La morale s'est presque toujours référée à l'idée d'obligation, de sanction et de modèle. Penseur critique de l'évolution, Guyau propose de repenser la morale à l'aune de l'exigence vitale, et estime que, bien comprise, la puissance anomique de la vie engendre une diversité des formes de l'obligation. Croisant et éprouvant les traditions morales plusieurs fois millénaires, l'auteur de l'Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction tente de montrer qu'une morale est encore possible à l'heure de la « mort de Dieu » et de la sélection naturelle. Mais il faut pour cela reconsidérer l'évolutionnisme et l'élargir pour inclure ce qu'il semblait d'abord nier : la fécondité. Récusant tout réductionnisme, Guyau est le précurseur d'une complexité éthique que notre époque redécouvre, et ambitionne une éducation destinée à cultiver harmonieusement toutes les formes de la fécondité. L'éthique de l'avenir, s'il en est, sera résolument plurielle et sans modèle.
Plus de trente-cinq ans après la fin de la guerre d'Algérie, la population franco-musulmane rapatriée ne peut être considérée comme une communauté. Laurent Muller présente la biographie d'une vingtaine d'enfants harkis, puis décrit la population au regard de son rapport complexe avec son passé, évoque les ouvrages ayant contribués à la longue et difficile réhabilitation de ces anciens supplétifs de l'armée française et s'interroge enfin sur l'identité problématique de leurs enfants.
Que se passe-t-il lorsqu'un individu, ayant élaboré sa personnalité dans un pays et une culture donnés, est amené à quitter ceux-ci pour aller vivre au sein d'un pays associé à une autre culture ? Qu'arrive-t-il à des personnes issues de l'immigration qui se trouvent soudain, ou demeurent depuis de longues années, entre ici et là-bas, entre sphère privé et sphère publique, entre deux langues et deux cultures ? Cet ouvrage s'intéresse aux phénomènes de transition : sociales, culturelles, politiques.