L'ardeur subversive de Duchamp s'est portée dès 1913 contre le langage. Il n'entreprend pas comme Tzara, Hausmann ou Schwitters de revenir aux sources mêmes du langage, aux phonèmes élémentaires sensibles à l'oreille, mais plutôt, suivant une démarche très rimbaldienne, de donner à chaque mot, à chaque lettre, une valeur sémantique arbitraire.
C'est sur le ton de la confidence et avec simplicité que Marcel Duchamp se livre à Pierre Cabanne. Il retrace sa vie, celle d'un artiste qui n'a voulu ni plaire ni choquer.
L'honnêteté de ses réponses n'exclut pas les pirouettes et les traits d'ironie. Après l'abandon de la peinture, l'auteur du ready-made s'intéresse au mouvement et à l'optique. Il a aussi cherché à «capturer le hasard» et à se détacher du pouvoir rétinien de l'oeuvre. Surtout, il n'hésite pas à avouer sa «paresse énorme», bien qu'il soit un touche-à-tout et un bricoleur sans égal. Ce témoignage authentique, parfois déconcertant, sur cette «vie de garçon de café» permet de pénétrer l'oeuvre mais aussi ses dessous. Car les amitiés et relations amoureuses sont loin d'être innocentes pour comprendre ce Grand Perturbateur.
" certaines oeuvres sont indissociables de leur cheminement, des traces devenues illisibles qui les ont précédées.
Pensées, amorces visuelles, travaux d'essai, ils peuvent être multiples mais quelquefois une seule expression suffit à les réunir ou à les appréhender [. ]. " pontus hutten.
Marcel Duchamp est né à Blainville-Crevon le 28 juillet 1887, et mort à Neuilly-sur-Seine le 2 octobre 1968.
« Je crois que l'art est la seule forme d'activité par laquelle l'homme en tant que tel se manifeste comme véritable in- dividu. Par elle seule il peut dépasser le stade animal parce que l'art est un débouché sur des régions où ne dominent ni le temps ni l'espace. »
The Blind Man était un magazine clé du début du XXe siècle, issu d'un riche réseau de salons et de publications proto-dada, modernistes et d'avant-garde new-yorkais, publié aux États-Unis. Produit par Marcel Duchamp, Béatrice Wood et Henri-Pierre Roché, seuls deux numéros de Blind Man ont paru, mais ils constituent un who's who des avant-gardes new-yorkaise et parisienne: Mina Loy, Walter Conrad Arensberg, Francis Picabia, Gabrielle Buffet, Allen Norton, Clara Tice, Alfred Stieglitz, Charles Demuth, Charles Duncan, Erik Satie, Carl Van Vechten et Louise Norton ont tous figuré dans ses pages.
La Boîte-en-valise, qui contient « l'oeuvre à peu près complète de Marcel Duchamp entre 1910 et 1937 » a été présentée pour la première fois à New York en 1942. Il en existe sept versions : boîte avec ou sans valise, gainées de cuir ou de toile et contenant 68, 69 ou 80 oeuvres reproduites, selon l'édition. Ces dernières ont été tour à tour collectées ou soigneusement reproduites entre 1935 et 1940. Complètement ouvertes et déployées, c'est le Grand Verre (La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, 1915-1923) qui domine la découverte progressive des autres oeuvres reproduites. La boîte donne ainsi des clefs de lecture, visuelles et conceptuelles, à la presque totalité de l'oeuvre de Marcel Duchamp, qui considérait ses travaux comme des gestes partiels formant un tout.
Synthèse de l'univers de l'artiste, la Boîte-en-valise est non seulement un exemple étonnant de cabinet de curiosités enfin exhaustivement déployé et documenté, mais aussi une pièce majeure des collections du musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg et un jalon incontournable de l'histoire de l'art.
Deux textes phares pour comprendre l'oeuvre de Duchamp, dans des éditions revues et augmentées. Le premier fut élaboré en 1958 à partir de l'ouvrage«Marchand de sel»par Duchamp lui-même et M. Sanouillet qui l'enrichit ici d'une nouvelle introduction. Le second reprend les notes laissées par l'artiste et retrouvées par P. Matisse après la mort de leur auteur.