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Sciences humaines & sociales
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Malaise dans la culture. Car la culture, c'est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd'hui qu'il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n'a aucune part. Des gestes élémentaires aux grandes créations de l'esprit, tout devient ainsi prétendument culturel. Pourquoi alors choisir la vraie culture, au lieu de s'abandonner aux délices de la consommation et de la publicité, ou à tous les automatismes enracinés dans l'histoire.
Certes, nul ne sort plus son revolver quand il entend le mot « culture ». Mais, champions de la modernité ou apôtres de la différence, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui, lorsqu'ils entendent le mot « pensée », sortent leur culture.
Une question simple est à l'origine de ce livre : comment en est-on arrivé là ?
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« Les années trente, dit-on, sont de retour. L'ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d'un bouc émissaire et l'islamophobie prend le relais de l'antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante. Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l'Histoire ; appréhender ce moment crucial dans ce qu'il a d'irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l'enjeu est existentiel autant qu'intellectuel. Si, comme l'écrit François Mauriac, "l'épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions", il nous incombe d'être à l'heure au rendez-vous et de regarder en face le visage que nous n'attendions pas. Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l'exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée. »
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Il existe, dans de nombreuses langues, un mot qui désigne à la fois l'acte de donner et celui de prendre, la charité et l'avidité, la bienfaisance et la convoitise - c'est le mot : amour. Mais qui croit encore au désintéressement ? Qui prend pour argent comptant l'existence de comportements bénévoles ? Depuis l'aube des Temps modernes, toutes les généalogies de la morale font dériver la gratuité de la cupidité, et les actions nobles du désir d'acquisition. Il n'est pas sûr cependant qu'en reléguant l'amour du prochain dans la sphère de l'illusion, nous soyons mieux à même de penser le réel. Il se peut au contraire que nous ayons besoin de ce concept démodé, et d'une autre intrigue que celle de la possession, pour comprendre la relation originelle à autrui et, à partir de là, aussi bien le rapport amoureux que la haine de l'autre homme. En s'inspirant de l'oeuvre d'Emmanuel Lévinas, Alain Finkielkraut interroge d'un seul tenant les grandes expériences collectives de notre modernité et le rapport à l'Autre dans la vie individuelle. Philosophie sans doute, mais philosophie dramatisée par des personnages concrets, et par la présence de la littérature qui, à travers Flaubert, James et surtout Proust, est traitée ici en moyen de connaissance de l'homme.
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" Descartes non lu nous détermine que nous le voulions ou non ", écrit Hans Jonas. A quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable. Mais voici que les réalités nées de la philosophie de l'homme moderne s'ingénient à contredire les ambitions de cette philosophie, à transformer ses promesses en menaces, à fonctionner pour elles-mêmes. Il est devenu difficile d'opposer, sans autre forme de procès, les calculs de la raison aux ténèbres de la superstition car les processus que la raison déchaîne n'ont rien de raisonnable. Cette surprise philosophique réservée à la philosophie, cet ébranlement de la modernité par elle-même, inlassablement Alain Finkielkraut les explore et les interroge. Aux questions que l'intelligence pose de sa propre initiative, selon son projet ou ses plans, et auxquelles elle met le monde en demeure de répondre, il préfère les questions que le monde pose et impose à une intelligence qui n'en peut mais. Par là, il rejoint Michelet : " J'ai toujours eu l'attention de ne jamais enseigner que ce que je ne savais pas. J'avais trouvé ces choses comme elles étaient alors dans ma passion, nouvelles, animées, brûlantes, sous le premier attrait de l'amour. "
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« Le Juif errant, c'est moi ; le détenu famélique au pyjama rayé, c'est moi ; moi, le torturé de l'Inquisition, moi Dreyfus à l'île du Diable. » Voilà le roman dans lequel j'ai passé mon adolescence. Le Différent, l'Écorché vif, le Rescapé : je n'en finissais pas de brandir et de savourer cette image. Du judaïsme, je ne retenais que l'adjectif auquel il me donnait droit et l'usage narcissique que je pouvais en faire. J'allais chercher dans mes origines, les fastes que me refusait la trame sans accroc d'une existence studieuse et sage. J'étais, d'un seul tenant, un Juif authentique et un Juif imaginaire. Ce livre ne raconte pas, après mille autres, l'histoire édifiante et pathétique de l'enfant né au judaïsme sous les espèces de l'injure et de la malédiction. Il relate un autre cheminement : le passage, jamais tout à fait accompli, de l'ostentation à la fidélité.
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« Aujourd'hui, notre pitié ne s'arrête plus à l'humanité. Elle continue sur sa lancée. Elle repousse les frontières. Elle élargit le cercle du semblable. Quand un coin du voile est levé sur l'invivable existence des poules, des vaches ou des cochons dans les espaces concentrationnaires qui ont succédé aux fermes d'autrefois, l'imagination se met aussitôt à la place de ces bêtes et souffre avec elles.
L'homme moderne est tiraillé entre une ambition immense et une compassion sans limite. Il veut être le Seigneur de la Création et il découvre progressivement en lui la faculté de s'identifier à toutes les créatures. Ainsi s'explique l'irruption récente de la cause animale sur la scène politique.
La nouvelle sensibilité aux animaux aura-t-elle le pouvoir de changer la donne ou l'impératif de rentabilité continuera- t-il à faire la loi, en dépit de tous les cris du coeur ? » A. F.
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L'humanité perdue ; essai sur le XXe siècle
Alain Finkielkraut
- Points
- Points Essais
- 5 Février 2007
- 9782020914260
Ce livre est, d'un bout à l'autre, hanté par les événements qui font du XXe siècle la plus terrible période de l'histoire des hommes. Il ne se veut ni panorama ni bilan, mais méditation obstinée et narration inédite de ce qui, depuis 1914, est advenu à l'humanité et plus précisément à cette idée d'humanité si difficilement conquise par les Temps modernes. Il cherche à comprendre pourquoi l'affirmation la plus radicale de l'unité du genre humain a pu, comme son désaveu le plus fanatique, produire un univers concentrationnaire.
À la fois mortelle et meurtrière, l'idée d'humanité ne peut plus être maniée ni pensée innocemment. Il nous faut la défendre et la concevoir autrement, veiller à ce qu'elle vive et faire en sorte qu'elle ne recommence pas à tuer.
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Le passé parle au présent. Il s'adresse à nous. Il nous interpelle. Il réclame. Mais comment le présent doit-il répondre ? Comment être au rendez-vous ? Comment distinguer, dans l'obsession des années noires, la fidélité du simulacre et la vigilance de l'instrumentalisation ? Que faire, maintenant que la mémoire d'Auschwitz n'a plus d'ennemis déclarés, pour en soustraire l'exercice à ses amis désinvoltes ou inquiétants ? Que faire pour éviter à la fois la crispation et la manipulation ? Ceci, au moins : tendre l'oreille ; accueillir les voix venues de l'autre rive.
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Humanités & Sciences sociales Plutôt que de passer en revue les systèmes philosophiques de la modernité, j'ai voulu, dans ce cours, apporter l'éclairage d'un philosophe à chaque fois différent sur quelques unes des grandes questions anthropologiques de notre époque : le mal, l'égalité, la démocratie, l'inconscient, la technique, la guerre, l'éthique, l'histoire.
Le but de ce périple, qui va de Jean-Jacques Rousseau à Hannah Arendt en passant par Marx, Tocqueville, Nietzsche, Freud, Heidegger, Schmitt et Lévinas, n'est donc pas touristique, mais herméneutique. Il ne s'agit pas de visiter les monuments de l'intelligence ; il s'agit de découvrir ou de redécouvrir des penseurs essentiels pour comprendre le principe comme les passions du monde qu'ils ont pensé et pour tenter d'accéder ainsi à l'élucidation de nous-mêmes.
Ce livre est né d'un cours en 8 leçons prononcé au sein du département Humanités et sciences sociales de l'École Polytechnique par Alain Finkielkraut depuis 2003.Grand format 11.70 €Indisponible
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Après le volume Ce que peut la littérature, voici un recueil de textes issus de l'émission « Répliques » sur la thématique de la France. On sait qu'elle est au coeur des préoccupations deAlain Finkielkraut.
Les émissions retenues et les contributeurs sont :
- La République et la philosophie (Marcel Gauchet, Marie-Claude Blais) - Y a-t-il un fascisme français ? (René Rémond, Zeev Sternhell) - Être français aujourd'hui (Pierre Nora, Paul Thibaud) - La laïcité (Lionel Jospin, Maurice Agulhon) - Michelet et les historiens (François Furet, Jacques Le Goff) - La France, pays catholique ? (Danièle Hervieu-Léger, Henri Tincq) - La France et les Juifs (Michel Winock, Paul Thibaud) - Mitterrand ou l'engouement de la mémoire (Hubert Védrine, Christophe Barbier) - Y a-t-il une question noire en France ? (Stephen Smith, Françoise Vergès) - La galanterie française (Mona Ozouf, Claude Habib) - Les problèmes de l'immigration (Patrick Weil, Michèle Tribalat) -
Les sept ouvrages réunis dans ce volume offre un parcours de lecture unique dans l'oeuvre d'Alain Finkielkraut.
" "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !' scandions-nous en mai 1968. Ainsi nous nous comportions, dans notre insoumission même, en bons petits soldats du progrès. " Un tel progressisme - Alain Finkielkraut l'a très vite compris - n'était rien d'autre qu'un nouveau conformisme. La révolution n'était qu'un mythe, une illusion débouchant sur le vide. Ce " vieux monde " devenu précaire, il fallait le préserver, sous peine de voir disparaître un héritage culturel au fondement de notre identité : une langue, une littérature, une architecture, un art de vivre, des paysages même. L'auteur, livre après livre, défend une école qui allie transmission et émancipation, une université qui préserve la liberté de la recherche contre l'idéologie, une société respectueuse de la liberté de conscience. Face à la montée des extrêmes en politique, à l'intolérance religieuse grandissante, au nouvel antisémitisme, aux fanatismes de tous bords, la parole d'Alain Finkielkraut, dans la tradition des Lumières, est plus que jamais nécessaire.
Ce volume contient sept titres jamais réunis :
Nous autres modernes et
L'Humanité perdue, suivis de cinq livres d'entretiens -
Les Battements du monde (avec Peter Sloterdijk),
Le Livre et les livres (avec Benny Lévy),
En terrain miné (avec Élisabeth de Fontenay),
L'Ingratitude (avec Antoine Robitaille),
L'Explication (avec Alain Badiou). Une dernière partie rassemble un choix de ses articles ou entretiens de presse qui ponctuent, depuis une trentaine d'années, le parcours de ses nombreuses interventions dans le débat public. -
«La spécificité du XX? sièlce réside non dans la tragédie - toutes les époques ont connu la tragédie - mais dans le cauchemar, c'est-à-dire la dénégation de la tragédie elle-même. À l'horreur vécue s'ajoute le refus idéologique d'en admettre l'existence. La guerre de Troie n'a pas eu lieu, telle et la contribution propre de notre siècle à l'histoire de l'épouvante.On pouvait espérer qu'avec l'effondrement du communisme, une telle conjoncture ne serait plus possible. Il faut en rabattre : le cauchemar du XX? siècle n'est pas terminé, c'est aux Croates et aux Bosniaques d'en faire l'épreuve. Je les ai défendus d'autant plus ardemment qu'ils vivent une double souffrance : d'une part, celle d'être les victimes d'une guerre criminelle et, d'autre part, celle de voir la vérité même de leur souffrance niée ou calomniée. Camus disait que mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. Français en tête, les démocrates de tous les pays ont célébré le triomphe de leurs valeurs en ajoutant au malheur de la Croatie et de la Bosnie.D'où cette question politique et philosophique : Pourquoi le cauchemar du XX? siècle a-t-il survécu à la chute du Mur de Berlin ?»Alain Finkielkraut.
Grand format 13.95 €Indisponible
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Humanite perdue. essai sur le xxe siecle (l')
Alain Finkielkraut
- Points
- Points
- 20 Janvier 1998
- 9782020333009
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Premier volume d'une série, Ce que peut la littérature regroupe une sélection des meilleures émissions « Répliques » de France-Culture parmi celles consacrées à la littérature. Elles sont rassemblées par la thématique du pouvoir de la littérature : en quel sens les écrivains changent-ils le monde, non plus comme l'entendait Sartre au sens de l'engagement politique, mais au sens où ils réorganisent notre perception du monde, des êtres, des valeurs, du présent ou de l'avenir ? À travers la littérature, c'est notre existence qui est changée. Le livre sera précédé d'une étude inédite d'Alain Finkielkraut.
Liste des chapitres : La place des poètes, avec Jacques Roubaud et Jacques Garelli Aharon Appelfeld, écrivain du silence, avec Geneviève Brisac et Valérie Zenatti, Le pouvoir du roman avec Mona Ozouf et Pierre Manent Le cas Aragon, avec Daniel Bougnoux et François Taillandier Céline l'infréquentable, avec Jean-Pierre Martin et Philippe Sollers Joseph Roth romancier européen, avec Claudio Magris et Jean-Pierre Maurel Albert Camus : le premier homme, avec Suzanne Julliard et Bertrand Visage Barthes et le roman, avec Antoine Compagnon et Eric Marty Le goût des classiques, avec Marc Fumaroli et Thomas Pavel Boris Pasternak poète et romancier, avec Pierre Pachet et Michel Aucouturier 33 Newport Street, avec Jean-Claude Passeron et Claude Grignon -
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Grand format 14.70 €
Indisponible
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Avec le sens de la prophétie qui l'habitait, Victor Hugo faisait s'exclamer en ces termes euphoriques l'étudiant Enjolras dans ses Misérables (1862) : Citoyens, le XIXe siècle est grand mais le XXe sera heureux.
Alors plus rien de semblable à la vieille histoire, on n'aura plus à craindre comme aujourd'hui une conquête, une invasion, une rivalité de nations à main armée, une interruption de civilisation dépendant d'un mariage de rois, et l'échafaud et le glaive, et les batailles et tous les brigandages du hasard dans la forêt des événements. On pourrait presque dire : il n'y aura plus d'événements. On sera heureux.
Un siècle plus tard, c'est un autre constat que lui opposent les philosophes. Il n'y aura pas d'histoire universelle conduisant de la barbarie à l'humanité mais bien une histoire universelle conduisant de la fronde à la bombe H, lui rétorque ainsi laconiquement Théodor Adorno. Que s'est-il donc passé entre l'utopie hugolienne et ce retour au réel inhumain ? Comment le XXe siècle a-t-il mis un abîme entre Victor Hugo et nous ? Comment pouvons nous penser cet abîme et donc ce siècle ? Tel est l'objet de cet essai.
Ce livre est né d'un cours en 8 leçons prononcé au sein du département Humanités et sciences sociales de l'Ecole polytechnique par Alain Finkielkraut de 1998 à 2000 devant trois promotions successives d'étudiants.
Il s'adresse en fait à tous ceux qui, à l'heure de sa fin ou de son repli, souhaitent penser le XXe siècle, ses acteurs et ses enjeux. -
La discorde ; israël-palestine, les juifs, la france
Alain Finkielkraut, Rony Brauman, Elisabeth Lévy
- Flammarion
- Champs Essais
- 28 Février 2008
- 9782081213760
On ne se parle plus, on s'invective.
Depuis le début de la deuxième intifada, en septembre 2000, le conflit israélo-palestinien et la question antisémite sont l'enjeu d'une véritable guerre civile intellectuelle. sionistes contre pro-palestiniens, dénonciateurs de l'islamophobie contre contempteurs de la judéophobie : entre les deux camps, tous les ponts sont coupés. aucune vérité ne peut émerger de la foire d'empoigne. emblématiques des positions qui s'affrontent, rony brauman et alain finkielkraut croisent parfois le fer dans l'espace médiatique, ils ne se parlent plus.
Leur commune exigence de vérité les conduira pourtant à accepter un pari difficile, renouer le fil d'un dialogue authentique. au cours de leurs rencontres, organisées à l'initiative d'élisabeth lévy sur trois années, leur confrontation deviendra une conversation, tout en restant une discorde.
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Le nouveau désordre amoureux
Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut
- Points
- Points Documents
- 14 Octobre 1997
- 9782020326612
Deux écrivains s'en prennent aux schémas directeurs d'un discours puritain sur la sexualité. Véhéments et perspicaces, ils font alterner l'analyse la plus rigoureuse et les exemples les plus provocants, afin de démontrer la tendance normalisatrice, donc totalitaire des théories de la sexualité. Ils défendent le droit à l'existence de tous les plaisirs, y compris la jouissance sentimentale !
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L'explication
Alain Badiou, Alain Finkielkraut, Aude Lancelin
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 22 Mai 2010
- 9782355260520
Les deux « adversaires » ici en présence témoignent, dans le débat d'idées, de deux visions irréconciliables. Tout, dans leurs prises de positions respectives, les sépare : Alain Badiou comme penseur d'un communisme renouvelé ; Alain Finkielkraut comme observateur désolé de la perte des valeurs. La conversation passionnée qui a résulté de leur face-à-face - organisé à l'initiative de Aude Lancelin - prend souvent la tournure très vive d'une « explication », aussi bien à propos du débat sur l'identité nationale, du judaïsme et d'Israël, de Mai 68, que du retour en grâce de l'idée du communisme. Mais le présent volume ne se réduit pas à la somme de leurs désaccords. Car ni l'un ni l'autre ne se satisfont, en définitive, de l'état de notre société ni de la direction que ses représentants politiques s'obstinent à lui faire prendre. Si leurs voix fortes et distinctes adoptent, un moment, une tonalité presque semblable, c'est sur ce seul point.
Ce face à face exceptionnel rend saillantes les principales lignes de fracture de la politique et de la pensée française, que le jeu politico-médiatique n'expose le plus souvent que pour les brouiller un peu plus. C'est ici le double sens du titre « L'Explication » : une vive conversation où s'opposent des points de vue éloignés ou irréconciliables, en même temps qu'un effort commun de clarification.
Alain Badiou et Alain Finkiekraut incarnent deux visions politiques et théoriques diamétralement opposées. Leurs rencontres, intervenues à l'invitation d'Aude Lancelin pour le Nouvel Observateur puis pour préparer le présent volume, portèrent en premier lieu sur la décision du gouvernement de faire une nouvelle fois de « l'identité nationale » un thème de campagne (décision portée par Éric Besson qui donna lieu, comme on le sait, à des rencontres organisées dans les préfectures à la fin de l'année 2009 et au début de l'année 2010). Au sujet de l'identité, Alain Finkielkraut appartient au camp de ceux qui considèrent que la France ferait face à une crise profonde, qui prendrait la forme, selon lui, d'une « exécration [...] de la France dans une fraction non négligeable des nouvelles populations françaises », ajoutant préventivement : « Il faut vivre à l'abri du réel pour considérer que cette francophobie militante est une réponse au racisme d'État ou à la stigmatisation de l'étranger. » Pour Alain Badiou c'est bien au contraire la captation par le gouvernement, d'un débat sur « l'identité nationale » qui inquiète. Il y voit l'application d'une politique injustifiable, nauséabonde, qui validerait la dénomination de « pétainisme transcendantal » utilisée par lui dans dès 2007 dans son ouvrage De Quoi Sarkozy est-il le nom ? pour qualifier la politique de Nicolas Sarkozy. Car, affirme-t-il aujourd'hui, « une discussion organisée par le gouvernement sur 'l'identité française' ne peut qu'être la recherche de critère administratifs sur 'qui est un bon Français qui ne l'est pas' ».
La suite de leur conversation met en évidence le fait que le référent identitaire, même lorsqu'il est éloigné de la question circonstancielle de ce fameux « débat national » (qui a depuis fait long feu) continue d'opposer vivement les deux adversaires. Cela, sur chacune des autres thématiques politiques abordées dans le volume : Mai 68 ; le judaïsme et Israël ; l'idée du communisme. La réflexion d'Alain Finkielkraut s'organise en effet autour de sa fidélité affichée à une appartenance singulière transmise par l'héritage culturel ou par l'École républicaine (une identité unifiée, fondée sur la perpétuation de référents traditionnels et le respect d'un certain nombre de symboles qui seraient aujourd'hui bafoués : le drapeau, l'hymne national, l'autorité professale, etc.). À cette conception qu'il juge « étriquée », Alain Badiou oppose la conception suivante : l'identité (en supposant que l'on en accepte la catégorie) doit, selon lui, être immédiatement transmissible de façon universelle, résultant d'un choix personnel et surtout : maintenue à l'écart de l'État. En substance, la politique doit pouvoir se satisfaire d'identités multiples, et s'organiser indépendamment des frontières nationales. Quand Alain Finkielkraut s'emploie à déplorer « la perte des choses » (et donc à souhaiter le retour à un ordre ancien), mais aussi à s'affliger de « la dévastation de la terre, [du] progrès de la laideur, [de] la destruction de la faculté d'attention, [de] la disparition du silence, [et de] l'entrée dans l'âge technique de la liquéfaction de tout », Alain Badiou avance quant à lui la conception d'un monde ouvert où le phénomène nouveau serait que le « la prolétarisation générale du monde s'est étendue au-delà de notre continent [.] alors que le monde est aujourd'hui partout aux mains d'oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes. » Dans ce monde-là, affirme-t-il, « considérer que, le problème c'est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, paraît proprement extravagant. »
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Le futur ne manque d'avenir
Philippe Meyer, Philippe Muray, Alain Finkielkraut
- Tricorne
- Repliques
- 4 Décembre 2001
- 9782829302244
Déréalisation générale, indistinction ; pourquoi voltaire plutôt que piron ? la fausse fraternité des fausses fêtes étend l'illusion à l'école.
L'homo festivus est un adolescent permanent et l'on est original tous ensemble. ainsi de l'art moderne. on réfléchit et l'on rit en lisant ce débat. le thème, c'est l'homme et la fête en 2000. on brade la tragédie et la fête (don juan de mozart) se déchaîne pour envahir le temps. puis, au son de la disco, tous se réconcilient. la norme, c'est la transgression. a partir de symptômes, les trois philosophes tirent un feu d'artifice tragi-comique sur notre société dérisoire.
On en sort ébahi, à la fois triste et avec des idées.
Depuis des années, j'écoutais l'émission " répliques " dans laquelle alain finkielkraut ne se contentait pas du rôle de modérateur, mais s'impliquait, apportant une troisième voix (voie) dans un débat où se retrouvaient - plutôt que ne s'affrontaient - deux invités.
Mais il n'est pas aisé de retrouver tel ou tel passage, telle citation, à partir de ses notes ou d'une cassette.
C'est ainsi que l'idée de l'écrit s'est imposée.
Ainsi, cette collection devrait faire le bonheur des esprits curieux, à l'écoute des questions de ce temps.
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L'étrangèreté
Renaud Camus, Emmanuel Carrère, Alain Finkielkraut
- Tricorne
- Repliques
- 26 Juin 2003
- 9782829302480