Depuis quelques années s'intensifient les rapports entre une société de l'information et une économie de l'attention : plus l'information est abondante, plus l'attention est rare. Alors que le travail se formule comme une lutte contre l'oisiveté et impose une certaine discipline de l'attention, la consommation, quant à elle, impose précisément de capter et perturber l'attention disciplinée. Progressivement, elle se monétise et progressivement, nous nous en sentons dépossédés. Pourquoi tenons-nous au concept d'attention ? L'attention ne constitue pas simplement un nouvel objet auquel l'éthique et la philosophie politique devraient s'intéresser. Loin de se limiter à développer une éthique appliquée de l'attention, problématiser l'attention nous amène à re-questionner les champs de l'éthique et de la philosophie politique. Pour répondre à ces questions, ce livre fait le pari de la pluridisciplinarité en rassemblant des travaux de différents horizons.
Quand il s'agit de rendre compte, par-delà les calculs intéressés de l'homo oeconomicus, de la manière dont tiennent les sociétés humaines, donner et reconnaître apparaissent comme deux dimensions constitutives de l'agir social. Mais du don et de la reconnaissance, il convient aussi, avant d'en appeler à leur syncrétisme, d'en interroger les proximités et les distances, ainsi que leurs consistances respectives. Par exemple, dira-ton d'un don sans retour ou d'une reconnaissance sans réciprocité qu'ils sont encore dignes de ces noms ? Les activités de don et de reconnaissance se confrontent alors à une tierce dimension qui les taraude de l'intérieur : la domination. Cet ouvrage propose d'examiner plus précisément la façon dont se répondent et s'entremêlent les trois modèles du don, de la reconnaissance et de la domination, sur des enjeux contemporains situés au croisement de plusieurs horizons théoriques (la théorie critique, l'anthropologie, la phénoménologie sociale, la psychanalyse).
À quelles conditions construire une critique sociale en prise avec de nouvelles vulnérabilités et micro-fractures sociales ? À partir des travaux d'Emmanuel Renault, de John Dewey et de Michel Callon, ce livre vise à cerner des conditions cognitives et normatives inhérentes à une telle critique en ce que celle-ci a à s'articuler à une déstabilisation des cadres normatifs institués, mais aussi des conditions pragmatiques qui visent à mobiliser la critique depuis les paroles et pratiques des acteurs de première ligne en cherchant à mieux cerner leurs capacités.