Ce recueil d'articles, publié pour la première fois en 1965 aux Éditions François Maspero, a connu un succès exceptionnel pour un ouvrage théorique : plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires vendus et de très nombreuses traductions. Comme le note Étienne Balibar dans son avant-propos de 1996 : " Dans ce livre s'est engagée l'une des tentatives les plus originales, les plus éloquentes, les plus argumentées aussi [...] pour donner corps et figure théorique au marxisme. "Depuis les années 1960, les études marxistes n'ont pu ignorer cette approche qui établissait une " coupure épistémologique " dans l'oeuvre marxienne, séparant les textes idéologiques du jeune Marx de ceux plus scientifiques du Marx de la maturité. Elle offrait aussi une autre évaluation de l'apport de Hegel à Marx et n'hésitait pas à s'inspirer des réflexions philosophiques de Mao Zedong pour nourrir sa propre philosophie. Rares sont les livres ayant suscité autant de passions théoriques et provoqué autant de débats.
En 1980, au sortir de la période la plus intensément politique de son oeuvre et de sa vie, Louis Althusser décide de rédiger un manuel de philosophie qui serait enfin accessible à tous, sans préparation. Initiation à la philosophie pour les non-philosophes en est le résultat. Mais bien loin d'être un simple ouvrage de vulgarisation ou d'introduction, c'est en réalité un véritable précipité des thèses les plus fondamentales de sa propre pensée qu'offre Althusser. Entre cent autres considérations, nulle part ailleurs ne va-t-il aussi loin dans la distinction entre la philosophie et les autres pratiques ; nulle part non plus ne développe-t-il avec tant de détails le concept de « pratique » lui-même. Pourtant, parmi les nombreux apports cruciaux d'Althusser au « moment philosophique des années 1960 », ce concept est peut-être celui qui a bénéficié du plus grand succès et été à la source du plus grand nombre de malentendus. Moment de synthèse dans l'oeuvre d'Althusser, instantané d'une des plus influentes philosophies de la seconde moitié du XXe siècle, cette Initiation est donc aussi un manifeste pour la pensée à venir - une pensée dont le succès contemporains des enfants d'Althusser (de Rancière à Badiou, de Zizek à Balibar) manifeste assez la contemporanéité et l'urgence.Texte établi par G. M. Goshgarian, et introduit par Guillaume Sibertin-Blanc.
Que faire ? Telle était la question que se posa Lénine en 1901, alors qu'il éprouvait des doutes sur la capacité révolutionnaire du monde ouvrier russe. Soixante-dix-sept ans plus tard, Louis Althusser décide de se l'adresser aussi. Confronté au reflux de Mai 68 et aux renoncements successifs du Parti communiste, il souhaite offrir à ses lecteurs un bref vade-mecum pour la révolution à venir. Un vade-mecum ramassé et tranchant, brillant et nerveux, tout entier tourné vers un objectif : parvenir à organiser la lutte de la classe populaire, de telle sorte qu'elle puisse l'emporter sur la classe bourgeoise. Pour Althusser, c'est l'occasion d'une critique virtuose des écrits d'Antonio Gramsci et de l'eurocommunisme, qui séduisent alors de nombreux marxistes. Mais c'est surtout l'opportunité de tenter de dire, en quelques pages, ce qu'il n'avait pas réussi à énoncer ailleurs : quelles conditions concrètes faut-il satisfaire pour qu'enfin la révolution ait lieu. Laissé inachevé, il est publié ici pour la première fois.
Quatrième volume de l'entreprise systématique de publication des livres et textes inédits de Louis Althusser, établie par Michael Goshgarian sur base des manuscrits du fonds Althusser recueilli à l'IMEC, Écrits sur l'histoire rassemble un florilège d'interventions et de méditations du philosophe, s'étendant de 1963 à 1986. Interrogeant sans relâche la place de l'histoire dans la théorie marxiste, et donc ce qu'Althusser voyait comme le danger historiciste au coeur de la lecture révolutionnaire du présent, ils témoignent d'un dialogue continu avec la discipline historique de son temps - dont plusieurs représentants ont échangé avec le philosophe. Soucieux de l'histoire, mais désireux d'éviter toute explication qui l'érigerait en une force déterministe, Althusser n'a en effet jamais cessé de méditer la manière dont histoire et concept s'équilibraient dans la théorie marxiste - équilibre qu'il chercha à réinventer pour son époque. Ce sont les traces de cette entreprise, toujours commentée dans le monde entier, qui se trouvent réunies dans ce volume.
Après Initiation à la philosophie pour les non-philosophes (« Perspectives Critiques », 2014), les Presses universitaires de France, en collaboration avec l'Institut Mémoire de l'édition contemporaine, poursuivent le travail de publication des grands livres inédits de Louis Althusser. Être marxiste en philosophie, rédigé par Althusser en 1975, est constitué de vingt-six brefs chapitres, dans lesquels celui-ci tente de comprendre à nouveaux frais les liens qui existe entre la figure de Marx et la pratique de la philosophie. Qu'a à nous dire Marx sur cette pratique ? Est-il possible d'imaginer une philosophie qui soit purement marxiste ? Que signifie pratiquer la philosophie en tant que marxiste ? Quel horizon politique une philosophie marxiste peut-elle et doit-elle s'assigner ? Pourquoi se dire marxiste en philosophie aujourd'hui ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles Althusser tente d'apporter une réponse dans ce livre, au fil d'un texte à la limpidité cristalline, à l'impeccable précision et à l'élégance supérieure. Il est accompagné d'une introduction de G. M. Goshgarian, spécialiste international de l'oeuvre d'Althusser, ainsi que d'un petit texte inédit, « Chacun peut-il philosopher ? », écrit en 1958, en réaction à la publication d'un pamphlet de Jean-François Revel, Pourquoi des philosophes ?.À l'heure où la pensée de Marx, comme celles des élèves d'Althusser, bénéficie d'une audience toujours plus importante, la publication d'Être marxiste en philosophie s'impose avec plus d'urgence que jamais comme une contribution à la résistance face à l'obscénité politique et économique de notre temps.
Poursuivant le travail d'édition des manuscrits inédits de Louis Althusser, entamé avec succès par Initiation à la philosophie pour les non-philosophes et Être marxiste en philosophie, tous deux traduits dans plus de dix langues, les Presses universitaires de France publient Les Vaches noires, une auto-interview polémique rédigée en 1976, dans laquelle le philosophe revient sur sa relation chahutée avec le Parti communiste français, dont il fut longtemps un pilier intellectuel, quoique contesté. Mêlant considérations théoriques, polémiques politiques, observations de coulisses et confessions personnelles, cette réflexion sur les suites à donner au 22e congrès du Parti communiste français est l'un des textes les plus singuliers d'Althusser - et aussi, à de très nombreux égards, un de ceux dans lesquels il se met le plus à nu. À la fois critique sévère du Parti et défense inconditionnelle des idéaux qui y président, c'est surtout un texte qui dresse un programme d'une actualité surprenante quant à l'organisation de la lutte révolutionnaire au moment de son reflux. Tout ensemble document historique, politique, philosophique et biographique, Les Vaches noires mettent en pièces l'image, encore tenace, d'un Althusser dogmatique, pour restituer toute la souplesse, la complexité et l'inquiétude de sa pensée - celle d'un marxiste pour temps de crise, à l'instar du nôtre.
"Généalogie d'une démence.
Carnets, au jour le jour, parfois heure par heure, d'une lutte avec le démon.
D'où il ressort que mon maître était un Pierre Rivière philosophe ; un possédé savant ; un halluciné hanté par la volonté de comprendre et de regarder son mal en face ; un Ajax dont, à la toute dernière minute, nulle Athéna n'aura détourné la "hache d'airain à deux tranchants" et, pourtant, extralucide ; un Prince Mychkine chez qui folie et connaissance, pulsions mortelles et maîtrise de soi, auraient noué un pacte inflexible.
Ce paquet de lettres et de mémoire, cette plongée au coeur d'une des histoires les plus troubles et les plus édifiantes du XXème siècle, ce voyage, certes impudique, mais si riche d'enseignements qu'il eût été inconséquent de s'en priver, dans les coulisses d'un âme à la fois géniale et damnée, je suis heureux, et ému, du privilège qui m'est offert de les présenter à leurs lecteurs."B.-H. L.
Ce volume rassemble l'essentiel des principaux articles publiés du vivant d'Althusser, dont la pensée a marqué profondément la philosophie politique des années 50 à la fin des années 70. Dans ces analyses originales sur Locke, Rousseau, Marx, Spinoza ou Machiavel, Althusser revient sur le noeud de la politique moderne, la tension entre le contrat et la force. Certains textes, marqués par leur époque, ont surtout valeur de témoignage, d'autres restent d'une actualité étonnante.
Louis Althusser concevait l'enseignement de la philosophie comme une expérience de pensée qui cherche à ressaisir le geste de quelques "hommes qui ont tenté le plus grand effort de lucidité qui soit". On trouvera ici une magistrale illustration de cette tentative pour "voir à quel prix et par quelles voies certains hommes ont réussi à dégager un peu de vérité sur les ressorts de la conduite humaine et de la société", notamment à travers un cours sur la philosophie de l'histoire - une "propédeutique nécessaire à l'intelligence de la pensée de Marx" -, un autre sur les théories du contrat aux XVIIe et XVIIIe siècles, enfin une approche très personnelle de Machiavel. Ainsi, dans la mesure où "l'histoire se confond moins avec le rappel de son passé qu'avec l'intelligence de son dépassement", Althusser s'efforce d'éclairer "les problèmes innombrables qui se posent aujourd'hui en politique, histoire, psychologie, philosophie, par le secours d'un passé mis dans un peu de lumière".
« Le rêve est toujours en avance sur la vie », écrit Louis Althusser à Claire, une de ses passions.
Au moment d'écrire son autobiographie, L'Avenir dure longtemps, en 1985, dans laquelle il cherche à comprendre et expliquer le meurtre de sa femme Hélène Rytmann, Louis Althusser a consulté l'ensemble des récits de rêves, dont certains étrangement prémonitoires du drame de novembre 1980. Il les avait soigneusement conservés dans ses archives, avec des notes sous la forme d'un journal, prises et rédigées avant ou après des séances avec ses différents psychanalystes.
C'est cet ensemble de rêves que nous donnons ici, avec l'espoir que leur lecture et interprétation permettra de mieux comprendre les processus qui ont conduit Louis Althusser à commettre l'acte irréparable qui a fait du philosophe un meurtrier.
« Quand je suis sorti du rêve, il n'y avait plus rien, écrit-il dans un de ses récits de rêve, rien qu'un bruit de sabots dans la gorge. Rien qu'une main qui dessinait sans fin dans l'air comme un contour. »
En épilogue paraît ici pour la première fois un texte fascinant intitulé Un meurtre à deux : la note attribuée par Althusser à son psychiatre traitant après le meurtre de sa femme Hélène - mais dont tout donne à penser qu'elle est en réalité un dialogue avec lui-même.
La reproduction des rapports de production, ici présenté avec d'autres écrits, est le manuscrit, demeuré inédit, dont Althusser a tiré son célèbre texte, paru en 1971 dans La Pensée, « Idéologie et appareils idéologiques d'État ». L'auteur y expose de façon ordonnée sa conception du matérialisme historique, des conditions de la reproduction de la société capitaliste, et de la lutte révolutionnaire en vue d'y mettre fin.Cet écrit peut sembler revenir d'un autre âge. Il témoigne en effet d'opinions désormais impossibles. Il conserve pourtant une singulière force de provocation théorique, et nous confronte à une question qu'on ne saurait considérer comme dépassée : dans quelles conditions, dans une société qui proclame les idéaux de liberté et d'égalité, la domination des uns sur les autres se reproduit-elle sans cesse à nouveau ?
What is to be done? This was the question asked by Lenin in 1901 when he was having doubts about the revolutionary capabilities of the Russian working class. 77 years later, Louis Althusser asked the same question. Faced with the tidal wave of May ‘68 and the recurrent hostility of the Communist Party towards the protests, he wanted to offer readers a succinct guide for the revolution to come. Lively, brilliant and engaged, this short text is wholly oriented towards one objective: to organise the working class struggle. Althusser provides a sharp critique of Antonio Gramsci’s writings and of Eurocommunism, which seduced various Marxists at the time. But this book is above all the opportunity for Althusser to state what he had not succeeded in articulating elsewhere: what concrete conditions would need to be satisfied before the revolution could take place. Left unfinished, it is published here in English for the first time.
"Ce que le parti attend de la direction, c'est qu'elle surmonte, si elle est en état de prendre conscience de cette nécessité vitale, sa surdité et son isolement, qu'elle se mette à l'écoute de l'appel qui monte de ses militants et des masses, et qu'elle s'engage résolument dans une véritable analyse marxiste de ses pratiques politique et organisationnelle.
Comment ne pas penser ici irrésistiblement à la campagne d'analyse et de critique à laquelle reste attaché le nom de M. Thorez, qui permit au P.C.F. de surmonter une grave crise et de mobiliser les masses populaires dans un grand mouvement historique : « Pas de mannequins dans le parti ! Que les bouches s'ouvrent ! »"
Pour que ma position soit claire, je dirai que je considère le XXIIe Congrès comme un événement décisif, comme un tournant capital dans l'histoire du parti communiste et du mouvement ouvrier français. Les réserves que je pourrai formuler sur tel ou tel point, s'inscrivent d'avance dans cette perspective. S'il s'agit bien d'un événement de cette importance, il est clair qu'on ne peut s'en tenir seulement à l'histoire politique française, aux particularités du congrès et de son déroulement, ni à la seule lettre de ses décisions et formulations. Il faut aller au-delà des manifestations immédiates, il faut chercher dans quelles conditions le XXIIe Congrès a eu lieu : de quelle histoire il tente de sortir, et quelle histoire il tente de faire. Il faut donc comprendre quels sont, à l'échelle, non seulement nationale mais aussi mondiale, les problèmes économiques et politiques qui ont provoqué le XXIIe Congrès. Il faut comprendre à quels problèmes généraux il a voulu répondre, et pourquoi il leur a donné les réponses que l'on connaît. Pour cela, il est indispensable de prendre du recul, et de situer le XXIIe Congrès à sa date, 1976 : dans l'histoire de l'impérialisme, période des révolutions (Lénine), et dans l'histoire du mouvement communiste international. Et si l'impérialisme est en crise, il faut ajouter : le mouvement communiste international aussi.
Writings on History brings together a selection of texts by Louis Althusser dating from 1963 to 1986, including essays, a lecture, notes to his collaborators, and the transcript of an informal 1963 discussion of literary history. The centrepiece of this collection is Althusser’s previously unpublished Book on Imperialism, a theorization of globalized capitalism that remained unfinished. All these writings are concerned with the place of history in Marxist theory and, in particular, on what Althusser considered to be the mortal danger of historicism haunting the revolutionary reading of the present. They testify to his continuing dialogue with the historiography of his day, several of whose representatives were engaged in discussion and debate with him. Deeply interested in history but intent on avoiding the kind of interpretation that would transform it into a deterministic force, Althusser never ceased to reflect on the equilibrium between the historical and the concept in Marxist historiography, an equilibrium that he sought to reinvent for his time. The traces of that undertaking, which continues to generate debate throughout the world today, are brought together in this volume.
Cette « Introduction au cours de philosophie pour scientifiques » a été prononcée en octobre-novembre 1967 à l'École normale supérieure. Nous avions alors à plusieurs amis, intéressés par les problèmes de l'histoire des sciences, et des conflits philosophiques auxquels elle donne lieu, frappés par la lutte idéologique et les formes qu'elle peut prendre chez les intellectuels de la pratique scientifique, décidé de nous adresser à nos collègues en un cours public. Cette expérience, inaugurée par l'exposé que voici, devait durer jusqu'à la veille des grands événements de 1968. C'est pour répondre à de nombreuses demandes que je publie aujourd'hui, avec un grand retard, mon Introduction de 67, sur la philosophie et la philosophie spontanée des savants. A l'exception de la moitié du premier cours et de la critique de Jacques Monod, que j'ai reproduits sans rien y changer, j'ai repris le reste de ce cours : pour rendre plus lisible ce qui n'était qu'une improvisation hâtive, et aussi pour développer certaines formules qui étaient restées à l'état d'esquisse, souvent énigmatique. Mais j'ai tenu à respecter pour l'essentiel les limites théoriques de cet essai, qu'on voudra bien lire comme un essai daté. Je le publie aussi comme un témoignage rétrospectif. On y trouvera en effet les premières formules qui ont « inauguré » un tournant dans nos recherches sur la philosophie en général et la philosophie marxiste en général. Auparavant en effet (dans Pour Marx et Lire Le Capital), je définissais la philosophie comme « théorie de la pratique théorique ». Or, dans ce cours apparaissent de nouvelles formules : la philosophie, qui n'a pas d'objet (comme une science a un objet), a des enjeux, la philosophie ne produit pas des connaissances, mais énonce des Thèses, etc. Les Thèses ouvrent la voie à la position juste des problèmes de la pratique scientifique et de la pratique politique, etc. Formules encore schématiques, qui exigent un long travail pour les préciser et les compléter. Mais du moins indiquent-elles un ordre de recherche, dont on trouvera la trace dans des ouvrages ultérieurs. Le 14 mai 1974.
Au printemps 72, le philosophe communiste anglais, John Lewis, consacre, dans la revue du Parti communiste britannique, Marxism Today, deux articles au « Cas Althusser ». Diagnostic : « dogmatisme aigu ». Pronostic : « le malade n'ira pas loin ». Le point d'attaque est l'humanisme. Pour John Lewis, pas de problème : la philosophie marxiste est humaniste. « C'est l'homme qui fait l'histoire ». L'homme fait l'histoire en « transcendant » l'histoire. « L'homme ne connaît que ce qu'il fait ». « La thèse d'Althusser sur la coupure épistémologique » est une « pure invention ». Marx a toujours été, du début à la fin, humaniste et hégélien. Croyant à l'Homme, à l'Aliénation, et à la Négation de la Négation (= transcendance). J'ai répondu à John Lewis dans un article publié par Marxism Today à l'automne 72. Voici la version française du texte anglais, corrigé, et sur certains points développé, - et une longue note politique, trop étendue pour figurer alors dans l'article. À l'idéalisme de John Lewis, j'oppose les thèses matérialistes du marxisme-léninisme sur l'histoire, la lutte des classes, et la philosophie. J'en tire des conclusions théoriques. À propos de la « coupure épistémologique », je maintiens ma thèse, mais je reprends mon « autocritique » de 67 : ma déviation théoriciste m'a bel et bien engagé, en 1963-65, dans une conception erronnée de la philosophie. J'en tire les premières conséquences : sur l'histoire de la pensée de Marx. Mais surtout, je pose la question : pourquoi ce débat sur l'humanisme ? pourquoi cette vague d'idéologie bourgeoise dans le marxisme ? Là où John Lewis se tait, je parle de politique. D'abord : le XXe Congrès, son explication pseudo-marxiste des « violations de la légalité socialiste » par le « culte de la personnalité ». Les résultats. Mais il faut remonter au-delà du XXe Congrès : à la longue lutte du Mouvement ouvrier pour rompre avec l'idéologie bourgeoise et occuper des positions prolétariennes. Or, le coeur de l'idéologie bourgeoise, c'est le couple économisme-humanisme. L'humanisme, quand il n'est pas un simple discours généreux, mais un système cohérent et durable, a toujours un envers : l'économisme. Même dans le Mouvement ouvrier. La preuve : la IIe Internationale. La lutte ne fait que continuer. Louis Althusser
Ce petit volume contient deux essais inédits. Le premier date de juin 1972. Il devait figurer dans la Réponse à John Lewis, en étendant largement les éléments d'autocritique qui y figurent et qui, on s'en souvient peut être, se limitent à une rectification de la définition de la philosophie. Mais j'ai dû renoncer à l'inscrire dans ce texte, pour ne pas excéder les limites d'un simple article de revue d'une part, et pour conserver son unité au texte que j'ai publié en français d'autre part. On trouvera, pour la première fois dans cet essai, un examen critique des positions de Pour Marx et de Lire le Capital que, un an après la parution de ces ouvrages, dans la préface à l'édition italienne de Lire le Capital, je déclarais affectés d'une "tendance théoriciste". J'ai cru pouvoir joindre à ces Éléments d'autocritique, en annexe, un essai antérieur (juillet 70) qui, traitant de l'évolution du jeune Marx, indiquait dans quel sens je m'orientais alors.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Louis Althusser fut, en tout état de cause, un éminent lecteur, acharné, perspicace et soucieux de tirer au clair sa pratique. On s'en convaincra aisément sur la foi de cette lecture exemplaire qu'il fit autour du chapitre I, VI du Contrat Social, extraite d'un cours qu'il professa en 1965-1966 et publiée en 1967 dans le N°8 des Cahiers pour l'analyse. Mais cette pratique, chez lui, ne laisse pas d'être double : elle s'efforce, d'un côté, de renouer, nonobstant la «solitude» à laquelle est vouée toute pensée qui touche un tant soit peu au réel, avec «des hommes qui ont tenté le plus grand effort de lucidité qui soit», de l'autre, considérant la philosophie comme un «champ de bataille», elle entend mener la lutte sur ce terrain et débusquer les fauteurs d'illusions, sans ménager polémique ni sarcasme.
"Frémeaux & Associés présente les voix des 20 plus grands philosophes français qui embrassent tous les courants de pensée du XXe siècle ; l'existentialisme, la psychanalyse, le marxisme, la religion, l'épistémologie et la morale. Chaque intervention du philosophe est précédée d'un commentaire sur sa vie, son oeuvre et sa pensée. Frédéric Worms a écrit pour « Les Études Philosophiques » (PUF) que cette somme d'enregistrements constituait « La contribution majeure des archives sonores au patrimoine intellectuel français » et le philosophe rajoute que les disques de cette anthologie devraient se trouver dans la bibliothèque de tout lecteur de la philosophie du XXème siècle en France. (...) et de souhaiter que « les médias, loin de la nier, se concilient ainsi la parole pensante, à travers les individus et les oeuvres ! De cela aussi on a, dans ce disques, une remarquable anthologie. » Cet ouvrage est la version commentée officielle de l'anthologie sonore de la pensée française."
Patrick Frémeaux
Avec les interventions de Louis Althusser, Raymond Aron, Gaston Bachelard, Henri Bergson, Georges Canguilhem, Michel de Certeau, François Châtelet, Henri Corbin, Gilles Deleuze, Jean-Toussaint Desanti, Michel Foucault, Étienne Gilson, Vladimir Jankélévitch, Alexandre Koyré, Emmanuel Levinas, Jean-François Lyotard, Gabriel Marcel, Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre.
"Une initiative remarquable." La Croix
"L'auditeur n'en revient pas d'avoir accès à ce florilège de pensée en mouvement, sans minimiser l'émotion de la voix. Une aventure exceptionnelle." V. Marin La Meslée, Magazine littéraire
"Un témoignage unique." La Classe