La biodiversité est née dans l'océan ancestral il y a 3850 millions d'années, quand les premières cellules se sont clonées par scissiparité. La vie s'est ensuite diversifiée dans l'océan durant des milliards et des centaines de millions d'années, et se sont alors produits des événements essentiels pour le vivant : l'émergence de la cellule eucaryote, la capture de bactéries qui deviendront les organites par symbiose, la pluricellularité, enfin le développement de la sexualité. Bien plus qu'un inventaire d'espèces élaboré depuis plusieurs siècles, la biodiversité est l'ensemble des relations établies entre les êtres vivants et leur environnement. Elle est actuellement très menacée par la destruction et la contamination des milieux naturels, la surexploitation des ressources naturelles, l'introduction anarchique d'espèces et le réchauffement climatique. Nous ne faisons aujourd'hui que prolonger et accélérer ce mouvement, amplifié par la démographie et l'idée délétère d'asservissement de la nature. Alors qu'aujourd'hui l'humanité vit majoritairement dans les cités, il devient impératif d'enrayer cette érosion de la diversité biologique : c'est l'objectif que s'étaient fixé les Nations unies pour 2010 à Johannesburg en 2002, échéance désormais reportée à 2020. Saurons-nous pleinement justifier, enfin mériter au cours de ce XXIe siècle, ce terme sapiens que nous nous sommes nous-mêmes attribué ?
Deux ans après la parution de L'homme peut-il s'adapter à lui-même ?, ses auteurs et d'autres scientifiques, tous connus dans leur domaine, se réunissent à nouveau. Un grand nombre d'entre eux acceptent de participer à ce nouvel ouvrage. Malgré les alertes et quelques améliorations, ils savent que le constat reste alarmant. Le vivant lui-même nous l'indique.
Partout, les dates de récolte avancent ; partout, les aires de répartition d'espèces marines et continentales sont spectaculairement modifiées. Les effets du changement climatique se superposent aux dégradations directes de l'environnement, et ceci pour toutes les espèces vivantes, y compris l'espèce humaine.
Allons-nous être capables de réagir à temps ? Qu'attendons-nous ? Que nous faut-il pour enfin accepter de changer ? Car pour s'adapter, ne faut-il pas, d'abord, accepter de changer ? Ces questions sont désormais centrales dans l'évolution géopolitique des sociétés humaines car déjà, du changement climatique se déclinent de nombreux conflits et souffrances, car il n'y aura pas d'agriculture durable sans respect des données écologiques et pas de santé durable autrement basée que sur l'écologie. Il nous faut trouver, de toute urgence, un nouveau système économique, beaucoup plus soutenable, ne consistant pas à gagner de l'argent en détruisant la nature ou en la surexploitant. Il nous faut aussi trouver un nouveau système social, beaucoup plus partageur, non centré sur une mince couche de la population !
« Il y a toujours eu de l'improbable dans l'histoire humaine, le futur n'est jamais joué... ». Edgard Morin, cité dès l'introduction de cet ouvrage, donne le ton. Chacun dans leur domaine, les scientifiques nous livrent ce que pourraient être les conditions d'une réelle métamorphose : celle qui nous permettrait d'accepter nos limites dans la diversité d'une planète dont nous ne sommes qu'un des éléments et d'acquérir une véritable conscience humanitaire planétaire !
L'ouvrage s'adresse à un large public, familier des sciences ou intéressé. Les enjeux qu'il aborde concernent également les décideurs et au-delà, tout citoyen conscient des priorités à venir.
L'espèce humaine va-t-elle pouvoir s'adapter aux changements qu'elle a elle-même suscités ? En a-t-elle encore les moyens physiologiques et biologiques ? Est-il encore temps ? Sur quel secteur scientifique, économique ou social allons-nous pouvoir nous appuyer à l'avenir pour nous aider dans une phase où les changements du monde seront multiples ? Le monde, l'homme l'a rendu nettement plus vivable pour lui-même en y augmentant son espérance de vie, en facilitant ses accès au garde-manger, à la fontaine municipale, au médecin de famille, à la pompe à essence, au train ou à... ses redoutables e-mails. Ce faisant il a, d'un même geste, multiplié par cent sa facture énergétique comme sa production de carbone et de polluants, pillé les ressources halieutiques, érodé les terres arables, homogénéisé le vivant et, peut-être, mangé son pain blanc. Tout n'est pas joué, mais il y a bien urgence ! Les régulations qui animent le monde sont de plus en plus contraintes et l'on sait désormais que l'accumulation des savoirs (d'Internet notamment) ne donne pour autant la capacité d'agir ! Et pourtant, si l'humain touche effectivement tous ses « plafonds » (physiologiques, biologiques, environnementaux, sociaux, économiques, etc.) cette situation ne sera pas supportable. Loin de propos culpabilisants mais à partir de leurs travaux les plus récents, des scientifiques, de tout bord, tentent d'apporter des esquisses de réponses. Au-delà des idées reçues, leurs textes constituent des liens tissés, entre les sciences de la nature, les sciences fondamentales, les sciences de l'homme et de la société, pour nous dresser un bilan aussi complet que possible de la situation. Car s'il est acquis que l'activité humaine est le principal moteur de l'évolution de la planète, il convient désormais trouver des moyens pour protéger l'espèce humaine contre ses propres agissements et modérer sa soif du « toujours plus ». C'est pour répondre à cette quête que cet ouvrage a été rédigé. S'adressant un public de scientifiques de tout domaine, il peut aussi attirer l'attention des décideurs agissant en matière d'environnement et de gestion des ressources. Plus globalement, tout citoyen conscient des enjeux environnementaux, économiques et sociaux actuels y trouvera la matière pour renouveler ses réflexions.