Fatigue, inhibition, insomnie, anxiété, indécision : la plupart des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne sont aujourd'hui assimilées à de la dépression.
Croisant l'histoire de la psychiatrie et celles des modes de vie, Alain Ehrenberg suggère que cette " maladie " est inhérente à une société où la norme n'est plus fondée sur la culpabilité et la discipline, mais sur la responsabilité et l'initiative ; elle est la contrepartie de l'énergie que chacun doit mobiliser pour devenir soi-même. Et si la dépression était surtout le révélateur des mutations de l'individu ? " Cet ouvrage s'inscrit parmi les meilleurs travaux actuels qui cherchent à cerner le visage et la psychologie de l'homme des sociétés occidentales développées.
" La Quinzaine littéraire. " Un ouvrage qui dérange les conformismes. " Pascal Bruckner, Le Nouvel Observateur. " Ce livre devrait être sur le chevet de tout psychiatre. " Synapse.
De nouvelles sciences du comportement humain ne cessent de prendre de l'ampleur et de susciter l'engouement depuis le début des années 1990 : il s'agit des neurosciences cognitives. Leur ambition est de faire de l'exploration du cerveau le moyen de traiter les pathologies mentales (comme la dépression ou la schizophrénie) mais aussi de nombreux problèmes sociaux et éducatifs, comme l'apprentissage ou la maîtrise de ses émotions. Ces sciences sont-elles devenues le baromètre de nos conduites et de nos vies, prenant la place autrefois occupée par la psychanalyse ? L'homme « neuronal » est-il en passe de remplacer l'homme « social » ? Alain Ehrenberg montre que l'autorité morale acquise par les neurosciences cognitives tient autant à leurs résultats scientifiques ou médicaux qu'à leur inscription dans un idéal social majeur : celui d'un individu capable de convertir ses handicaps en atouts en exploitant son « potentiel caché ». Elles sont la chambre d'écho de nos idéaux d'autonomie.
L'émancipation des moeurs, les transformations de l'entreprise et celles du capitalisme semblent affaiblir les liens sociaux ; l'individu doit de plus en plus compter sur sa « personnalité ». Il s'ensuit de nouvelles souffrances qui seraient liées à la difficulté à atteindre les idéaux qui nous sont fixés.
Que recouvre cette idée que la société crée des souffrances psychiques ? Y a-t-il une singularité française à cet égard ? L'individualisme ne finit-il pas par se retourner contre la société et contre l'individu ?
Poursuivant son enquête visant à « cerner la psychologie de l'homme des sociétés occidentales développées » (La Quinzaine littéraire), Alain Ehrenberg décrypte les inquiétudes logées au coeur du malaise français en comparant la France et les États-Unis.
Il y a quarante ans encore, la psychiatrie semblait ne s'intéresser qu'à la " folie ", et l'" asile " était son symbole.
Son domaine s'étend désormais des schizophrénies au marais du mal-être de masse. ces formes d'intervention se sont disséminées dans le tissus social (école, prison, famille, etc. ). parallèlement les médicaments psychotropes sont devenus un trait du mode de vie de l'homme moderne et la conception même du trouble mental s'est radicalement modifiée avec les neurosciences. le trouble mental est aujourd'hui une question sociale et politique autant que médicale ; elle concerne toutes les institutions, aussi bien la famille, l'école que l'entreprise.
L'originalité de ce livre consiste à croiser, pour la première fois en france, les analyses de psychiatres, de sociologues, d'anthropologues, d'historiens et de philosophes. ensemble, ils s'efforcent de cerner les enjeux de ces transformations.