Directeur de la revue Esprit de 1988 à 2019, co-animateur de le revue TousUrbains de 2012 à 2020, il a été éditeur au Seuil et chez Hachette, il co-préside l‘association Paul Ricoeur à Paris. Il a publié entre autres une trilogie des passions démocratiques, des ouvrages sur la vie intellectuelle et politique, sur Paul Ricoeur, sur le cinéma, et sur l’urbanisation (la Condition urbaine et La ville des flux).
La couleur des idées
Avec la mondialisation, nous voilà projetés dans l'" après-ville ", dans le " post-urbain ". En Europe, nous étions habitués à voir la ville comme un espace circonscrit dans lequel se déroule une intégration civique des individus... Nous voici maintenant confrontés d'un côté à des métropoles gigantesques et sans limites, et de l'autre au surgissement d'entités globales, en réseau, coupées de leur environnement. La reconfiguration en cours suscite l'inquiétude : allons-nous assister au déclin irrémédiable des valeurs urbaines qui ont accompagné l'histoire européenne ? La fragmentation et l'étalement chaotique vont-ils inéluctablement l'emporter ? Sommes-nous condamnés à regretter la polis grecque, la ville de la Renaissance, le Paris des Lumières, les grandes villes industrielles du XIXe siècle ?
En rappelant les éléments distinctifs qui composent l'expérience urbaine, Olivier Mongin pose les fondements d'une réflexion d'aujourd'hui sur la condition urbaine. Nous vivons à une époque où l'information s'échange immatériellement selon des flux plutôt que dans des lieux : comment, dans ces conditions, refonder des lieux urbains accordés à notre temps ?
Ce livre est la première synthèse complète de l'œuvre d'un des plus grands philosophes de ce temps.
"J'ai tenté de répondre dans cet ouvrage à un double objectif afin de mettre en valeur la "présence contemporaine" de Ricœur. Tout d'abord j'ai voulu souligner la cohérence profonde de l'œuvre : en dépit des réaménagements conceptuels, des détours inattendus, des discussions, des convergences et divergences affichées, celle-ci forme un ensemble d'autant plus rigoureux que les interrogations initiales demeurent tout au long d'un parcours sinueux qui peut laisser croire au lecteur pressé que Ricœur est avant tout un ogre de lecture.
Ensuite, comme ses commentaires mettent en scène des "conversations", je me suis efforcé de procéder de même : d'où l'option délibérée de le mettre en lice, de l'opposer à ou de le rapprocher d'autres auteurs, ceux qu'il a discutés frontalement mais aussi ceux qu'il ignore, volontairement ou non. J'ai épousé à l'occasion son propre rythme, oscillant entre la lecture serrée d'un texte et des interprétations plus libres." O.M.
Après la dénonciation sans appel du totalitarisme soviétique, et la preuve par le goulag en 1976, puis l'écroulement du mur de Berlin en 1989, beaucoup d'intellectuels se sont trouvés désorientés, comme décrochés d'une histoire dont le sens leur échappait. Le nouveau rôle social des médias a accentué ce malaise, en excluant bien souvent les intellectuels des moyens d'expression de leur propre savoir. Rendre compte, à chaud, d'une histoire dont les effets ne sont pas totalement déployés, est la gageure que tente ici Olivier Mongin. Il ne propose ni une histoire exhaustive des intellectuels, ni une sociologie des clercs, mais un état des mutations de la pensée contemporaine en France, sans négliger les courants esthétiques et littéraires. Ce panorama, nourri d'une abondante bibliographie, est aussi une présentation critique des pensées novatrices, qui se font jour face au scepticisme ambiant, et des écoles, des lieux, où celles-ci s'élaborent et se diffusent. Cet essai est sous-tendu par une thèse : le désenchantement démocratique, qui prévaut aujourd'hui, reflète l'épuisement de la polarisation entre le singulier et l'universel, qui structurait la communauté intellectuelle française depuis la Déclaration des droits de l'homme. Sans « vision du monde », l'intellectuel ne peut plus remplir une de ses fonctions, donner du sens à l'histoire. Est-il, pour autant, condamné à disparaître ? Olivier Mongin refuse cette éventualité : pour lui, la démocratie n'avance, et ne se renouvelle, qu'avec des idées, donc des débats et des confrontations. Et il faut, pour cela, des « passeurs » et des « éveilleurs » : telle est la mission de la nouvelle figure que l'auteur appelle de ses voeux, celle de « l'intellectuel démocratique ».
Après la dénonciation sans appel du totalitarisme soviétique et la preuve par le goulag en 1976, puis l'écroulement du mur de Berlin en 1989, beaucoup d'intellectuels se sont trouvés désorientés. Rendre compte à chaud d'une histoire dont les effets ne sont pas totalement déployés est la gageure que tente ici Olivier Mongin.
Après la dénonciation sans appel du totalitarisme soviétique et la preuve par le goulag en 1976, puis l'écroulement du mur de Berlin en 1989, beaucoup d'intellectuels se sont trouvés désorientés, comme décrochés d'une histoire dont le sens leur échappait. Le nouveau rôle social des médias a accentué ce malaise, en excluant bien souvent les intellectuels des moyens d'expression de leur propre savoir. Rendre compte à chaud d'une histoire dont les effets ne sont pas totalement déployés est la gageure que tente ici Olivier Mongin. Il ne propose ni une histoire exhaustive des intellectuels ni une sociologie des clercs, mais un état des mutations de la pensée contemporaine en France, sans négliger les courants esthétiques et littéraires. Ce panorama, nourri d'une abondante bibliographie, est aussi une présentation critique des pensées novatrices qui se font jour face au scepticisme ambiant, et des écoles, des lieux où celle-ci s'élaborent et se diffusent. Cet essai est sous-tendu par une thèse : le désenchantement démocratique qui prévaut aujourd'hui reflète l'épuisement de la polarisation entre le singulier et l'universel, qui structurait la communauté intellectuelle française depuis la Déclaration des droits de l'homme. Sans " vision du monde ", l'intellectuel ne peut plus remplir une de ses fonctions, donner du sens à l'histoire. Est-il pour autant condamné à disparaître ? Olivier Mongin refuse cette éventualité : pour lui, la démocratie n'avance et ne se renouvelle qu'avec des idées, donc des débats et des confrontations. Et il faut pour cela des " passeurs " et des éveilleurs " : telle est la mission de la nouvelle figure que l'auteur appelle de ses voeux, celle de l'" intellectuel démocratique ".
On nous répète à satiété que la crise des idéologies et des valeurs nous a fait entrer dans l'ère du vide et des simulacres ; et en un sens, c'est vrai. Mais pouvons-nous éternellement nous complaire dans cette célébration de l'épuisement ?
Ce livre propose de traverser le vide - pour aller au-delà. Le traverser, c'est d'abord accepter de le voir, sous toutes ses formes, dans notre imagerie collective : dans le désert des publicités, dans celui du Club Méditerranée, voire dans les profondeurs du Grand Bleu...
C'est aussi prendre la mesure que le discours politique, pris en étau entre les incantations morales (droits de l'homme) et les appels au rendement (glorification de l'entreprise et du marché), s'est évaporé. De sorte que l'individu, ne se sentant plus citoyen, se perçoit désormais seulement comme une victime potentielle (des autres, des marginaux, des étrangers, qu'ils vivent ici ou ailleurs).
A quelles conditions une nouvelle citoyenneté est-elle possible ? C'est la question à laquelle ce livre tente de répondre. Il faut sortir de la glorification atone de la démocratie et refonder celle-ci en intégrant le négatif, la souffrance des exclus, le rôle des différences, la nécessité des conflits, et les blessures de l'histoire.
La mondialisation est avant tout urbaine. Devenue un gigantesque accélérateur de trajectoires individuelles, soumise aux impératifs de la vitesse, la ville des flux perd progressivement son attache avec le territoire. Elle oscille ainsi entre les friches urbaines des non-lieux que les flux contournent - les favelas de Rio ou São Paulo, les bidonvilles de Kinshasa et de Johannesburg - et le paroxysme de la communication des hyperlieux branchés sur les réseaux, où s'affichent les signes d'une modernité agressive et insolente - comme à Singapour, Doha ou Dubaï. Y a-t-il encore une place pour l'émergence de milieux qui cherchent à soumettre ces flux à l'exigence anthropologique de l'habiter, ainsi qu'à celle, politique, de l'agir ensemble - comme le symbolisent désormais la place Tahrir du Caire ou la place Taksim d'Istanbul ? Pour déjouer les projections fonctionnalistes des architectes-urbanistes ainsi que les tentatives de planification des édiles et des aménageurs, pour résister aux nostalgies patrimoniales comme aux séductions des images futuristes, il faut être sensible aux pouvoirs de l'informel, celui des quartiers tremplins qui font des migrants les inventeurs de nouvelles pratiques urbaines, comprendre les raisons de l'attractivité des façades maritimes et des ports, et entendre l'enchevêtrement des récits de la ville invisible. Olivier Mongin nous propose un panorama magistral des évolutions contemporaines de la ville et de la diversité des scénarios urbains, en nourrissant ses réflexions des réalisations des architectes et urbanistes, mais aussi des fulgurances des cinéastes
Depuis son élection, Emmanuel Macron est à contretemps. Contretemps par rapport au calendrier des réformes qu'il avait programmées ; contretemps par rapport aux attentes d'une société française qui ne veut plus d'un Président solitaire et enchaîne les révoltes, contretemps entre les aspirations progressistes que le jeune Président incarne en Europe et sa politique sécuritaire et migratoire qui braconne sur les terres sur Rassemblement national. Mais Macron est aussi pris à contretemps. La pandémie, l'emballement climatique, l'offensive des « démocratures » en Europe, en Turquie, les errements russes et chinois l'ont pris au dépourvu. Emmanuel Macron a fait face aux événements imprévus qui ont scandé son mandat, il n'a cependant pas su trouver le rythme démocratique nécessaire à l'ouverture d'un nouveau cycle politique. C'était pourtant la condition nécessaire pour honorer les promesses de sa campagne. Échapper au contretemps nécessite un changement radical : prendre le temps d'être entendu, de dialoguer, de s'entourer. Faute de cette conversion, il n'aura été que le dernier représentant d'une Ve république à bout de souffle.
Cet essai très "grand public" de deux éminents intellectuels illustre l'urgence à remettre les institutions au centre du jeu politique et à retrouver un rythme démocratique où chacun prenne sa part.