sur les jeux et les enjeux d'une solitude volontaire confrontée à l'épreuve de la nature. Installée dans un refuge high-tech accroché à une paroi d'un massif montagneux, une femme s'isole de ses semblables pour tenter de répondre à une question simple : comment vivre ? C'est dans l'espoir d'une réponse qu'elle s'est volontairement préparée, qu'elle a tout prévu : longues marches, activités de survie, rédaction d'un journal de bord... Tout, sauf la présence d'une ermite, surgie de la roche et du vent, qui bouleversera ses plans et changera ses résolutions.
Céline Minard revisite avec brio les codes du film de braquage autour de la thématique du vin pour distiller un cocktail explosif où l'ivresse se mêle à la subversion. Voilà cinquante-neuf heures que la brigade de Jackie Thran encercle la cave à vin la plus sécurisée de Hong Kong, installée dans d'anciens bunkers de l'armée anglaise. Un groupe de malfaiteurs est parvenu à s'y introduire et garde en otage l'impressionnant stock qui y est entreposé. Soudain, la porte blindée du bunker Alpha s'entrouvre. Une main gantée apparaît, pose une bouteille sur le sol. Un pied chaussé d'un escarpin noir sort de l'entrebâillement et pousse le corps de verre sur la chaussée. L'acier claque à nouveau...
Céline Minard nous plonge dans un univers renversant, où les espèces et les genres s'enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. Qu'elle décrive les mesures sensorielles effectuées sur des acrobates dans un monde post-humain, la conservation de la mémoire de la Terre après son extinction, la chute d'un parallélépipède d'aluminium tombé des étoiles et du futur à travers un couloir du temps, ou bien encore la création accidentelle d'un monstre génétique dans une écurie de chevaux sibérienne, l'auteure dessine le tableau d'une fascinante cosmo-vision, dont les recombinaisons infinies forment un jeu permanent de métamorphoses. Fidèle à sa poétique des frontières, elle invente, ce faisant, un genre littéraire, forme éclatée et renouvelée du livre-monde.
Au soir de sa vie, une femme écrivain mondialement connue reprend une dernière fois la rédaction d'un texte auquel elle travaille depuis plusieurs décennies : son testament. À l'occasion de cette «dernière copie», la narratrice revient sur son enfance, les raisons de sa conversion à l'anglais comme «contre-langue de création», son éblouissante rencontre avec Luise, sa compagne de cinquante années, leurs villégiatures en Angleterre, en Irlande, en Italie, leur installation en Suisse, leur vie commune, réelle et fictive. Autant de lieux et de temps réinventés où elles ont croisé toutes sortes de personnages truculents, fait les quatre cents coups et partagé leurs aventures dans les bois autour des étangs avec des nains, des carpes, des boucs et des fées. De ce vrai-faux testament métamorphosé en récit de souvenirs résulte un roman intensément poétique, érotique et ludique, où l'inventivité et la somptuosité de la langue sont portées à leur point d'incandescence. Car «nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut-être, le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soi-disant déjà vécu».
Au milieu du XVIIe siècle, à Rome, une femme, Olimpia Maidalchini, se hisse au sommet du pouvoir en faisant élire pape son propre beau-frère sous le nom d'innocent X. Son autorité est telle dans la Ville éternelle qu'on n'hésite pas à l'appeler la « papesse Olimpia ». Mais la mort du pontife entraîne son éviction et sa déchéance. Pour se venger, elle prononce alors contre Rome une malédiction d'une violence inouïe.
Céline Minard donne ici voix, dans une langue à la fois baroque et contemporaine, à ce personnage grandiose dont elle nous livre un fascinant portrait.
Le kata est un entraînement formel dans lequel un sabreur se défend contre des adversaires imaginaires. C'est une chorégraphie de la violence, établie et fixe, minutieusement codifiée, qui doit être exécutée en un temps donné.
Encadrés par deux saluts, les douze chapitres de ce livre respectent rigoureusement les mouvements des douze kata communs aux différentes écoles de sabre japonais.
Mais qu'arrive-t-il quand la littérature s'immisce dans la pratique du combat, que l'atmosphère se charge, que la terre colle aux pieds et que l'ennemi imaginaire est soudain incarné ?
Céline Minard réussit ici encore le tour de force de s'incorporer les codes d'un imaginaire extralittéraire (après le western, c'est le tour du sabre japonais) dans une langue qui en retour se laisse imprégner par leur force et leur violence.
KA TA est superbement illustré par la plasticienne scomparo.